Composé par Mozart à l’âge de seize ans, le motet Exsultate Jubilate jouit d’une popularité confirmée par le disque. Sa brièveté – moins de 15 minutes – en fait un complément de programme idéal lorsqu’il n’est pas comme ici premier prétexte à enregistrement.
L’écriture d’une partition destinée au sopraniste Venanzio Rauzzini, le créateur de Lucio Silla, ne la met pas à la portée du premier chanteur venu. Le défi reste à la mesure de Karine Deshayes, tombée dans la marmite Rossini dès son plus jeune âge, et rompue par conséquent aux vocalises les plus périlleuses. La voix se joue de la longueur des traits et des écarts de registre dans les mouvements vifs tandis que l’andante – le tendre « Tu virginum corona » – flatte la ligne et les couleurs, à la manière d’un air amoureux – comment ne pas penser au prince Idamante dans Idomeneo.
Osera-t-on affirmer la mariée trop belle ? Si grande soit la complicité de la chanteuse avec Jérôme Correas et ses Paladins, cette démonstration de beau chant aurait voulu un orchestre plus voluptueux, doué d’une même volonté de contrastes, de la même dynamique mais taillé dans une étoffe moins rêche. A défaut, l’usage d’instruments anciens favorise une théâtralité qui trouve son entière justification dans les deux arias proposées aux côtés de la Symphonie n°17, entre autres pages instrumentales destinées à offrir un portrait de Mozart dans ses derniers feux baroques.