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Gregor Joseph Werner – Der gute Hirt

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CD
6 janvier 2021
Avant Haydn, chez les Esterházy

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Gregor Joseph Werner (1693-1766)

Der gute Hirt

Tragédie en deux actes sur un livret du compositeur

Créée le 28 mars 1739 à Eisenstadt

Détails

Agnes Kovacs, soprano

Peter Barany, contre-ténor

Zoltan Megyesi, ténor

Lorant Najbauer, basse

Adiana Kalafszky, l’écho, soprano

Purcell Choir

Orfeo Orchestra

Direction musicale

György Vashegyi

Deux CD Accent, Esterhazy Music Collection n°2, ACC 26502, de 53′ 25 et 31′ 24, enregistrés dans la grande salle de l’Académie Franz Liszt de Budapest en janvier 2019

Acteurs essentiels de la vie musicale durant presque deux siècles, le nom des Esterházy reste indissolublement attaché aux figures de Haydn et de Beethoven tout particulièrement. La richesse de la vie musicale entretenue à la cour de Eisenstadt, comme à Vienne, était exceptionnelle. Haydn fut recruté en 1761 comme vice-Kapellmeister, placé sous l’autorité de Gregor Joseph Werner. Eclipsé des mémoires par l’astre naissant, malgré une abondante production, ce dernier était le plus souvent cité pour l’hommage posthume que lui avait rendu son successeur. Haydn publia en effet, chez Artaria, en 1804, six fugues en quatuor, empruntées à son œuvre. Leurs relations furent difficiles. Werner a 68 ans, dont 33 au service princier, lorsque Haydn lui est adjoint, âgé de 29 ans…

Opportunément, Accent ouvre une collection consacrée à la musique des Esterházy, et, après trois symphonies du jeune Haydn (Le matin, le midi, le soir), nous propose un oratorio de Werner. Celui-ci s’inscrit dans une tradition propre à l’Europe centrale : l’oratorio « al sepolcro », donné le Vendredi-Saint, sur un livret dramatique édifiant. Haydn connaissait bien ses lamentations et oratorios. Il paraît évident – à l’écoute du notre – qu’il s’en souvint lorsqu’il écrivit ses Sept dernières paroles du Christ en croix.

L’œuvre est sous-titrée « tragédie en deux actes ». La parabole (Luc 15) en constitue la trame : un pèlerin rencontre la Brebis égarée, et le Bon pasteur à sa recherche. Le livret n’appelle pas d’action, malgré l’appellation de « tragédie » ; les personnages sont dépourvus de personnalité. La musique s’en ressent, et il est difficile d’incriminer le librettiste, puisque le texte est du compositeur. Trois personnages, mais quatre chanteurs, le bon pasteur étant étrangement confié par Werner à deux interprètes : un contre-ténor pour le premier acte, un ténor pour le second. Peter Barany, comme Zoltan Megyesi assument pleinement leur rôle. S’ajoute ponctuellement Echo, qui illustre la dimension pastorale, au goût de l’époque.  Aux cordes de l’orchestre se joignent un chalumeau (ancêtre de la clarinette), un surprenant trombone et un basson, sans oublier le continuo du positif, du clavecin et d’un discret théorbe.

L’oratorio s’inscrit dans le baroque tardif, tout en anticipant parfois le style galant, avec de nombreux traits communs au langage musical de la zone. Les huit arias sont de coupe traditionnelle, au da capo obligé, les récitatifs abondent, un duetto, quelques accompagnati, deux brefs chœurs pour conclure. L’œuvre comporte quelques belles pages. L’introduction orchestrale, intensément dramatique, le premier air de la Brebis égarée, illustrant la nature, anticipe le climat des Saisons, le suivant, confié au Pèlerin est également bienvenu. A signaler la singulière aria de ténor, sicilienne avec trombone solo sur pizzicati des cordes « Steinhartes Felsenherz ». Les deux chœurs, dont une fugue, très brefs, qui concluent l’ouvrage sont séduisants, témoignant des qualités d’écriture de Werner.

Malgré l’excellence de la direction de György Vashegi comme des interprètes, et leur engagement, l’œuvre apparaît sans relief, dépourvue de ressort dramatique, bavarde, faisant une large part à des récitatifs insipides. Pas loin de la moitié du minutage relève du récit, et le continuo, scolaire, limité à la ligne de basse, est monochrome, sauf dans les accompagnati. Agnes Kovacs, voix sûre et colorée, aux aigus clairs, a la fraîcheur requise pour chanter la Brebis égarée. Le pèlerin de Lorant Najbauer est pleinement convaincant. La projection, la clarté d’émission, l’excellente diction sont remarquables. Leur duo « Deine froh’ Wort’ ich verachte » est un moment bienvenu, agréable, qui témoigne du savoir-faire de Werner.

Contribution intéressante à la connaissance du patrimoine musical légué par les Esterházy, comme à celle du prédécesseur immédiat de Haydn, cet enregistrement relève davantage du document que de la découverte d’un chef-d’œuvre oublié. Les pages intéressantes ne manquent pas, hélas le plus souvent noyées dans une logorrhée récitative fastidieuse.

La brochure d’accompagnement, richement documentée, quadrilingue (allemand, français, anglais, hongrois) ne donne pas d’autre traduction du livret en allemand qu’en…hongrois.

 

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Gregor Joseph Werner (1693-1766)

Der gute Hirt

Tragédie en deux actes sur un livret du compositeur

Créée le 28 mars 1739 à Eisenstadt

Détails

Agnes Kovacs, soprano

Peter Barany, contre-ténor

Zoltan Megyesi, ténor

Lorant Najbauer, basse

Adiana Kalafszky, l’écho, soprano

Purcell Choir

Orfeo Orchestra

Direction musicale

György Vashegyi

Deux CD Accent, Esterhazy Music Collection n°2, ACC 26502, de 53′ 25 et 31′ 24, enregistrés dans la grande salle de l’Académie Franz Liszt de Budapest en janvier 2019

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