Forum Opéra

Tragédiennes III

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
10 octobre 2011
Mais pour qui se prend-elle ?

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Les Héroïnes romantiques
Tragédiennes 3

Véronique Gens
soprano

Etienne-Nicolas Méhul
« Quelle fureur barbare… Mais, que dis-je ? … Ô des amants le plus fidèle » (Ariodant, 1799)
Rodolphe Kreutzer
« Ah, ces perfides Grecs… Dieux, à qui recourir » (Astyanax, 1801)
Antonio Salieri
Ouverture (Les Danaïdes, 1784)
Christoph Willibald Gluck
« Non, cet affreux devoir… Je t’implore et je tremble » (Iphigénie en Tauride, 1779)
François-Joseph Gossec
« Ah ! faut-il me venger… Ma rivale triomphe » (Thésée, 1782)
Giacomo Meyerbeer
« Ah, mon fils » (Le Prophète, 1849)
Auguste Mermet
« Prête à te fuir… Le soir, pensive » (Roland à Roncevaux, 1864)
Hector Berlioz
Entrée des constructeurs – Entrée des matelots – Entrée des laboureurs
« Ah ! Ah ! Je vais mourir… Adieu, fière cité » (Les Troyens, 1858)
Camille Saint-Saëns
« Ô cruel souvenir ! » (Henry VIII, 1883)
Jules Massenet
« C’est Jean ! … Ne me refuse pas » (Hérodiade, 1881)
Giuseppe Verdi
« Toi qui sus le néant des grandeurs de ce monde » (Don Carlos, 1867)

Les Talens Lyriques
Direction musicale
Christophe Rousset

Enregistré à l’IRCAM, 30 juin – 5 juillet 2011

1 CD Virgin67’49

 

Gens-Rousset, le retour. Après un premier Tragédiennes en 2006, dont rien ne laissait prévoir qu’il aurait une suite, la soprano avait récidivé en 2009, élargissant son répertoire pour atteindre les dernières années du règne de Louis XVI, en osant même une incursion dix-neuviémiste avec la cantate Herminie, d’Arriaga (1825), et le « Malheureux roi » de la Cassandre des Troyens. On retrouve ici le chef-d’œuvre de Berlioz, mais cette fois versant « Troyens à Carthage », puisque c’est l’ineffable « Adieu, fière cité » que Véronique Gens interprète. De fait, Tragédiennes 3 est largement ancré dans la deuxième moitié du XIXe siècle, période où on l’attend beaucoup moins.

 

Déjà, avec Tragédiennes 2, Véronique Gens nous réservait une surprise : de la Médée de Cherubini, elle n’avait pas retenu l’un des airs de l’héroïne, mais « Nos peines seront communes », de Néris. Et voilà qu’elle chante à présent l’air de Fidès, du Prophète, et « Ne me refuse pas » d’Hérodiade ! Mais pour qui se prend-elle ? Pour Pauline Viardot ? Pour Marilyn Horne ? Pour la regrettée Denise Scharley, inoubliable dans Massenet ? Quelle est donc l’identité vocale de Mademoiselle Gens ? Falcon dans Don Carlos – certes, on l’a dit souvent, le rôle d’Elisabeth exige paradoxalement plus de graves que celui d’Eboli, mais quand même –, elle se métamorphose carrément en contralto pour Meyerbeer !

 

Quel culot, dira-t-on. Pourtant, ce genre de témérité n’est-il pas ce qui tire le monde lyrique d’une routine où il risquerait autrement de s’enliser ? Ce que fait Véronique Gens dans Le Prophète est très beau, et qu’importe, après tout, si elle n’a pas tout à fait la voix du rôle. Il n’est pas question ici d’enregistrer une intégrale, ni de chanter Fidès sur scène. Le personnage existe, pendant quelques minutes. Quant à Hérodiade, peut-elle vraiment se passer d’une authentique mezzo ? Hors du studio, et avec un orchestre plus massif que les Talens Lyriques, Véronique Gens l’oserait-elle ? Là encore, peu importe, et si cette audace salutaire peut valoir à Massenet de nouveaux admirateurs, on l’approuve, bien entendu.

 

C’est en revanche sans réserve aucune qu’on adhère à son Elisabeth de Valois. On voudrait l’entendre dans le rôle tout entier, et l’on se prend à rêver d’un retour définitif de Don Carlos dans sa version originale sur notre première scène nationale. Quelle autorité d’accent ! Ah, ces feulements dans le grave, ces envolées frémissantes dans l’aigu, cette noblesse dans la déclamation ! Dans Didon, la diction n’est peut-être pas parfaite, mais elle est plus ferme et plus naturelle que celle de toutes les titulaires étrangères de ce rôle. Christophe Rousset prend l’air d’Iphigénie à une vitesse telle que la question controversée des qualités de prononciation de la chanteuse ne peut même plus être posée : si plus d’une consonne est évacuée, la faute n’en incombe pas entièrement à Véronique Gens.

 

Et comme c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes, l’alternance voix/orchestre seul, déjà pratiquée dans Tragédiennes 1 et 2,est ici reprise, mais avec un peu moins de dix minutes de musique orchestrale, qui viennent apporter une respiration au milieu de ces passions déchaînées, encore que l’énergie furieuse de l’ouverture des Danaïdes ne constitue guère un répit (4’48 contre 6’21 dans la dernière intégrale enregistrée). Chez les Talens Lyriques, on admirera la vigueur des cuivres et la beauté des timbres, dans un répertoire dont ils sont pourtant peu familiers. 

Alors bravo, Gens et Rousset ! De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace !

 
 

 

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
tra3

Note ForumOpera.com

4

❤️❤️❤️❤️❤️ : Exceptionnel
❤️❤️❤️❤️🤍 : Supérieur aux attentes
❤️❤️❤️🤍🤍 : Conforme aux attentes
❤️❤️🤍🤍🤍 : Inférieur aux attentes
❤️🤍🤍🤍🤍 : À oublier

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Les Héroïnes romantiques
Tragédiennes 3

Véronique Gens
soprano

Etienne-Nicolas Méhul
« Quelle fureur barbare… Mais, que dis-je ? … Ô des amants le plus fidèle » (Ariodant, 1799)
Rodolphe Kreutzer
« Ah, ces perfides Grecs… Dieux, à qui recourir » (Astyanax, 1801)
Antonio Salieri
Ouverture (Les Danaïdes, 1784)
Christoph Willibald Gluck
« Non, cet affreux devoir… Je t’implore et je tremble » (Iphigénie en Tauride, 1779)
François-Joseph Gossec
« Ah ! faut-il me venger… Ma rivale triomphe » (Thésée, 1782)
Giacomo Meyerbeer
« Ah, mon fils » (Le Prophète, 1849)
Auguste Mermet
« Prête à te fuir… Le soir, pensive » (Roland à Roncevaux, 1864)
Hector Berlioz
Entrée des constructeurs – Entrée des matelots – Entrée des laboureurs
« Ah ! Ah ! Je vais mourir… Adieu, fière cité » (Les Troyens, 1858)
Camille Saint-Saëns
« Ô cruel souvenir ! » (Henry VIII, 1883)
Jules Massenet
« C’est Jean ! … Ne me refuse pas » (Hérodiade, 1881)
Giuseppe Verdi
« Toi qui sus le néant des grandeurs de ce monde » (Don Carlos, 1867)

Les Talens Lyriques
Direction musicale
Christophe Rousset

Enregistré à l’IRCAM, 30 juin – 5 juillet 2011

1 CD Virgin67’49

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

Dans les profondeurs du baroque
CDSWAG

Les dernières interviews

Les derniers dossiers

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Quand Versailles nous est prématurément conté
Livre