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Naissance de l’opéra en France

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Livre
1 mars 2011
Toute première fois

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4

Infos sur l’œuvre

Détails

Christian Dupavillon
Naissance de l’opéra en France
Orfeo, 2 mars 1947
Préface de William Christie
Paris, Fayard, « Les chemins de la musique », novembre 2010, 320 pages.
ISBN 978-2-213-65476-8

Avec ce nouvel ouvrage, Christian Dupavillon contribue à faire revivre la première représentation d’un opéra en France, l’Orfeo de Luigi Rossi, donné le samedi 2 mars 1647 dans le théâtre de la Reine au Palais-Royal. L’auteur nous fait ainsi suivre la création de l’opéra pas à pas, quasiment scène après scène, interrompant l’avancement de son propos par d’innombrables digressions toujours utiles. Dès la première page, le roulement de tambours qui annonce le début des festivités est le prétexte à une explication du contexte : on nous rappelle le rituel guerrier et les conflits contemporains, mais aussi la nécessité de couvrir le bruit des machines par un quelconque artifice (p. 11). Chaque apparition d’un nouveau personnage est l’occasion de décrire son costume par le menu, de présenter le chanteur et de rappeler sa carrière, de proposer des parallèles avec la peinture ou les arts décoratifs de l’époque, etc. Loin d’être noyé dans des informations qui n’évoqueraient rien ou pas grand-chose, on se laisse prendre par la main et on vit la représentation au même rythme que l’assistance 1.

 

Et on se sent donc comme chez soi dans ce théâtre surpeuplé, nauséabond, enfumé et envahi de chandelles qui manquent mettre le feu à plusieurs reprises, suivant toutes les péripéties dans la salle mais également sur scène et dans les coulisses, en observateur omniscient. De plus, grâce à l’étude du spécialiste de l’architecture théâtrale qu’est Christian Dupavillon, on visualise le théâtre et pénètre les décors tout en arrivant à prendre du recul et comprendre l’époque, le contexte historique, économique, social, politique et artistique de la cour de France sous Mazarin. Cette analyse érudite et documentée s’appuie sur des ouvrages fondamentaux et constitue une excellente synthèse de ce que pouvait être le monde du théâtre et de l’opéra au XVIIe siècle. La bibliographie, très riche, est une sorte de bibliothèque idéale en la matière 2. Petite déception, celle de ne pas avoir le livret publié ou au moins une fiche technique pour la distribution du jour. En revanche, l’index en fin de volume est très pratique et sa diversité atteste encore, si besoin était, de la variété et de la fécondité du propos. Des enjeux politiques d’un tel spectacle (sur fond de mazarinades et de Fronde balbutiante) jusqu’aux ancrages littéraires du mythe d’Orphée, de l’Antiquité au classicisme français, l’importance de ce spectacle s’impose et s’éclaire au fil des pages. 

 

Le livre met tout particulièrement en valeur les clivages qui pouvaient exister entre les traditions italiennes et françaises, mais dont la fusion marque néanmoins les fondements de l’opéra français. Le goût et les avis des spectateurs parisiens sont très différent de ceux des Transalpins : les castrats italiens sont des histrions pour les uns, naturellement expressifs pour les autres (p. 170-171)… On retient que le jeu français est plus naturaliste, celui des Italiens plus propre à exprimer les passions. « Le baroque se veut irréel, son souci premier est de provoquer l’émerveillement », dit Philippe Beaussant dans son Lully 4, cité par Christian Dupavillon (p. 196). Beaussant est d’ailleurs mentionné à plusieurs reprises et l’on se dit qu’on aimerait que quelqu’un aie l’idée, comme avait pu le faire Gérard Corbiau dans Le Roi danse en s’inspirant précisément de la biographie de Lully de Beaussant, d’adapter cet ouvrage au cinéma. On peut toujours rêver…

 

Catherine Jordy

 

1. On lui présente les invités, comme auraient pu le faire les chroniqueurs de l’époque et cela n’est évidemment pas un hasard. L’auteur paraphrase habilement les termes des mémorialistes contemporains, en indiquant systématiquement les références voire le texte exact en notes, sans jamais oublier de mettre les guillemets. L’une de ses chroniqueuses favorites est manifestement Françoise Bertaut, madame de Motteville, première femme de chambre et confidente de la Reine, mais la Grande Mademoiselle, La Bruyère, jusqu’au Suédois Nicolas Tessin ainsi que beaucoup d’autres, ne sont pas oubliés.

2. On regrette parfois de ne pas y trouver des références précieuses quoique rares et malheureusement quelque peu oubliées, comme L’Univers du baroque de Richard Alewyn, Paris, Gonthier, « Médiations », 1959, 176 pages, mais l’essentiel y est, pour ce qui concerne le domaine de recherche français.

3. Nicola Sabattini, Pratiques pour fabriquer scènes et machines de théâtre, Neuchâtel, Ides et Calendes, 1942.

4. Philippe Beaussant, Lully ou le Musicien du soleil, Paris, Gallimard, 1992.

 

 

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Christian Dupavillon
Naissance de l’opéra en France
Orfeo, 2 mars 1947
Préface de William Christie
Paris, Fayard, « Les chemins de la musique », novembre 2010, 320 pages.
ISBN 978-2-213-65476-8

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