Car ainsi en va-t-il du passage de l’être humain sur terre, 2022 a compté son lot de disparitions. Des figures importantes de l’art lyrique et du monde de la musique nous ont quittés, mais aussi des artistes plus discrets. Nous nous souvenons.
Philippe Aiche (1962-2022), violoniste. Premier violon solo de l’Orchestre de Paris, sa disparition a profondément marqué un ensemble qu’il avait contribué, depuis qu’il y était entré en 1985, à hisser au niveau des grands orchestres internationaux. (Lire notre brève).
John Aler (1949-2022), ténor. Il avait débuté dans le répertoire baroque au tournant des années 80 puis l’avait peu à peu étendu aux rôles de ténor léger, excellant notamment dans le répertoire des opéras-comiques français, d’Auber à Adam, et se distinguant par son élégance et sa délicatesse. (Lire notre brève).
Teresa Berganza (1933-2022), mezzo-soprano. Considérée comme l’une des plus grandes figures de l’opéra de la seconde moitié du vingtième-siècle, la mezzo-soprano espagnole s’est éteinte à l’âge de 89 ans. Longtemps après qu’elle eût quitté les scènes, sa figure joyeuse et éternellement jeune a fait la joie de bien des jurés de concours et des masterclass. (Lire notre hommage).
Harrison Birtwistle (1934-2022), compositeur. Le Britannique Harrison Birtwistle est décédé le 18 Avril 2022 à l’âge de 88 ans. Son premier opéra (de chambre), Punch and Judy (d’après les marionnettes traditionnelles éponymes) est créé le 8 juin 1968 à l’Aldeburgh Festival et choque une partie du public par sa violence. (Lire notre brève).
Philippe Boesmans (1936-2022), compositeur. Natif de Tongres (Belgique), Philippe Boesmans écrit huit opéras, essentiellement pour le Théâtre Royal de La Monnaie. Ses oeuvres sont données dans de nombreux théâtres français comme l’Opéra National de Paris, l’Opéra National de Lyon, l’Opéra National de Bordeaux, le Théâtre du Châtelet et au festival d’Aix-en-Provence. (Lire notre dossier).
Peter Brook (1925-2022), metteur-en-scène. Légende du théâtre mais aussi, dans une moindre mesure, du cinéma (Lord of the Flies !), Peter Brook est décédé le 2 juillet dernier à Paris, à l’âge de 97 ans. Tenter de résumer ses 80 ans de carrière en quelques lignes serait un pari perdu d’avance, tant cet artiste fut un boulimique du travail. (Lire notre brève).
Georges Cherière (1932-2022), journaliste, homme de radio. Créateur du magazine Diapason en 1956, puis de Répertoire trente ans plus tard, ce passionné de musique lui a consacré toute sa vie en faisant connaître au public francophone toutes les nouvelles parutions au moment de l’âge d’or du disque. (Lire notre brève).
William Cochran (1943-2022), ténor. Le chanteur d’opéra américain William Cochran est décédé le 16 janvier 2022. Après avoir remporté de nombreux concours de chant parmi les plus importants aux États-Unis, cet élève de Lotte Lehmann avait débuté sa carrière en 1968 au Metropolitan Opera. (Lire notre brève).
Brigitte Cormier (1935-2022), directrice d’agence de communication, autrice. Membre de la rédaction de Forumopera, Brigitte Cormier était une amie chère qui laissera notamment une biographie de référence d’Ewa Podleś parue aux éditions Symétrie. (Lire notre brève).
Gérard Corneloup (1946-2022), journaliste. La mort brutale, à la suite d’une agression, de ce journaliste, critique musical et historien très respecté a provoqué une forte émotion, non seulement à Lyon, sa ville, mais dans tout le monde lyrique. On lui doit notamment plusieurs ouvrages de référence sur l’histoire de l’art lyrique à Lyon. (Lire notre brève).
George Crumb (1929-2022), compositeur. Le compositeur américain George Crumb est mort chez lui, aux Etats-Unis, le 6 février 2022 à 92 ans. George Crumb était un créateur atypique dans le paysage musical qui l’a vu naître. (Lire notre brève).
Kurt Equiluz (1929-2022), ténor. Légendaire évangéliste des premières Passions enregistrées par Nikolaus Harnoncourt, le ténor est mort à l’âge de 93 ans. Formé comme alto à la meilleure école – celle des Wiener Sängerknaben – Kurt Equiluz entre à 28 ans dans la troupe de l’opéra de Vienne (Lire notre brève).
Maria Ewing (1950-2022), mezzo et soprano. Décédée à son domicile à Detroit dimanche 9 janvier à l’âge de 71 ans, elle étudie le chant à Cleveland auprès d’Eleanor Steber. La rencontre décisive se fait en 1973 quand James Levine la retient pour le festival de Ravinia dans l’Illinois. Elle se produit ensuite à Boston, à Miami, à Chicago, au festival de Santa Fe et commence sa carrière européenne à Cologne. Dès 1976, elle fait ses débuts à Salzbourg et au Metropolitan avec le rôle de Cherubino. (Lire notre brève).
Ezio Frigerio (1930-2022), chef décorateur et scénographe. L’Italien était connu notamment dans le monde de l’opéra pour avoir collaboré avec Giorgio Strehler. (Lire notre brève).
Jean Gallois (1929-2022), musicologue. Né Jacques Gaillard, il était à l’origine aux Editions Bleu Nuit d’une fameuse collection consacrée aux compositeurs et à l’histoire de la musique, Horizons, pour laquelle il a écrit plusieurs biographies. Celle consacrée à Ernest Chausson pour Fayard est une autre de ses grandes références. (Lire notre brève).
Michael Hampe (1935-2022), metteur en scène, directeur d’institutions lyriques. Violoncelliste de formation et également acteur, il se consacre à la mise en scène d’opéras et dirige plusieurs théâtres et festivals en Allemagne, en Autriche (Salzbourg) et en Suisse. On lui doit de nombreuses productions, parfois reprises à Paris, le plus souvent très proches des livrets et classiques dans leur conception. (Lire notre brève).
Alice Harnoncourt (1930-2022), violoniste. Née Hoffelner, elle épouse Nikolaus Harnoncourt en 1953 et sera tout autant que lui à l’origine de la création du Concentus Musicus de Vienne dont elle sera un pilier incontournable et véritable femme-orchestre de l’institution, dont elle sera en outre la konzermeisterin pendant plus de trente ans, première femme à occuper un tel poste dans un orchestre autrichien. (Lire notre brève).
Kader Hassissi (1950-2022), créateur et directeur du Festival international d’opéra baroque et romantique de Beaune. Cet ancien économiste avait créé aux côtés de la musicologue Anne Blanchard ce grand festival en 1983, qui a vu nombre de grands artistes non seulement s’y produire mais aussi y débuter. (Lire notre brève).
Wim Henderickx (1962-2022), compositeur. Figure incontournable parmi les compositeurs belges, le Flamand est décédé prématurément à l’âge de 60 ans. Hyperactif, Wim Henderickx, dont la talent et la gentillesse ont été unanimement loués, est notamment l’auteur de trois opéras. (Lire notre brève).
Renate Holm (1931-2022), soprano. Petite fille d’un général de brigade de la première guerre mondiale, ancienne assistante dentaire, Renate Holm prend des cours privés de chant et s’en trouve retenue dans les forces de l’Opéra d’Etat de Vienne. Sa vie est un roman (Lire l’hommage de Jean-Pierre Rousseau, sur son blog).
Marie Leonhardt (1928-2022), violoniste. Comme Alice Harnoncourt, disparue quelques jours à peine avant elle, Marie Leonhardt (née Amsler) était une pionnière, elle aussi aux côtés de son mari Gustav, avec qui elle créera le Leonhardt Consort. Grande pédagogue, elle enseignera le violon toute sa vie à Rotterdam. (Lire notre brève).
Barnabé Marti (1928-2022), ténor. Connu principalement pour avoir épousé en 1964 Montserrat Caballé, le ténor est mort à l’âge de 93 ans. Les deux chanteurs s’étaient rencontrés sur la scène de La Corogne. (Lire notre brève).
Pascal Monteilhet (1955-2022), luthiste. Esprit original, personnage singulier, il se forme au luth auprès d’Hopkinson Smith et Eugène Dombois, puis part deux ans dans le Pacifique. Revenu en France, il co-fonde avec Gérard Lesne Il Seminario Musicale, devenant cheville ouvrière de maint concert et maint disque, notamment de musique vocale. Il travaille alors avec les principaux chefs baroques et crée en 1994 la classe de luth du CNSMP. En 2005, il enregistre un disque consacré à Robert de Visée, annonce que ce sera son dernier disque, se sépare de ses instruments, quitte la vie musicale, tagge sur le ministère « un jour, le luth sera vainqueur », puis part, loin, en Asie. Il décède d’une crise cardiaque en août 2022.
Mariana Nicolesco (1948-2022), soprano. Née à Bucarest, violoniste de formation, elle se découvre une voix, part se perfectionner à Rome, et chez Madame Schwarzkopf, avant de débuter en Mimi à Cincinnati. Les plus grandes scènes, les plus grands rôles, les plus grands chefs, les plus grands metteurs en scène : elle aura tout eu pendant ses vingt années de carrière, chantant Violetta près de deux cents fois et apparaissant au premier concert de Noël du Vatican en 1993. Revenue en Roumanie après la chute du communisme, elle y fonda le très important concours de chant international Hariclea Darclée. Son pays natal l’a couverte de médailles, jusqu’au Prix Constantin Brancoveanu pour l’ensemble de sa carrière en 2020
Libor Pešek (1933-2022), chef d’orchestre. Elève de Smetáček et Neumann à Prague, Pešek servira à son tour durant toute sa carrière le répertoire de son pays, y compris à la tête de l’orchestre philharmonique royal de Liverpool, qu’il dirigera pendant de longues années. (Lire notre brève).
Nigel Rogers (1935-2022), ténor. Orfeo de légende, le natif de Wellington s’est éteint le 19 janvier 2022. Après des études au King’s College, il s’est spécialisé dans la musique ancienne et enseigne au Royal College of Music de Londres.
Ana María Sánchez (1959-2022), soprano. L’artiste s’était fait un nom dans le répertoire lyrico-dramatique dans de nombreux rôles puissants, mais aussi pour défendre le répertoire des zarzuelas, avant de se tourner vers l’enseignement (Lire notre brève).
Stefan Soltész (1949-2022), chef d’orchestre. En pleine représentation de La Femme silencieuse à Munich, un malaise fatal a emporté ce chef d’orchestre, habitué des théâtres autrichiens et allemands. (Lire notre brève).
Christoph Stiller (1969-2022), chef d’orchestre. C’est un pilier du Staatstheater Wiesbaden, avec lequel il travaillait depuis un quart de siècle qui disparaît brutalement, juste avant de diriger une représentation d’Hänsel und Gretel dans ce même théâtre. (Lire notre brève).
Lars Vogt (1970-2022), pianiste et chef d’orchestre. Lars Vogt s’était rendu célèbre comme pianiste concertiste dans le monde entier avant d’embrasser la carrière de chef d’orchestre, jusqu’à diriger l’orchestre de chambre de Paris à partir de 2020. S’il n’a pas dirigé d’opéras, il n’en a pas moins été un interprète de lieder, accompagnateur émouvant, notamment, de Ian Bostridge dans un récent enregistrement consacré au Chant du Cygne de Schubert. (Lire notre article sur ce dernier enregistrement).
Klaus Weise (1936-2022), chef d’orchestre. Habitué des scènes outre-Rhin, où il avait dirigé plusieurs théâtres, il avait été appelé à la tête de l’Orchestre philharmonique de Nice au début des années 90, et avait laissé à l’Opéra de cette même ville comme dans la région le souvenir d’un engagement sans faille. Il était d’ailleurs resté attaché à la Côte d’Azur où il est décédé en septembre dernier. (Lire notre brève et l’hommage du directeur de l’Opéra de Nice).
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Illustration : « Décès du fils premier-né du Pharaon», de Sir Lawrence Alma Tadema. Rijksmuseum, Amsterdam.