L’opéra, soit on est tombé dans la marmite enfant, seul, poussé par un inexplicable instinct, ou contaminé par un membre de sa famille ; soit la découverte, plus tardive, demande d’être accompagnée. Comme pour l’apprentissage des langues, passé un certain âge, il devient difficile d’apprendre par soi-même. Un ami connaisseur, fait alors office de cicérone ou, à défaut, un livre. Mais peu d’ouvrages sont à même de remplir cet office pédagogique car, face à un art que cent volumes ne suffiraient à embrasser, les livres s’avèrent trop savants, trop théoriques, trop complets ou au contraire trop succincts, trop partiels et trop partiaux (rayer, selon les cas, la ou les mentions inutiles).
Pour répondre à la nécessité d’un guide capable de donner en un minimum de pages les principales clés d’un genre complexe, l’Avant-Scène Opéra confiait en 2000 à Alain Perroux, critique musical et depuis une poignée d’année conseiller artistique au Festival d’Aix-en-Provence, l’écriture d’un mode d’emploi. Bingo ! Quinze ans après, ce manuel à l’usage des néophytes – mais pas seulement – connaît sa cinquième édition. Pour l’occasion l’ouvrage a été entièrement actualisé tout en gardant sa structure initiale en quatre parties, un premier chapitre sur l’histoire de l’opéra, un deuxième sur les œuvres, un troisième sur les artisans du genre et un dernier, pratique avec notamment des conseils pour « y aller sans se ruiner ».
Trente deux pages s’ajoutent à la version originale avec plus d’informations et surtout une iconographie en couleurs proposant des images de productions récentes (c’est par exemple Jonas Kaufmann et Kate Aldrich dans Carmen cet été à Orange qui illustrent la couverture). Le ton reste simple, abordable, amical voire malicieux lorsqu’il s’autorise des titres facétieux qui n’ont d’autres intentions que d’alléger un propos vite docte si l’on n’y prenait garde (« Le bon grain du livret », « Ne tirez pas sur le metteur en scène »…). Pour autant, tout est dit, ou presque, qu’il s’agisse de raconter « quatre siècles en dix minutes », de détailler les différentes formes d’opéra existant – buffa, seria, vénitien, romantique, wagnérien… –, de passer en revue les piliers du répertoire – auxquels en toute subjectivité, Alain Perroux a ajouté quelques raretés (Vivaldi passe à la trappe mais il y a Le roi Arthus et La Gioconda), de se pencher sur l’art du chant, de présenter brièvement les grands chanteurs d’hier ou d’aujourd’hui, les spectacles inoubliables (vingt-et-un au total, de La traviata par Visconti en 1955 à Milan à Alcina selon Christof Loy en 2014 à Zurich en passant par Written on skin en 2012, Aix oblige), les enregistrements historiques, les DVD incontournables ou les grandes maisons d’opéra et festivals du monde entier.
Puis comment ne pas souscrire à un ouvrage qui, dans les sites Internet recommandés, place en pole position www.forumopera.com, assorti de cette définition que l’on ne peut résister au plaisir de reproduire intégralement : « Magazine très bien renseigné et souvent impertinent. On y trouve des interviews, dossiers, critiques de spectacles, de livres et de CD, et surtout les éditoriaux forts en gueule et en style de Sylvain Fort ».
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