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The Ghosts of Hamlet (R. Mameli, F.-E. Comte)

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CDSWAG
28 février 2025
Beaucoup plus qu’une curiosité ou qu’un récital

Note ForumOpera.com

5

Infos sur l’œuvre

 

 

 

Détails

The Ghosts of Hamlet
Airs perdus de l’opéra baroque italien

 

Giuseppe Carcani : trois airs d’Ambleto (1742) ; Son sdegnato ; Segui ad amar costante* ; Più fido non poss’io

Francesco Gasparini : ouverture et quatre airs d’Ambleto (1705) ; Nella mia sfortunata prigionia ; Stelle, voi che de’ regnanti* ; Cinto d’amiche rose un di cresca

Johann Adolf Hasse : Sinfonia, en sol mineur, op. 5 n°6

Georg Friedrich Haendel : L’ Ambleto (1712), pasticcio (emprunt à Agrippina) ; Tu indegno sei dell’allor

Carlo Francesco Pollarolo : L’ Ambleto (1712), pasticcio (emprunt à Venceslao) ; D’ire armato il braccio forte

Domenico Scarlatti : Sinfonia en ré m ; Ambleto (1715), Nella mia sfortunata prigionia*

 

Roberta Mameli, soprano

Le Concert de l’Hostel-Dieu

Direction musicale et clavecin

Franck-Emmanuel Comte

 

1 CD Arcana (A 574) de 68′ 04, enregistré en avril et juin 2024 à Lyon (Temple Lanterne)

(*) premier enregistrement mondial

 

Hamlet, le célèbre drame de Shakespeare est resté inconnu du public italien jusqu’à la seconde moitié du XVIIIe siècle. Ambleto n’est pas Hamlet, même si le premier l’est devenu sous sa plume. En effet, sa principale source (une chronique danoise du début du XIIe siècle) a été traduite par Apostolo Zeno (1) pour réaliser avec Pietro Pariati un livret, illustré dans cet enregistrement. L’histoire d’Hamlet est connue, vengeant la mort de son père et tuant son oncle, l’usurpateur, avant de se faire élire roi du Danemark. Si la trame de l’action est presqu’identique chez Zeno, les caractères sont bien différents de ceux des acteurs de Shakespeare, la mère et la fiancée d’Ambleto occupant un rôle central. Celui-ci, débarrassé de sa mélancolie, retrouve son énergie et son agressivité d’origine ; Veremonda, convoitée par son beau-père, est forte et indépendante, à la différence d’Ophélie, fragile et soumise. La mère d’Ambleto, Gerilda (Gertrude), rivale de sa fille, est tout aussi dissemblable de sa déclinaison anglaise…

Le castrat Nicola Grimaldi créa le personnage d’Ambleto dans sa première version (Gasparini, Venise, S. Cassiano, 1705) et suscitera le pasticcio londonien de 1712. Domenico Scarlatti produira un Ambleto en 1715 (pour le Capranica de Rome). Enfin, Carcani offrira sa version en 1742 (Venise, S. Angelo). Aucun ouvrage ne nous est parvenu dans son intégralité, aussi la dizaine d’airs de cet enregistrement sont ils empruntés à ces quatre ouvrages. Avec l’ouverture de l’Ambleto de Gasparini, et deux sinfonias, dont une de Hasse (professeur et ami de Carcani), voilà le programme, éclectique. On ne présente plus celle qui s’est imposée comme une diva de la musique baroque, au travers d’une brillante carrière internationale, avec les plus grands chefs. Sa familiarité à son répertoire d’élection, les moyens et une technique exemplaires lui permettent de signer une réalisation qui ne l’est pas moins. Roberta Mameli chantera non seulement les trois principaux personnages, Ambleto (écrit pour un castrat) Veremonda (Ophélie) et Giralda (Gertrude), toutes deux sopranes, mais aussi Valdemaro, le général victorieux des Suédois. C’est du reste par son air héroïque (de Gasparini, 1705), évidemment avec trompette, que s’achève l’enregistrement. Francesco Gasparini, s’il n’est pas complétement oublié (2), mérite pleinement une redécouverte, avec plus de 60 opéras à son actif, celui qui dirigea la Pietà (dont Vivaldi fut l’employé), connut un incroyable succès dans toute l’Italie comme à Vienne.

Les airs (3) ont été organisés pour répondre à la logique dramatique et musicale du livret. On ne sait qui louer en premier, de Roberta Mameli et du Concert de l’Hostel Dieu, dirigé par Franck-Emmanuel Comte. Dès l’introduction du premier air, on est captivé par l’animation orchestrale, par sa vigueur, puis par la voix. La révolte, la résolution, la fougue d’Ambleto sont illustrés avec des moyens superlatifs. L’ornementation des reprises y est magistrale, les contrastes accusés. Justement, la plainte de Veremonda emprisonnée, qui suit, nous touche par sa vérité : la longueur de voix, les accents, l’égalité des registres, une suprême aisance, tout est là. C’est aussi l’occasion d’écouter un ensemble diaphane, coloré, dont l’accompagnement participe à notre bonheur. L’ air de vengeance, emprunté à l’Agrippina de Haendel (parodié dans la version londonienne de 1712), chanté ici par Giralda, la reine répudiée, nous permet d’affirmer que rien ne distingue l’écriture des maîtres, célèbres comme oubliés. L’orchestre s’y hisse au plus haut niveau, d’une clarté constante, toujours au service de la voix. La plainte mélancolique d’Ambleto (« Stelle, voi che de’ regnanti ») ne nous touche pas moins. Chaque air appellerait un commentaire. Nous nous en tiendrons à la comparaison du traitement du même texte, poignant (« Nella mia sfortunata prigionia »), illustré auparavant par Gasparini, cette fois par Domenico Scarlatti. Si le langage musical a gagné en expressivité, les deux pages sont admirables, et admirablement servies. Il faut mentionner l’aria finale (Valdemaro : « Tromba in campo »), évidemment avec trompette concertante, d’une rare vigueur, dont l’écriture n’a rien à envier aux meilleurs contemporains. Les traits jubilatoires propres à valoriser la voix y sont exemplaires. Les pages purement orchestrales (sinfonia de Hasse, puis de Domenico Scarlatti, l’ouverture de Gasparini) sont superbes de plénitude, de vigueur et d’abandon.

Le bonheur est constant, et l’on ne se lasse pas d’écouter cet enregistrement captivant, aux splendides couleurs, phrasés et articulations. Les qualités exceptionnelles des interprètes, la variété des affects, les pages instrumentales, tout nous ravit.

La notice d’accompagnement, signée Paolo V. Montanari, d’une rare richesse, comporte les textes chantés et leur traduction en français et en anglais.

(1) Avec Métastase, qu’il précéda à Vienne, et Stampiglia, nous avons affaire aux pères fondateurs de l’opera-seria. 
(2) Son Bajazet est le seul opéra qui ait fait l’objet d’un enregistrement intégral (label Glossa, 2015). Filippo Mineccia, qui en était, a gravé par ailleurs un air d’Ambleto (version 1712, Londres). 
(3) Dont trois en première gravure mondiale.

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❤️🤍🤍🤍🤍 : À oublier

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