Telemann l’alternateur
par Frédéric Platzer
Georg Philipp Telemann est un compositeur qui bénéficie depuis quelques années de sorties discographiques assez régulières qui ont pour l’amateur l’avantage de n’être nullement répétitives, vu la masse considérable d’œuvres en tous genres qu’il a composées. On sait qu’il a été en poste à Hambourg à partir de 1721 jusqu’à sa mort en 1767, en s’étant ménagé une pause parisienne de quelques mois à la fin de 1737. Il ne s’y occupait pas seulement de musique sacrée comme son collègue et ami Jean-Sébastien Bach à Leipzig mais il assumait également la direction d’un des opéras de la ville, où l’on donnait des œuvres des meilleurs compositeurs du temps, aussi bien de langue allemande comme Reinhard Keiser (1674-1739) mais également de musiciens « étrangers » comme Georg Friedrich Händel (1685-1759), pour ne citer que les auteurs représentés dans cet album. Une des pratiques du temps autorisait tous les trafics possibles autour des airs mettant en valeur les solistes : il était permis d’en ajouter, de les modifier voire même d’en substituer de nouveaux en remplacement d’aucuns jugés comme faibles ou plus généralement ne convenant pas aux chanteurs locaux. Telemann s’est bien évidemment plié à cette habitude et ce disque nous propose quelques airs appartenant à cette catégorie, un court extrait d’une cantate profane ainsi qu’une cantate complète (L’Espoir de l’au-revoir) qui a donné son titre au disque. Tous ces airs assez courts et très bien écrits sont prévus pour voix de soprano, accompagnée par des cordes et le continuo mais également par des instruments à vent (flûte traversière, flûte à bec, bassons ou hautbois) qui colorent harmonieusement la pâte orchestrale mince mais toujours intéressante. La soprano allemande Dorothee Mields – spécialiste de ce répertoire – est absolument parfaite dans ce programme qui permet à l’auditeur de (re)goûter avec bonheur à la souplesse de sa voix qui est un véritable régal pour les oreilles. Notre chanteuse, sobre mais très efficace, est également parfaitement accompagnée par le petit effectif de L’Orfeo Barockorchester, impeccablement dirigé par Michi Caigg, qui lui offre là un splendide soutien instrumental. Pour finir, quelques musiciens de l’orchestre jouent à leur tour les divas dans un concerto pour violon (qui ouvre et achève l’album) et un autre pour hautbois d’amour, œuvres qui ne dépareillent pas l’ensemble.
Un bon disque qui a un goût de trop peu malgré son remplissage conséquent (près de 70 minutes).
Hoffnung des Wiedersehens. Telemann arias
Dorothee Mields
soprano
Hoffnung des Wiedersehens – Telemann Arias | Georg Philipp Telemann par Dorothee Mields
Concerto en ré majeur pour violon, cordes et continuo.
« Vernunft, Geduld und Zeit »,
« Stirbt mein Geist durch Dein Verlangen », airs pour Nebucadnezar de Reinhard Keiser,
« Mein Vergnügen wird sich fügen » (extrait de Sechs Cantaten nach verschiedenen Dichtungen)
Die Hoffnung des Wiedersehens, cantate
Concerto en mi mineur pour hautbois d’amour, cordes et continuo.
« Fließen nichts als bittre Tränen », air pour Janus de Reinhard Keiser
« Quillt, ihr überhäuften Tränen », air pour Almira de Haendel
« Weine nur, gekränte Seele »,
« Genug, genug geklaget », airs de Richardus I de Haendel
« Kannst du wohl was an mir finden »,
« Ein tröstendes Hoffen auf freudige Stunden »,
« Kannst Du wohl was an mir finden »,
« Die Liebe sieget alle Zeit », airs tirés d’Omphale
Concerto en ré majeur pour violon, cordes et continuo (reprise du 1er mouvement)
Martin Jopp, violon
Carin van Heerden, hautbois d’amour
L’Orfeo Barockorchester
Direction musicale
Michi Caigg
Enregistré en mars 2011 au Funkstudio de la SWR à Stuttgart
1 CD DHM (Sony Classical) 88697901822 – 68’52