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Cinq questions à Julian Prégardien

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Interview
29 août 2011

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C’est un beau jeune homme blond avec un regard timide. Julian Prégardien n’est pourtant pas, malgré son jeune âge (tout juste 27 ans), un musicien débutant, loin s’en faut. Fils de son célèbre ténor de père, il pratique le chant depuis l’enfance, dans la meilleure tradition allemande. Différents projets avec Sigiswald Kuijken sont interrompus par la mue ; Julian se cantonne ensuite pendant quelques années au rôle de musicien choriste. Philippe Pierlot, le premier, lui confie des rôles solistes dans les cantates de Bach, puis ce sont de nouveaux débuts au Prinz Regent Theater de Munich, à Innsbruck avec René Jacobs et aux Académies d’Aix en Provence avec Jérémie Rohrer. Sa carrière est lancée.   

 

 

Quel rôle votre père a-t-il joué dans votre apprentissage ?

 

Il ne m’a certainement pas aidé à mes débuts. Bien sûr, je baignais dans une ambiance musicale très propice, mais mon père se posait d’avantage en observateur qu’en moteur de mon évolution vocale. Sans doute savait-il trop lui-même toutes les difficultés qui attendent un jeune chanteur… Aujourd’hui que mes choix sont faits, c’est un peu différent : je travaille régulièrement avec lui, du moins quand nos agendas le permettent, et il me conseille dans le choix du répertoire, la composition des programmes. Cette relation d’entière confiance est extrêmement profitable, et je lui dois beaucoup. Mais je travaille bien sûr aussi avec d’autres maîtres, notamment Marga Schiml à Karlsruhe et aussi le coach de l’opéra de Frankfurt.

 

Le programme de lieder que vous proposez est assez original. Qui en est le concepteur ?

 

C’est le pianiste Michael Gees qui est venu avec l’idée de reconstituer l’ambiance d’une soirée musicale entre amis, comme Schubert les pratiquait au début du XIXe siècle. Nous alternons donc les lieder avec des pièces pour piano seul, nous mélangeons les compositeurs et les poètes, et laissons une large place à l’inspiration de dernière minute. Pour ne pas complètement désorienter le public, il y a un fil rouge tout au long du programme (ici en l’occurrence l’eau, l’air, la terre et le feu), mais c’est plutôt une idée qui s‘impose en finale. Michael Gees préparait ce projet depuis très longtemps, mais aucun des chanteurs avec lesquels il travaille habituellement ne voulait s’y risquer.

 

Vous rompez ainsi avec une longue tradition. Pensez-vous que la formule habituelle du Liederabend a fait son temps ?

 

Pas nécessairement, mais on peut certes envisager des alternatives… Nous avons même poussé les choses assez loin, puisque le pianiste propose aussi des intermèdes de sa propre composition entre les différents lieder : c’est en effet tout à fait inhabituel de nos jours, mais c’était une pratique commune au XIXe. On sait par exemple que Clara Schumann improvisait entre les différents morceaux lorsqu’elle accompagnait les lieder de son mari en récital. Par ce type de proposition, nous espérons une plus grande adhésion du public, sur lequel nous comptons pour créer l’atmosphère amicale requise ; nous voulons aussi réduire la distance qui s’installe presque toujours entre le chanteur sur la scène et le public assis un peu passivement dans la pénombre.

 

Alors que la plupart des jeunes chanteurs se spécialisent, vous menez en parallèle une carrière de concertiste et de chanteur d’opéra…

 

Je fais ce que ma voix m’autorise à faire. C’est toujours la voix qui dicte les choix de répertoire, en particulier pour un ténor. Dans l’opéra, je me garde bien d’aborder trop tôt des rôles trop lourds. Le travaille de troupe (Julian Prégardien fait partie de la troupe de l’opéra de Frankfort) permet bien sûr d’élargir beaucoup son répertoire et de toucher une peu à toutes les époques et à tous les genres. Le monde de l’oratorio m’est familier depuis toujours, celui du lied aussi, même s’il est plus exigeant. Il touche aussi une dimension plus intime, plus personnelle, on y est plus exposé.

 

Quels sont vos projets pour les prochaines saisons ?

 

Ils sont nombreux et variés : à Frankfurt, je chanterai l’Etoile de Chabrier, les Contes d’Hoffmann, je participerai à une production de La Finta Giardiniera à Aix en Provence (2012), j’ai toute une tournée avec Concerto Köln, plusieurs prestations dans le rôle de l’Evangéliste des passions de Bach avec Philippe Herreweghe, des récitals au Festival d’Edimbourg et à Schwarzenberg avec mon père

 

Propos recueillis par Claude Jottrand

Julian Prégardien © DR

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