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Wagner, La Walkyrie – Simon Rattle

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CD
9 novembre 2023
Brünhilde est orpheline

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Richard Wagner (1813-1883), La Walkyrie, première journée du festival scénique « L’anneau du Nibelung », sur un texte du compositeur, créée à Munich le 26 juin 1870

Détails

Siegmund

Stuart Skelton

 

Sieglinde

Eva-Maria Westbroek

 

Hunding

Eric Halfvarson

 

Brünhilde

Irene Theorin

 

Wotan

James Rutherford

 

Fricka

Elisabeth Kulman

 

Gerhilde

Alwyn Mellor

 

Ortlinde

Anna Gabler

 

Waltraute

Jennifer Johnston

 

Schwertleite

Claudia Huckle

 

Helmwige

Katherine Broderick

 

Siegrune

Eva Vogel

 

Grimgerde

Anna Lapkovskaja

 

Rossweisse

Simone Schröder

 

Orchestre symphonique de la radio bavaroise

Direction musicale :

Simon Rattle

 

4 CD BR-Klassik, 900177, enregistrés à Munich en janvier et février 2019, 3h36′

Nous terminions notre compte-rendu enthousiaste du premier volet de cette Tétralogie en appelant la suite de nos vœux. Au premier chef, c’est la direction de Simon Rattle, avec sa finesse arachnéenne, qui nous avait séduit. Mais ce qui convient à L’Or du Rhin, à ses niveaux géologiques, à son ton si particulier, à la minéralité de son propos, allait-il convaincre au même titre dans La Walkyrie ? Le moins que l’on puisse dire est qu’on n’est pas déçu. Le chef reproduit, dans un contexte différent, toutes les qualités qui faisaient le prix du prologue. En premier lieu une transparence inouïe du tissu orchestral. Depuis quand n’avions nous pas entendu un prélude du premier acte aussi haletant, grâce à une articulation parfaite ? Qui aujourd’hui parvient à rendre aussi déchirants les solos de violoncelle lors de la première rencontre entre Siegmund et Sieglinde ? Lors du duo proprement dit, tout s’enflamme à l’orchestre, mais le chef veille à ne laisser passer aucun débordement, et tous les plans sonores restent clairs, étagés, discernables, jusqu’au dernier accord, qui claque comme un coup de fouet. Le sommet reste cependant un acte III où le travail sur les bois relève du sublime, et où Simon Rattle fait tour à tour avancer et reculer son orchestre, l’ouvrant et le refermant tel un éventail, en fonction des oscillations des personnages. Du tout grand art, servi par un Orchestre de la radio bavaroise au sommet de ses moyens.

La seule chanteuse de L’Or du Rhin que nous retrouvons ici est la Fricka d’Elisabeth Kulman. Elle aussi réussit sa mue. Autant elle fut onctueuse lorsque sa partie le réclamait, autant elle parvient à montrer ici la dignité outragée qu’on attend d’elle. La voix est d’une étoffe toujours aussi somptueuse, avec des graves à se pâmer, et la scène qu’elle fait à Wotan a grande allure. Pour un peu, elle deviendrait presque sympathique, ce qui serait un contresens. Il faut dire que son mari a un peu de peine à exister face à elle. Appelé en dernière minute à remplacer un Michael Volle souffrant, James Rutherford ne comble pas vraiment. Certes, son timbre est de toute beauté, et la présence est celle d’un vrai roi des dieux. Mais le discours manque de tranchant, la diction est un peu molle, les consonnes pas suffisamment projetées. Surtout, on ne trouve rien dans cette incarnation qui a sorte du rang, qui la rende mémorable à quelque titre que ce soit. Un honorable chanteur de province, dans un coffret de ce niveau, cela dépare un peu. Après les insuffisances de Michael Volle, voilà donc ce Ring lancé sans un vrai Wotan. Captée avant ses problèmes vocaux qui hérissèrent le public de Bayreuth, Irene Theorin offre des aigus solides et agréablement allégés lorsqu’il le faut, en osmose avec un chef qui veut à tout prix éviter le côté tonitruant. Sa Brünhilde est finement dessinée, déjà plus humaine que divine, et terriblement en empathie avec le couple des Wälsungen.

Des Wälsungen qui, au même titre que la direction de Sir Simon, font de ce coffret un incontournable. En bons jumeaux, ils ont les mêmes qualités : une puissance, une présence et une projection phénoménales, ainsi qu’un équilibre rarement atteint entre héroïsme et humanité. C’est vrai de Stuart Skelton, dont le métal est fêlé juste ce qu’il faut pour laisser passer la souffrance. Un Siegmund valeureux mais qui est notre frère en humanité à nous tous. Et ses « Wälse ! » sont d’une durée plus qu’honorable. C’est encore plus vrai d’Eva-Maria Westbroek, qui trouve enfin l’occasion d’immortaliser sa Sieglinde au disque, après l’avoir promenée sur toutes les grandes scènes du monde. La voix est large, autant que celle de Brünhilde (le « Nicht sehre dich Sorge um mich » fera trembler vos enceintes), mais c’est la puissance de l’amour qui s’exprime ici, avec une vérité bouleversante. Le duo du I, que l’on croyait usé à force de l’avoir écouté, retrouve la force de la sève aux premiers jours du printemps. Les Walkyries sont inégales, ce qui étonne au milieu tant de luxe, et le Hunding de Eric Halfvarson divisera. Il y aura ceux qui adhèrent, et ceux qui pointeront à raison ce que ce chant peut avoir de trémulant, voire de délabré. Pour notre part, nous avouerons fondre face à une telle profusion du son, jointe à tant d’autorité. A l’heure du bilan, les qualités l’emportent largement, même si une Walkyrie sans Wotan d’exception laisse fatalement un goût de trop peu. Mais pour son chef électrisant, son orchestre diaphane et son couple d’amoureux, on est sûr de revenir souvent à ce coffret.

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Note ForumOpera.com

4

❤️❤️❤️❤️❤️ : Exceptionnel
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Richard Wagner (1813-1883), La Walkyrie, première journée du festival scénique « L’anneau du Nibelung », sur un texte du compositeur, créée à Munich le 26 juin 1870

Détails

Siegmund

Stuart Skelton

 

Sieglinde

Eva-Maria Westbroek

 

Hunding

Eric Halfvarson

 

Brünhilde

Irene Theorin

 

Wotan

James Rutherford

 

Fricka

Elisabeth Kulman

 

Gerhilde

Alwyn Mellor

 

Ortlinde

Anna Gabler

 

Waltraute

Jennifer Johnston

 

Schwertleite

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