Oreste est un opéra de Haendel dont voici le tout premier enregistrement. Il date de 1734, n’avait alors été joué que trois fois et mis au placard illico par manque de succès. Il s’agit d’un pasticcio, c’est-à-dire d’un opéra dont tous les airs proviennent d’autres œuvres – parfois d’autres compositeurs – et pour lesquels on a adapté un nouveau livret. Pour celui-ci, la musique est issue d’opéras et de cantates du compositeur lui-même. Pratique courante à l’époque, également employée par Bach, il n’y a donc aucune raison de s’en offusquer. Les seules pièces nouvellement composées pour l’occasion ont été les récitatifs et les musiques destinées au corps de ballet dont Haendel a pu bénéficier pour son spectacle.
Une équipe de jeunes chanteurs et musiciens allemands a décidé de redonner vie à cet ouvrage et s’est courageusement attelée à son montage. Car il en faut du courage pour se lancer dans une telle entreprise. Du courage et de l’envergure car chanter Haendel n’est pas à la portée de la première glotte venue. L’orchestre, formé d’une bonne quinzaine de musiciens, est bon et remplit bien son rôle d’accompagnateur, il n’y a pas grand-chose de plus à en dire. En revanche, du côté des chanteurs, cela coince un tantinet. Pour dire les choses simplement, la moitié des rôles ne convient pas. Pour commencer, le rôle-titre, confié à la mezzo-soprano Cornelia Lanz, manque cruellement de consistance. La voix est assez vilaine et pêche par son défaut de puissance et de rondeur. Même constat pour la soprano Nastasja Docalu qui possède en plus de sa partenaire un vibrato terrifiant qui gâche ses interventions. Le troisième à bénéficier d’un avis négatif est le ténor Christian Wilms qui pourtant se débrouille bien dans les vocalises de son air du second acte mais qui lui aussi vibre énormément dès qu’il a à chanter une note un peu longue, c’est dommage. Du côté de ceux qui s’en sortent plutôt bien, citons le baryton Kai Preußker qui fait preuve d’une belle souplesse ainsi que la soprano Sabine Winter qui sauve par la joliesse de son timbre la distribution féminine de cette production. Pour finir, le contreténor Armin Stein est convenable sans être remarquable mais a le mérite de ne pas faire sombrer son rôle dans le ridicule ou l’inécoutable. Quant à la musique de Haendel lui-même, on peut assez bien comprendre les raisons de l’échec de 1734 : on n’y retrouve aucun air marquant comme les amateurs en connaissent dans Rinaldo ou Serse ou même plus tard dans Le Messie. Bref, on s’ennuie quelque peu et à l’opéra, cela ne pardonne pas.