Trois opéras – Il tabarro, Suor Angelica, Gianni Schicchi – dans un même opéra – Il trittico – pour trembler, pleurer et rire à l’unisson. L’idée, séduisante en théorie, s’avère moins évidente à mettre en pratique. Rares sont les représentations intégrales du Tryptique de Puccini, les théâtres préférant démembrer la partition pour oser des combinaisons plus ou moins concluantes. Revue spécialisée dont chaque publication introspecte le plus souvent une seule œuvre, l’Avant-Scène Opéra se trouve confrontée au même problème. Son nouveau numéro renonce à unifier le propos pour aborder Il trittico par les trois bouts.
Ainsi le guide d’écoute a été confié à trois auteurs différents, un par ouvrage – Rémy Campos pour Il tabarro ; Jean-François Boukobza pour Suor Angelica ; Bruno Poindefert pour Gianni Schicchi – sans préalablement offrir une synthèse historique et musicologique de l’ensemble. Il trittico fut dès l’origine du projet envisagé comme un tout.
De même, passé l’article d’Hélène Cao qui survole la musique de Puccini au-delà du Triptyque, les regards sur l’œuvre explorent chacun des trois ouvrages en ordre séparé. Virgilio Bernardoni étudie la représentation musicale et scénique du réalisme dans Il tabarro en un texte qui s’apparente à un deuxième guide d’écoute. Louis Bilodeau évoque Suor Angelica à travers le portrait de la créatrice du rôle-titre, Géraldine Farrar, cantatrice et actrice* surnommée par le public américain beniamina (« la chouchoute »). Jean-Michel Brèque étudie la manière dont Giovacchino Forzano a imaginé le livret de Gianni Schicchi, à partir de quelques vers de La Divine Comédie et d’une poignée d’idées empruntées à Volpone de Ben Jonson (1573-1637), une pièce du théâtre comique élisabéthain.
Seules la discographie et la vidéographie rassemblent les morceaux du puzzle chaque fois que possible. Les dix intégrales en CD – de 1949 (Baroni/Previtali/Simonetto) à 1997 (Pappano) –, les six en DVD – de 1981 (Levine, New York) à 2019 (Galli, Florence) – offrent aujourd’hui l’embarras du choix. Quant à savoir quelles versions privilégier, nous nous garderons de livrer les conclusions des auteurs – Jean-Charles Hoffelé et Chantal Cazaux – pour ne pas divulgâcher la lecture du numéro, malgré tout recommandable en l’absence de publications équivalentes en langue française, comme indiqué par la bibliographie en fin de numéro.
* Deux de ses films – The Woman God Forgot (1917) et The World and Its Woman (1919) – sont visibles sur You Tube.