De publications en nouvelles éditions, L’Avant-Scène Opéra poursuit son infatigable exploration du répertoire, en étroite concordance avec l’actualité de nos scènes lyriques. Ainsi, en prévision de la prochaine production des Troyens à l’Opéra national de Paris, le numéro consacré au chef d’œuvre de Berlioz fait l’objet d’un lifting centro-facial. Comme à chaque fois, la comparaison avec l’édition précédente, datée ici de 1990, s’apparente au jeu des 7 erreurs. Outre la présentation, l’iconographie, la mise à jour des vidéographie, bibliographie et discographie (désormais dominée par la récente version Erato dirigée par John Nelson), trois nouveaux articles – de Cécile Reynaud, Jean-Christophe Branger et Léonard Ganvert – se substituent à quelques anciens, pas forcément indispensables.
Demeure l’essentiel : le « Guide d’écoute » par Gérard Condé, où ce grand spécialiste de la musique française démêle l’écheveau des Troyens, de la genèse de l’opéra à la partition scrutée numéro par numéro et replacée dans son contexte historique, dramatique ou musical. La conclusion en revient à Berlioz avec cette phrase empruntée à sa critique de La Fille invisible de Boïeldieu dans le Journal des débats du 2 mars 1854 : « Il y avait de la musique là dedans ».
L’œuvre à l’affiche, enfin, n’a pas été reprise mais complétée. Les années antérieures à 1990 sont cependant mises à disposition en ligne gratuitement. Bref, on n’a pas perdu au change et, à la recherche vitale d’espace – fréquente dans les appartements parisiens –, on peut aisément remplacer l’ancienne édition par la nouvelle. En cas d’étagères pleines à craquer, reste la version dématérialisée – curieusement au même prix que la version papier (28€).
La véritable nouveauté est ailleurs. Si ce numéro des Troyens marque un jalon dans l’histoire de l’Avant-Scène Opéra, c’est qu’il est « connecté » – comment ne pas l’être à notre époque ? Une application mobile pour tous smartphones – iOS et Android – est téléchargeable gratuitement. Flasher les pages de la revue identifiées par son logo donne accès des contenus supplémentaires. Un historique conserve les plus récents avec la possibilité de les enregistrer dans ses favoris de manière à pouvoir revenir les consulter. Pour le moment, ces contenus se limitent aux exemples musicaux du « Guide d’écoute » (extraits de l’enregistrement Philips dirigé par Colin Davis en 1969) mais on peut imaginer dans les prochaines publications une utilisation plus large. Teaser en complément de la vidéographie, écoute comparée, photos, reportages, hyperliens… : le champ des possibles reste à prospecter.