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L'univers dramatique d'Amilcare Ponchielli

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Livre
16 mars 2010
Le chaînon manquant

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2

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Détails

Walter Zidarič
L’univers dramatique d’Amilcare Ponchielli
Préface de Costantino C. M. Maeder
ISBN : 978-2-296-11170-0
L’Harmattan

En traitant d’Amilcare Ponchielli (1834-1886), Walter Zidarič, maître de conférences à l’université de Nantes, s’attache à un compositeur sur lequel il existe peu de littérature en France1 et qui, n’était Gioconda, serait totalement tombé dans l’oubli. Ponchielli fut pourtant en son temps considéré comme le successeur de Verdi et fut d’ailleurs, comme lui, sollicité en 1882 pour faire partie de la Commission permanente d’art musicale et dramatique, une instance mise en place par le gouvernement du roi Humbert 1er pour examiner toutes les questions relatives à l’enseignement musical et théâtral de la jeune Italie. Indéniable marque de reconnaissance qui couronne un parcours laborieux. Le tempérament doux d’Amilcare Ponchielli, le complexe d’infériorité que laisse deviner sa correspondance, ne l’aidèrent pas à s’imposer aisément dans la jungle lyrique de l’époque, un âge d’or de l’opéra qui voit Verdi triompher sur les plus grandes scènes de La Péninsule tandis que Meyerbeer en France, Wagner en Allemagne, exploitent ou inventent de nouvelles formes. Il reviendra pourtant au compositeur de Gioconda, à force de talent et de persévérance, d’assimiler toutes ces tendances et de tracer la voie à des successeurs plus glorieux, Giacomo Puccini en tête, formant ainsi le chainon manquant entre Verdi et la Giovane Scuola.

 

Né à Lombardie en 1834, Ponchielli partage avec Verdi un certain nombre de points communs : la région de naissance mais aussi les origines rurales, une découverte de la musique sur l’orgue de l’église du village et des études financées par un mécène. Mais là où le compositeur de Nabucco connut la renommée assez rapidement, celui de Gioconda attendit 38 années pour conquérir Milan. En décembre 1872, I promessi sposi, dont une première version fut créée à Cremone en 1856, lui apporte enfin la gloire. « Le merveilleux succès de I Promessi Sposi est une source de réjouissance pour tout le monde […] : en premier lieu pour le maestro qui s’en réjouit plus que tous les autres, après seize ans d’une attente trop longue, car on a rendu justice à son talent », s’enflamme la critique, « A partir de ces morceaux prodigieusement inspirés, composés avec l’assurance et le savoir du vrai maître, on peut imaginer ce que Ponchielli sera capable de faire lorsqu‘un bon livret lui offrira la possibilité d’écrire un opéra du premier jet, et non pas d’enchâsser le nouveau sur le vieux, comme il a été obligé de faire dans I Promessi Sposi ».

 

En toute logique, Walter Zidarič s’attarde sur cette œuvre rédemptrice dans la deuxième partie de son étude, ainsi que sur trois autres opéras de Ponchielli – I Lituani (1874), Gioconda (1876), Marion Delorme (1885) –, la première partie du livre étant occupée par une biographie du compositeur. On apprend ainsi qu’avant cette consécration milanaise, s’écoulèrent de longues années de galère avec de nombreux découragements et quelques accès d’audace comme celui précisément de mettre en musique I Promessi Sposi qui représentait alors un modèle littéraire pour le romantisme italien. Un geste que Walter Zidarič interprète comme une « position claire et forte pour un art musical national qui puisse enfin s’émanciper des sources littéraires étrangères » ainsi que « la première manifestation, très précoce, d’une tendance qui marquera la scène musicale italienne à la fin du siècle ».

 

Le choix d’un livret qui sorte de l’ordinaire préoccupa d’ailleurs Almicare Ponchielli tout au long de sa carrière. La liste des œuvres littéraires qu’il voulut mettre en musique est longue au regard du nombre d’opéra qu’effectivement il composa (une petite dizaine). Walter Zidarič, dont on nous dit que les intérêts portent sur les relations entre littérature, musique et société, s’attarde donc longuement sur cette quête incessante de livrets et sur leurs caractéristiques, au détriment parfois de l’aspect purement musicologique des opéras qu’il analyse. N’en demeurent pas moins d’intéressantes considérations, par exemple sur le profil vocal de Gioconda ou de Marion Delorme, entre lyrisme et dramatisme, qui annonce les héroïnes de l’opéra vériste, ou sur la façon dont « Cielo e mar » dessine un héros de type nouveau différent de ses homologues verdiens. On entrevoit ainsi la manière dont Ponchielli forme le lien entre son aîné et ses cadets. Enseignement qui pour être plus évident et constituer une référence absolue aurait sans doute demandé un traitement moins universitaire.

 

Christophe Rizoud

 

1 La bibliographie en fin de volume n’en recense aucun mais elle oublie, pour le moins, le numéro 232 de l’Avant-Scène Opéra sur Gioconda.

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L’univers dramatique d’Amilcare Ponchielli
Préface de Costantino C. M. Maeder
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