Forum Opéra

Macbeth

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
DVD
12 août 2013
Sorcières, lavandières, cigarières…

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Giuseppe VERDI

Macbeth


Melodramma en quatre actes, livret de Francesco Maria Piave
Créé au Teatro della Pergola, Florence, le 14 mars 1847

Mise en scène
Liliana Cavani
Décor
Dante Ferretti
Costumes
Alberto Verso
Lumières
Sergio Rossi
Chorégraphie
Amedeo Amodio

Macbeth
Leo Nucci
Lady Macbeth
Sylvie Valayre
Banco
Enrico Iori
Macduff
Roberto Iuliano
Malcolm
Nicola Pascoli
Dama di Lady Macbeth
Tiziana Tramonti
Il Medico
Enrico Turco
L’Araldo
Davide Ronzoni
Un Domestico
Riccardo Di Stefano
Il Sicario
Noris Borgogelli

Orchestre et chœur du Teatro Regio de Parme
Direction musicale
Bruno Bartoletti

Enregistré au Teatro Regio de Parme, en octobre 2006

1 DVD C Major 722008 – 157 minutes

 

Après tant de Macbeth plongés dans les ténèbres épaisses du crime (ou sous la lumière crue des néons des dictatures contemporaines), il est assez rafraîchissant d’en découvrir un où la lumière vive n’empêche pas les noirs desseins. C’est en effet ce qui frappe de prime abord dans cette production captée à Parme en 2006 (cette date lointaine en fait le plus ancien de tous les spectacles proposés par C Major dans son intégrale Verdi). Liliana Cavani est bien connue des amateurs d’opéra en Italie, et il fut un temps où elle était également invitée en France : certains se souviennent peut-être de sa Médée au Palais Garnier en 1986, pour laquelle Ezio Frigerio avait conçu un décor particulièrement impressionnant. Même si elle s’est bien assagie depuis, Liliana Cavani reste envers et contre tout Madame Portier de nuit, et peut-être est-ce la raison pour laquelle son Macbeth inclut, de manière assez gratuite, une référence à la Deuxième Guerre mondiale. Les très beaux costumes d’Alberto Verso renvoient à l’époque de Shakespeare, et l’essentiel du drame se joue dans une sorte de théâtre élisabéthain, semblable au Globe de Londres, imaginé par Dante Ferretti, désormais son scénographe attitré, mais les « spectateurs » (une partie du chœur, en fait, plus quelques mannequins dans les étages supérieurs) sont habillés comme dans les années 1940 et, à chaque baisser de rideau, des projecteurs balaient la scène comme ils balayaient le ciel aux grandes heures du Blitz. Qu’on soit à Londres vers 1600, c’est très bien ; qu’on puisse également être à Londres vers 1940, pourquoi pas, mais ce feuilletage temporel reste curieusement inexploité. Qu’à cela ne tienne, Liliana Cavani a des idées intéressantes et surtout, contrairement à tant de ses confrères de la péninsule, décorateurs autoproclamés metteurs en scène, elle sait diriger les acteurs. Premier choix étonnant mais finalement habile, les sorcières ne sont pas ici des créatures qu’on voudrait inquiétantes, affublées d’oripeaux grotesques, mais un groupe de femmes du peuple occupées à laver leur linge. Cette solution, qui semble d’abord priver l’intrigue de tout surnaturel, s’avère particulièrement fonctionnelle lors du Ballabilli (une fois n’est pas coutume, il n’est pas coupé), où nos lavandières s’acoquinent avec une bande de godelureaux, non sans déhanchements suggestifs dignes des cigarières de Carmen. Et d’être au lavoir ne les empêche pas de présenter à Macbeth toutes les apparitions requises, dont la manifestation au grand jour ne manque pas d’être troublante. Très peu d’hémoglobine, cependant, dans ce spectacle, et pas de spectre de Banquo dans la scène du festin (seul Macbeth le voit), mais l’air de Macduff est d’autant plus émouvant que la foule qui l’accompagne transporte les cadavres de sa femme et de ses enfants. Liliana Cavani a soigné sa conception du couple central, et en particulier de Lady Macbeth. Au lieu d’une harpie uniformément malfaisante, nous découvrons d’abord une grande dame qui s’amuse avec son bouffon nain, qui a toujours le sourire même quand elle complote le meurtre, plus terrifiante ainsi que toutes les habituelles mégères grimaçantes, et qui goûte avec son mari une relation conjugale tout à fait sensuelle (les époux se caressent pendant « La luce langue »).

Sur le plan musical, l’orchestre est finament dirigé par Bruno Bartoletti, et le plateau est mieux que satisfaisant. Enrico Iori a peut-être plus de prestance physique que de brio vocal, mais après tout, il n’est « que » Banquo. Roberto Iuliano est une intéressante découverte en Macduff, et son timbre est suffisamment diférent de celui de Nicola Pascoli pour que leur alliance fonctionne dans le duo « La patria afflitta ». De toute façon, ce sont les deux héros qu’on attend au tournant. Il y a sept ans, Leo Nucci était encore en pleine possession de ses moyens et pouvait compter sur sa longue fréquentation du rôle de Macbeth (entamée en 1987 pour le film de Claude D’Anna). Quelques gestes pertinents (il écrase dans sa main le visage du mercenaire venu lui annoncer la mort de Banquo), quelques attitudes éloquentes (le dernier acte nous le montre ployant sous le fardeau d’un lourd manteau royal tout doré), et le personnage prend chair, servi par une voix expressive. Quant à Sylvie Valayre, si l’on peut parfois lui reprocher un certain savonnage des parties exigeant le plus d’agilité et échappant donc en partie à sa large et grande voix, elle n’en est pas moins une Lady Macbeth stupéfiante, à l’aigu tranchant et à la puissance indéniable, et surtout comédienne à part entière, servant parfaitement une conception originale du rôle. Dénuée de tout histrionisme, mais mise en relief par un détail juste (tous ces mouchoirs jetés à terre, vaniement employés pour effacer « la macchia »), la scène de somnambulisme est interprétée avec sobriété et justesse, et notre compatriote s’offre le luxe d’un suraigu émis en scène et non en coulisses comme tant de ses consœurs.

 

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
cmajor722008

Note ForumOpera.com

3

❤️❤️❤️❤️❤️ : Exceptionnel
❤️❤️❤️❤️🤍 : Supérieur aux attentes
❤️❤️❤️🤍🤍 : Conforme aux attentes
❤️❤️🤍🤍🤍 : Inférieur aux attentes
❤️🤍🤍🤍🤍 : À oublier

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Giuseppe VERDI

Macbeth


Melodramma en quatre actes, livret de Francesco Maria Piave
Créé au Teatro della Pergola, Florence, le 14 mars 1847

Mise en scène
Liliana Cavani
Décor
Dante Ferretti
Costumes
Alberto Verso
Lumières
Sergio Rossi
Chorégraphie
Amedeo Amodio

Macbeth
Leo Nucci
Lady Macbeth
Sylvie Valayre
Banco
Enrico Iori
Macduff
Roberto Iuliano
Malcolm
Nicola Pascoli
Dama di Lady Macbeth
Tiziana Tramonti
Il Medico
Enrico Turco
L’Araldo
Davide Ronzoni
Un Domestico
Riccardo Di Stefano
Il Sicario
Noris Borgogelli

Orchestre et chœur du Teatro Regio de Parme
Direction musicale
Bruno Bartoletti

Enregistré au Teatro Regio de Parme, en octobre 2006

1 DVD C Major 722008 – 157 minutes

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

Dans les profondeurs du baroque
CDSWAG

Les dernières interviews

Les derniers dossiers

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Quand Versailles nous est prématurément conté
Livre