Paris l’a applaudie en 2021 sur la scène du Palais Garnier dans 7 Deaths of Maria Callas, trop brièvement pour que son nom marque les esprits. Précédée d’une rumeur élogieuse, Mimi offre à Selene Zanetti l’occasion de grands débuts parisiens. Cinq questions pour mieux faire sa connaissance auparavant.
Nous vous avons découvert au Cap en Afrique du Sud lors de l’édition 2016 de l’International Belvedere Competition. Que s’est-il passé dans votre carrière professionnelle depuis ?
En fait, c’est au Cap que ma carrière professionnelle a véritablement commencé ! Le concours a eu lieu en juin. En septembre, j’ai rejoint le Young Artist Project du Bayerische Staatsoper. L’année 2016 a été une année folle pour moi, car après avoir obtenu mon diplôme au Conservatoire de musique de Padoue en 2015, j’ai voulu me mesurer aux jeunes collègues du monde entier. J’ai donc passé une année à participer à différents concours, la dernière d’entre eux étant le Belvedere en Afrique du Sud.
Au Cap, nous avions apprécié la façon dont vous filiez les notes aiguës.
Beaucoup de personnes m’interrogent à propos de mes notes aiguës flottantes. Techniquement, ce n’est pas évident de chanter piano et doux dans le registre aigu. C’est quelque chose que j’ai toujours su faire naturellement mais j’avoue avoir ensuite beaucoup travaillé pour l’affiner.
Vous vous êtes perfectionnée auprès de la soprano bulgare Raina Kabaivanska. Que vous a-t-elle appris ?
Raina est mon modèle. Elle est toujours mon professeur et je sais que je peux compter sur elle dans ma vie comme dans ma carrière professionnelle. Elle est la « dernière diva ». La première chose qu’elle m’a transmise est son immense respect pour la musique et le théâtre. Elle m’a aussi beaucoup appris techniquement et scéniquement, de la respiration à la manière d’interpréter un rôle, mais sa plus grande leçon est d’être courageuse, intrépide et fière d’être moi-même, surtout sur scène !
Quel est le principal défi lorsque vous chantez Mimi ?
Il n’y a pas de difficultés particulières dans ce rôle. Bien sûr, on peut dire que le troisième acte est très, très exigeant sur le plan vocal et que le deuxième est le plus « facile », mais après avoir chanté de nombreuses Mimi, je peux dire que tout l’opéra représente un énorme défi. Il est impossible de garder une certaine distance émotionnelle avec cette fille, pauvre et malade, qui vit un véritable amour pour la première fois. La principale difficulté est de ne pas se laisser emporter par l’immensité et la profondeur de la tragédie de Mimi. Chaque fois que j’arrive à la réplique « vorrei che eterno durasse il verno » au troisième acte, lorsqu’elle et Rodolfo décident de se séparer au printemps parce qu’en hiver il est trop triste d’être seul, et qu’elle voudrait que l’hiver dure éternellement… Eh bien, c’est pour moi déchirant et très difficile à gérer. Et – spoiler ! –, il est très difficile de chanter et de pleurer en même temps.
Aujourd’hui votre répertoire compte Mimi, Leonora et Micaëla, entre autres. En tant que soprano lyrique, vous disposez d’un large éventail de rôles. Dans quelle direction aimeriez-vous que votre voix évolue ?
Le choix du répertoire est toujours délicat. J’essaie de trouver des rôles qui ne soient ni trop lourds, ni trop légers, mais qui me permettent de progresser. Heureusement, j’ai un manager extraordinaire, Gianluca Macheda, qui est très expérimenté et qui sait exactement ce que ma voix et moi-même pouvons faire. Je ne peux pas dire quelle direction prendra ma voix. Je pense rester dans le répertoire italien, mais qui sait ?