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Cinq questions à Ludwig Van Beethoven

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Interview
18 octobre 2010

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La publication, pour la première fois en français, de l’intégrale de la correspondance de Ludwig Van Beethoven chez Actes Sud nous offre matière à scoop : une interview du compositeur de Fidelio selon une formule éprouvée (et qui est l’une de nos marques de fabrique) : les cinq questions.

  

 

Pourquoi n’avoir composé qu’un seul opéra ?

 

Il est si difficile de trouver un bon livret d’opéra : depuis l’année dernière, je n’en ai pas refusé moins de douze ou davantage. J’ai dû payer de mon escarcelle sans recevoir rien d’utilisable. (Lettre au comte Ferdinand Pallfy, 11 juin 1811)

 

Parmi les sujets que vous avez envisagés, il y a eu tout de même Alcina…

 

Le sujet d’Alcina est par trop connu – je me rappelle plusieurs scènes du ballet Alcine* ; et rien que de m’en souvenir me cause une impression de malaise ; et quelle occasion ne serait-ce pas pour des comparaisons […]. Prenez par exemple l’épisode de l’enlèvement sur le cheval ailé de Roger qui dans le ballet peut se passer sous les yeux des spectateurs – ou les autres, de Bradamante qui provoque Atlas, d’Atlas mis aux fers. Tous ces épisodes étaient représentés dans le ballet [..]. Et puis, la magie à tout prix. Je ne peux pas nier que j’ai en général une sorte de prévention contre ce genre de choses, parce qu’elles produisent un effet soporifique sur les sentiments et sur la raison. (Lettre à Heinrich Joseph von Collin, automne 1808)

 

Pourquoi avoir révisé plusieurs fois Fidelio ?

 

L’opéra Fidelio était écrit depuis plusieurs années mais le livret et le texte étaient très défectueux. Le livret a dû être complètement remanié, et de ce fait plusieurs numéros de l’œuvre musical augmentés, d’autres abrégés alors que d’autres ont été entièrement composés à nouveau. L’Ouverture par exemple est nouvelle d’un bout à l’autre ainsi que d’autres morceaux… (Lettre à Charles Neate, 19 avril 1817). J’aurais plus vite fait de composer à nouveau que de rapetasser l’ancien avec du neuf […] Habituellement, lorsque je compose, même dans ma musique instrumentale, j’ai toujours l’ensemble sous les yeux mais ici l’ensemble de ma composition a été, d’une certaine manière, distribué un peu partout et je dois reconstruire en moi-même l’œuvre en entier. Bref, je vous assure […] que mon opéra me gagnera la couronne des martyrs. (Lettre à Georg Friedrich Treitschke, avril 1814)

 

Faut-il, pour être « moderne », faire une croix sur les compositeurs d’autrefois ?

 

Les anciens compositeurs peuvent nous rendre service et même un double service, étant donné que leurs œuvres sont en général d’une grande valeur artistique (En fait de génies, il n’y en eut que deux parmi eux : l’allemand Händel et Sebastian Bach). Mais dans le monde de l’art comme dans la grande création toute entière, la liberté et le progrès sont notre principal but, et si nous ne sommes pas, nous les modernes, aussi avancés en fait de solidité que nos prédécesseurs, le raffinement de nos mœurs a quand même élargi plus d’une de nos conceptions ( Lettre à l’Archiduc Rodolphe, 29 juillet 1819)

 

Bach, Haendel : deux génies… Et Mozart ?

 

De tout temps, je me suis compté parmi les plus grands admirateurs de Mozart et je le resterai jusqu’à mon dernier soupir. (Lettre à l’Abbé Maximilian Stadler, 6 février 1826)

 

 

Les lettres de Beethoven

L’intégrale de la correspondance 1787-1827

Préface de René Koering

1746 pages – 49€

Actes Sud

 

 

* Ballet avec musique de Joseph Weigl (1766-1846), représenté pour la première fois à Vienne le 28 janvier 1798

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