On n’en aura jamais assez de José Van Dam. Même un admirateur de longue date possédant toutes les intégrales dont sont tirés les extraits réunis dans ces dix disques (neuf plutôt, le dixième étant un « bonus ») retrouvera avec bonheur la sélection qui en est faite. On n’aura jamais assez des leçons de José Van Dam, et l’on devrait avoir garde de les oublier : ce coffret des 75 ans (déjà ? il en paraît cinquante) nous le rappelle. Car cette (re)plongée en eaux vandamiennes est comme une ablution : elle chasse et élimine bien des interprétations et des voix auxquelles, parfois, on a eu la faiblesse de faire crédit. Ce qui s’impose avec José van Dam, c’est une sorte de pierre de touche de l’authenticité artistique. Tout ici est estampillé artisanal, fait maison, avec passion et sincérité. Et l’on se goberge non pas seulement des œuvres et du timbre, mais de cette finition parfaite, du fignolage amoureux des phrases. On fête joyeusement les retrouvailles avec certains disques qu’on avait tant écoutés qu’il nous paraissait presque superflu d’y revenir. Et pourtant : immense, le Golaud avec Karajan ; simplement parfait, le Philippe II du Châtelet ; génial, Jokanaan (en allemand et en français !) ; et l’intériorité profonde des oratorios, la simplicité mûre des mélodies…
Faut-il détailler dix disques eux-mêmes composés d’extraits fort variés ? C’est toute une carrière qui est ici passée en revue. Le disque 10 en fait état avec un narrateur tout à fait britannique et un Van Dam parlant l’anglais de Bruxelles – voilà qui n’est pas pour nous, mais ce sera peut-être pour d’autres. Certes il manque le legs important dont dispose Universal (Decca et Deutsche Grammophon), mais les œuvres rares et les interprétations les plus abouties se trouvent ici, avec les partenaires les plus éminents – Plasson, Karajan, certes, mais aussi Nagano, fulgurant dans les Jedermann d’anthologie, et Pappano, Gardiner, Collard, Muti, Diederich, Leppard, Lombard, Cambreling, Foster, Barenboim, Baldwin…
Oh certes, on peut préférer le Parsifal de Karajan à celui de Barenboim, on aurait pu désirer un extrait des Noces de Figaro, des Meistersinger (avec Solti), de la Femme sans ombre (avec Solti aussi)… mais quoi : EMI, Erato et Teldec ont saisi le chanteur à son plus somptueux et à son plus fructueux.
Au cœur du cœur, je placerais – merveille de cohérence –, le disque 3, consacré à la figure de Don Quichotte, avec Massenet, Ibert, Ravel. En un sens, tout Van Dam est là, souverain, profond, blessé parfois, humain en somme.