Suite de communications d’un colloque (1) réunissant spécialistes de la musique comme de la poésie du temps (2), l’ouvrage s’adresse d’abord aux érudits. Il intéressera aussi les musiciens et mélomanes curieux du contexte et des relations entre le domaine littéraire et la musique. Celle de la Renaissance, des prémices de la Cour de Bourgogne aux baroque naissant, était essentiellement vocale, quelle qu’en soit la destination. Si, de longue date, les œuvres et compositeurs sont connus et reconnus, rares sont les études qui permettent d’approfondir leur relation, le contexte poétique, littéraire, culturel et social. Il sera fort peu fait référence à la polyphonie, sinon au travers des thèmes qu’elle emprunte à la chanson, à moins qu’elle en soit à l’origine.
Les formes, la métrique réunissent œuvres poétiques et musicales. Les distinctions, cloisonnements auxquels nous faisons maintenant référence n’ont pas cours. Parlé et chanté, poésie et musique n’ont pas de frontière lisible. L’oralité est souveraine, l’écrit rare. La tradition vivace des formes anciennes (virelai, ballade, rondeau) atteste les liens entre ce que nous avons pris l’habitude de distinguer, même si Eustache Deschamps réunissait les deux disciplines au sein du trivium (3).
La figure de Lemaire des Belges, le riche répertoire régional des noëls, le chant des laudes sous Louis XII font l’objet de communications intéressantes. Mais, pour notre part, l’étude intitulée « musique, poésie et théâtre dans les collèges parisiens », retient notre attention, anticipant largement l’activité des Jésuites dans ce cadre. Enfin, « chanter la farce, chanter la sottie » (Jelle Koopmans), où le théâtre semble tirer sa trame et sa sève de la chanson narrative, et « la musique dans la farce de Regnault qui se marie à La Vollée » (Nicolas Le Cadet), par les questions soulevées, renouvellent le regard sur l’union de la musique et des formes littéraires et dramatiques, bien avant le madrigal et la naissance de l’opéra.
Illustrations pertinentes, incipitaires (permettant de retrouver une chanson ou un timbre cités), index, abondantes notes de bas de page, complètent judicieusement cette somme appelée à faire référence.
1) Du même intitulé, tenu sous l’impulsion de Jean Eudes Girot et Alice Tacaille, organisé par les auteures les 24 et 25 mars 2016 à Sorbonne Universités, où il réunissait musicologues et littéraires. (2) Louis XII régna 16 ans (1498-1515). Epoux (en seconde noces) d’Anne de Bretagne, il participa aux guerres d’Italie et fut le beau-père de François Ier. (3) Alors que, dans la distinction médiévale, la rhétorique relevait du trivium, et la musique du quadrivium.