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La Comédie humaine – Chansons balzaciennes

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CD
19 novembre 2024
Splendeurs et misères des chansonniers

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Chansons de Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers, Pierre Dupont, Émile Debraux, Daniel-François-Esprit Auber, Pierre-Jean de Béranger et Jean-Anthelme Brillat-Savarin

Mezzo-soprano
Lucile Richardot

Ténor
Cyrille Dubois

Baryton
Arnaud Marzorati

Basse
Jérôme Varnier

Ensemble Les Lunaisiens

Direction artistique
Arnaud Marzorati

1 CD et un livret – Alpha

 

Le baryton Arnaud Marzorati et l’ensemble les Lunaisiens explorent depuis plusieurs années déjà le vaste répertoire endormi de la chanson française. Après un disque consacré aux chansons de la rue, l’ensemble s’est intéressé cette fois à la production des chansonniers français de la toute fin du XVIIIe siècle et du premier XIXe siècle, de l’Empire à la Deuxième République. Le grand Béranger y côtoie ses camarades Désaugiers et Debraux ; mais on croise aussi Auber, le bagnard Vidocq et même le cuisinier Brillat-Savarin.

Si l’on a été attiré par la tête de Balzac et la promesse du titre, on sera surpris – mais pas forcément déçu. Au-delà d’un coloris balzacien, on chercherait en vain l’ami Honoré dans ce disque. Le petit texte instructif du chercheur Romain Benini placé en tête du livret ne parvient pas à donner le change : hormis un siècle, ces chansons n’ont pas grand-chose en commun avec La Comédie humaine. Ce patronage a l’avantage néanmoins de rappeler que la chanson occupe une place intermédiaire entre culture populaire et culture académique. Vrai média pour les masses illettrées, elle est un miroir de la société d’alors et une mine d’or pour qui veut capter l’esprit du temps. Avec ou sans Balzac, ce disque présente dès lors un intérêt évident pour tous les férus d’histoire musicale et littéraire, d’autant qu’il est servi par une équipe artistique particulièrement engagée.

Les chansons ont été ordonnées avec soin, pour pallier l’arbitraire de la nécessaire sélection dans un demi-siècle de chansons : deux « Tableaux de Paris » de Désaugiers encadrent l’ensemble, « Cinq heures du matin » et « Cinq heures du soir ». Sans aller jusqu’à composer une narration, la suite des chansons nous entraîne ainsi dans une balade pittoresque où grouille un microcosme foisonnant. Les textes des chansons sont souvent riches et émaillés de références et de mots d’argot qui rendent nécessaire la lecture du livret en même temps que l’écoute du disque. On croise de tout dans cette traversée de Paris : chanson amoureuse, mélancolique, politique, satirique, un conte faustien, un truculent hommage aux chapeaux ou aux relieurs, etc. L’ensemble ainsi composé est fort réjouissant et tout à fait édifiant. On y retrouve un art de conter qui n’a sa pareille que chez les meilleurs fabulistes et qui impose aux chanteurs de se faire acteurs et même diseurs. Sans cela, ces textes parfois longs et répétitifs (puisque majoritairement fondés sur un refrain) peuvent être monotones – un écueil évité dans ce disque, à une ou deux exceptions près.

Tantôt en solo, tantôt à trois ou à quatre, les chanteurs se passent le relais tout au long du disque, chacun ayant sa manière de concilier technique et verve, tous affichant une diction très soignée. Ils donnent de leur personne pour incarner les textes, Arnaud Marzorati en tête. Le baryton n’hésite pas à surjouer la gouaille des « Chapeaux » d’Émile Debraux ou de la « Chanson » de Vidocq et en fait des morceaux de bravoure tout à fait jouissifs. La voix souple et douce de Cyrille Dubois s’autorise parfois des ornementations virtuoses et des grands aigus tout en servant une caractérisation efficace, renforcée par une attention au texte qui est la marque du ténor. Même si on ne peut s’empêcher de penser que les interprètes premiers de ces chansons n’étaient probablement pas en mesure d’accrocher les contre-uts, on ne peut pas bouder son plaisir. La mezzo Lucile Richardot est celle qui ressort le plus de ce disque. Seule femme entourée de trois hommes, elle chante cinq chansons en solo et se démarque par un style déclamatoire parfaitement maîtrisé, qui ne néglige ni le legato ni la diction. Elle nous régale dans le style grivois de « Ma Grand-Mère » de Béranger et incarne avec brio les personnages de la chanson « Amours et Folie » d’Auber. Jérôme Varnier enfin est une basse sonore et pleine de nuances, qui se risque à un grave impressionnant à la fin du dialogue philosophique « Le Corps et l’Âme » de Béranger.

Les orchestrations retenues ajoutent beaucoup au plaisir de l’auditeur. Les cinq instrumentistes (Christian Laborie, Christophe Tellart, Patrick Wibart, Étienne Galletier et Daniel Isoir) sont mis à contribution pour camper les atmosphères et briser la monotonie. En plus de la guitare, du piano et de la clarinette, on entendra ainsi avec plaisir le son nasillard et gai de l’ophicléide et du serpent, et la touchante rengaine de la vielle à roue.

Les amateurs de pittoresque seront ravis et les curieux se laisseront charmer par l’art collectif de composer des atmosphères, de la mélancolie au charivari, sur des textes malins et parfois malicieux qui méritent notre attention. Attention cependant : les rengaines efficaces rentrent vite dans la tête !

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Chansons de Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers, Pierre Dupont, Émile Debraux, Daniel-François-Esprit Auber, Pierre-Jean de Béranger et Jean-Anthelme Brillat-Savarin

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Lucile Richardot

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Arnaud Marzorati

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1 CD et un livret – Alpha

 

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