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KREUTZER, Der Taucher

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CD
24 mars 2025
Avant le Freischütz, le premier opéra romantique ?

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Conradin Kreutzer
Der Taucher [le plongeur]
Opéra romantique en deux actes, op. 50
Livret [en vers] de Samuel Gottlieb Bürde, d’après Schiller
Création à Stuttgart, Hofftheater, le 19 avril 1813

Détails

Alphonsine
Sarah Wegener, soprano

Ivo
Philipp Mathmann, sopraniste

Antonio
Daniel Schmid, ténor

Lorenzo
Johannes Hill, baryton

Alphonso
Pascal Zurek, baryton

Récitante
Barbara Stoll

 

Kammerchor Stuttgart

Hofkapelle Stuttgart

 

Direction musicale
Frieder Bernius

 

1 CD Carus 83.536, de 64′, enregistré en mai 2023, à la Bürgerhaus de Backnang (Bade-Wurtemberg)

 

Aîné de peu de Weber, Conradin Kreutzer n’est plus guère connu qu’à travers son opéra Der Nachtlager in Granada, confiné au monde germanique. Der Taucher, neuvième d’une abondante production lyrique (plus de 40 ouvrages), méritait pleinement que Frieder Bernius le sorte de l’oubli.

Schiller écrit sa ballade en 1797, dont le sujet légendaire faisait partie du patrimoine. Schubert l’illustra dans deux versions consécutives (1). Mais, auparavant, sans que ce dernier en ait eu connaissance, Kreutzer donnait son ouvrage à Stuttgart, au Théâtre de la Cour. Le livret ne retient de Schiller que le plongeon, et son enjeu. Le page du poète, est devenu dans l’opéra un jeune campagnard, Ivo, fils d’un ermite (Alphonso), qui n’est autre que le frère du duc de Messine (Laurent). Celui-ci le croit mort après qu’il ait usurpé le trône, il y a vingt ans. Or la fille du duc, Alphonsine, a fui un mariage forcé avec le duc de Calabre (Antonio). Ivo l’a recueillie et la rend à son père. Ce dernier, reconnaissant, fait du garçon un chevalier. Alphonso, déguisé en moine, se rend à la cour et donne à Lorenzo l’espoir que son frère est encore en vie. Alors qu’Ivo était sur le point d’être anobli à la fin de sa formation, il ose demander la main d’Alphonsine. Dans un accès de rage, Lorenzo jette une coupe en or du haut de la falaise. Ivo saute et plonge. Alphonse dégaine alors son épée pour venger la mort de son fils. Mais Ivo revient avec la coupe et remporte la main d’Alphonsine. La fée Morgane, protectrice d’Ivo, justifie la dimension surnaturelle de l’ouvrage. Une intrigue qui atteste la redécouverte de Shakespeare.

La belle écriture orchestrale n’a rien à envier à celle des ouvrages contemporains. Kreutzer connaissait Cherubini, Spontini (rencontré à Paris) et Beethoven. Dès l’introduction de l’ouverture (allegro maestoso), la puissance dramatique est bien là. L’allegro – très beethovenien – dense, animé, nous emporte. Il en ira de même du finale, grandiose. Bien avant le Freischütz (1821), le chœur des chasseurs (« Verglüht sind schon die Sterne ») nous introduit dans l’univers romantique, avec ses intrigues aux racines légendaires. Ces deux premières pages, à elles seules, justifieraient la découverte de l’ouvrage. Ce dernier reste cependant modeste quant aux solistes : seuls deux, tous deux sopranes, méritent pleinement l’appellation, Alphonsine et Ivo, que la fin heureuse réunira. Les autres protagonistes ne participent qu’au finale du second acte. Le mélodrame est alors d’usage courant. Une récitante intervient lors du songe d’Ivo : la fée Mélusine lui révèle l’identité d’Alphonsine, éprouvée dans sa fuite, qui a succombé au sommeil. Elle réapparaîtra au finale, entourée des Tritons et des Génies, pour présenter la couronne qu’elle offre à son protégé. Le chœur est fréquemment sollicité. Outre les chasseurs, il rassemble les marins, les pêcheurs, la foule. Si la fraîcheur et l’émotion gouvernent le premier acte (particulièrement la cavatine d’Alphonsine, qui adopte un tour populaire, avec une clarinette solo qui s’en donne à cœur joie) le drame culmine au second, avec le défi auquel répond Ivo. L’orchestre, vigoureux, ductile et coloré traduit fort bien les péripéties avant le joyeux finale et ses fanfares.

Sarah Wegener chante Alphonsine. La voix est fraîche, juvénile, et se joue de toutes les difficultés. Son premier air (« Die Sonne steigt empor ») caractérise à souhait ce personnage attachant. Opportunément, c’est à un sopraniste remarquable (Philipp Mathmann) qu’est confié le rôle de Ivo, l’adolescent. Son timbre singulier s’accorde parfaitement au rôle, et les qualités d’émission sont au rendez-vous. Ardeur, vaillance, sensibilité sont bien présentes dès son premier récitatif, dont on apprécie également la qualité du texte (2) et de la diction. La seule réserve a trait au mélodrame : la prise de son privilégie tant la récitante, toujours intelligible, que l’écriture orchestrale apparaît amenuisée, alors que sa qualité anticipe celle que Mendelssohn offre au Songe d’une nuit d’été.

Les douze numéros du livret sont reproduits dans la brochure, en allemand seulement (les textes de présentation y figurent aussi en anglais).

(1) D.77 en 1814, et D.111 l’année suivante. Ce grand récit est le plus long texte que Schubert mit en musique. 
(2) Le premier romantisme est bien là : « Im Thale, auf der Berge Höhen / Liegt dichter Morgennebel noch. Mein Blick / Schaut in die Ferne – Fruchtlos Spähen ! [....] / Mein Paradies war diese Stelle./ Der Wald, der Fluss, die Silberquelle,/ Du herrliche Natur ! Ich preise dich ; » / 
« Dans la vallée, sur les hauteurs des montagnes / Il y a encore un épais brouillard matinal. Mon regard / Scrute le lointain – observation infructueuse ! [...] /Cet endroit était mon paradis./ La forêt, la rivière, la source argentée, /Quelle merveilleuse nature ! Je te loue ; »

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Conradin Kreutzer
Der Taucher [le plongeur]
Opéra romantique en deux actes, op. 50
Livret [en vers] de Samuel Gottlieb Bürde, d’après Schiller
Création à Stuttgart, Hofftheater, le 19 avril 1813

Détails

Alphonsine
Sarah Wegener, soprano

Ivo
Philipp Mathmann, sopraniste

Antonio
Daniel Schmid, ténor

Lorenzo
Johannes Hill, baryton

Alphonso
Pascal Zurek, baryton

Récitante
Barbara Stoll

 

Kammerchor Stuttgart

Hofkapelle Stuttgart

 

Direction musicale
Frieder Bernius

 

1 CD Carus 83.536, de 64′, enregistré en mai 2023, à la Bürgerhaus de Backnang (Bade-Wurtemberg)

 

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