Si Maria Carey, avec son All I want for Christmas is you connaît invariablement un pic de fréquentations sur Youtube en période de fêtes, les albums de Noël ne fleurissent pas que dans la pop. Cette année, Placido Domingo a poussé le sens de l’à-propos jusqu’à se déguiser en Père Noël sur la pochette de son My Christmas, et Roberto Alagna affiche, en couverture de son Noël, une chevelure, une barbe, une tenue et une pose ramenant aux fondamentaux de la Nativité.
Récemment publié, ce nouvel arrivage n’a de vraiment inédit que le DVD « Méditerraneo » livré en bonus, souvenir d’un concert donné à Fès en juin 2014 hélas arrivé rayé chez votre serviteur, et reprenant, nonobstant la couleur estivale du titre, quelques plages hivernales présentes dans le disque. De ce dernier, plusieurs pistes proviennent directement d’un album déjà publié par Deutsche Grammophon en 2007, Roberto Alagna chante Noël. Une bonne moitié d’entre elles a été enregistré il ya près de 20 ans, à Toulouse sous la direction de Michel Plasson.
Commençons par celles-ci : elles montrent Roberto Alagna sous son meilleur jour vocal, clair, claironnant parfois, assumant les aigus de « Minuit Chrétien » avec une insolence qui renvoie Luis Mariano à ses manuels de chant. Plus intéressant, le « Sanctus » du Requiem de Berlioz n’a pas besoin d’autre chose qu’une captation lointaine et floutée par l’écho pour démontrer que dans un certain répertoire français, Alagna est le plus évident, le plus irréfutable et le plus éclatant des porte-voix. Les pièces signées Franck, Fauré et Gounod confirment : l’aisance du chanteur n’y est pas que linguistique, qui chante ici en latin. C’est bien le style qui sonne ici comme une langue natale.
C’est beaucoup… et tant mieux car c’est presque tout. Enrobé par d’abondantes nappes de cordes parallèles, Alagna survole « Petit Papa Noël » et « Douce Nuit » en trois langues, paye de sa personne en signant les paroles de « Gentil père Noël » (« Dis-moi Père Noël / Gentil Père Noël / Jésus le divin enfant était obéissant… »), fait tout cela avec la sincérité qui caractérisait déjà ses précédentes incursions dans le cross-over. Rien d’autre à espérer mais dans ces pages, que demander de mieux ? All we want for Christmas is that !