Que ceux qui ne savent rien de Michelangelo Falvetti se rassurent : Leonardo Garcia Alarcon en ignorait tout le jour où lui parvint la partition de ce Diluvio Universale (1682) exhumée par un ténor musicologue des archives de Messine. Ce que l’on sait, c’est que ce calabrais ayant fait ses études à Messine devint en 1682 maître de chapelle de sa cathédrale, et proposa dès sa première année cet oratorio.
Oratorio ? Drame sacré ? Opéra ? Difficile à dire, tant il est vrai que prévaut ici la peinture de l’humaine condition face à la frayeur du Jugement dernier et de la fin du monde. Quatre parties se succèdent : « In Cielo » ; « In Terra » ; « In Diluvio » ; « In l’arca di Noè ». Le couple Noé-Rad donne à ce qui pourrait n’être que large fresque de la colère divine une dimension intime, une tendresse même, assez inattendues, et qui font songer par anticipation à La Création de Haydn.
Tout cela n’est certes pas gage de qualité : tant de médiocrités dorment dans les fonds de bibliothèques. Mais Alarcon est avisé et sensible : il a repéré dans cette partition des trésors, et il leur rend leur première splendeur.
Les quatre parties diffèrent de climat, de ton. On avoue une préférence pour la première et la dernière, mais tout recèle des merveilles. « In Cielo » est tout simplement un festival électrisant de beauté sonore et musicale. Le Chœur des éléments possède un souffle hors pair. Les cascades confiées à l’adorable Aqua de Magali Arnault sont étourdissantes. Les « nubi funeste » sont d’une plastique, d’une ligne, d’une densité saisissantes.
Les dialogues de Dieu et Noé, de Noé et Rad semblent issus directement d’opéras de Vivaldi par leur suc et leur couleur. Les interventions de la Nature Humaine séduisent par leur simplicité frémissante. La tarentelle de la Mort ravit par son humour débordant. Et que dire du dépouillement mélodieux de toute la dernière partie, entre soulagement, lamentation, puis hymne à la paix. Tout cela est d’une humanité et d’une douceur bouleversantes.
Leonardo Garcia Alarcon confirme son génie de coloriste. Pas un son ici qui ne soit gouleyant, plein, porteur de sens. La matière sonore est travaillée en pleine pâte (les violes !). Ses choix vocaux sont à l’avenant, avec une mention particulière pour les femmes : Evelyn Ramirez Munoz, Mariana Flores, Magali Arnault, Caroline Weynants ont dans le timbre une lumière tendre, quelque chose de solaire qui réchauffe sans agresser.
Bénis soient ceux qui ont sauvé ce Diluvio des eaux de l’oubli.
N.B. : A noter, Il Diluvio universale de Falvetti vient d’être repris par le festival d’Ambronay samedi dernier, 1er octobre. Plusieurs autres dates sont prévues en France dans les semaines à venir : lundi 3 octobre 2011, Toulon, Cathédrale ; mardi 4 octobre 2011, Narbonne, Théâtre ; jeudi 6 octobre 2011, Poitiers, église Saint-Hilaire ; vendredi 7 octobre 2011 ; Noirlac, Abbaye ; mardi 11 octobre 2011, Mulhouse, église Sainte Marie ; mercredi 12 octobre 2011, Amiens, église Saint Leu ; mardi 8 novembre 2011 ; Clermont-Ferrand, La Comédie ; mercredi 9 novembre 2011, Besançon, Théâtre Musical
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