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Cinq questions à Tamara Wilson

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Interview
6 novembre 2023
La soprano américaine fait ce mois-ci ses débuts à l’Opéra de Paris dans Turandot avant de chanter en février prochain sur cette même scène le rôle-titre de Beatrice di Tenda.

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Passer de Turandot à Beatrice di Tenda en quelques semaines, c’est un peu comme s’essayer à la gymnastique au sol après avoir escaladé le Mont Blanc. Comment vous préparez-vous à relever le défi ?

Les deux premiers rôles de ma carrière ont été Amelia dans Un ballo in maschera et, un mois plus tard, Konstanze dans Die Entführung aus dem Serail. J’ai toujours changé d’époque et d’école de chant, car je pense qu’il est bon de garder la voix en mouvement. Si je ne chantais que des rôles lourds, ma voix en souffrirait. J’aime chanter et interpréter tous les styles et j’ai la chance que les chefs d’orchestre et directeurs me confient des rôles variés. À ce jour, j’ai chanté 37 rôles écrits par quatorze compositeurs différents.

Beatrice di Tenda est votre deuxième grand rôle belcantiste (après Norma à Barcelone). Est-ce un répertoire que vous souhaitez davantage explorer ?

Vocalement parlant, Norma et Béatrice sont très différentes. Norma a une écriture plus dramatique avec moins de colorature, et Béatrice veut plus de technique. J’ai tendance à ne pas chanter les rôles belcantistes, parce que ma voix n’a pas d’extension au-dessus du . Il est dans la tradition d’interpoler des notes aiguës. Le public les attend ; je ne voudrais pas les décevoir. Des rôles comme Béatrice, Norma et Imogene du Pirata sont écrits dans des tonalités plus favorables. Je peux les chanter comme Bellini l’a voulu tout en donnant au public les notes aiguës attendues.

Entre Turandot et Beatrice di Tenda, vous chanterez Adriana Lecouvreur (à Lyon et au Théâtre des Champs-Elysées) puis plus tard dans la saison rien moins que Brunnhilde et Isolde. Quel est votre secret pour tenir le coup ?

Cette saison et la précédente sont les plus chargées que j’aie jamais eues en raison de la reprogrammation des saisons 2020 et 2021 et des annulations. J’ai eu beaucoup de concerts non prévus. Cela implique beaucoup de sommeil, de Netflix et une vie d’ermite. Posez-moi de nouveau la question après cet été, et nous verrons si j’ai survécu. Heureusement, les saisons suivantes sont un peu plus équilibrées.

Vous êtes connue pour vos prises de position affirmées, notamment sur le physique des chanteurs et sur le blackface. Que pensez-vous de l’actuel débat sur les mises en scène contemporaines qui divise les amateurs d’opéra ?

Comme pour toute chose, je crois qu’il n’y a pas de réponse unique. Nous vivons actuellement dans un monde où chaque personne peut partager son opinion avec le reste de la planète en une milliseconde. Ce que nous n’avons pas, c’est un discours ou une perspective. Il s’agit d’une question humaine qui nécessite de l’écoute, de la nuance et de la compréhension. Nous devons nous extraire du présent et considérer la situation dans son ensemble. Historiquement, l’opéra a reflété la politique et la sociologie de l’époque. Il ne devrait pas en faire moins aujourd’hui.

Le pathos de l’opéra des siècles passés est toujours d’actualité, alors que d’autres sujets ne le sont plus. C’est une bonne chose. Cela montre que nous avons progressé en tant que société. Pourquoi ne serait-il pas logique que les nouvelles mises en scène reflètent également cette époque ? De nouvelles histoires avec de la grande musique. C’est l’avenir. Mais nous ne devons pas renoncer au passé. Nous devons enseigner et apprendre des erreurs de l’histoire. Encore une fois, nous ne résoudrons pas tous les problèmes facilement, mais rien de ce qui vaut la peine d’être fait n’est facile à réaliser.

Ce 2 décembre, on célèbre le centenaire de la naissance de Maria Callas. Est-elle une de vos sources d’inspiration ?

Je pense que ma réponse est très différente de celle à laquelle la plupart des gens s’attendent. Tous les chanteurs que j’écoute sont une source d’inspiration. Je m’y réfère pour une multitude de raisons. Par exemple, si je veux savoir comment chanter un rôle d’un point de vue technique, je me tourne vers Birgit Nilsson. Pour le drame et la musicalité, direction Callas. Si je veux entendre la beauté, Caballé. Si je veux me plonger dans le texte et la diction italienne, Tebaldi. Si je veux assister à une leçon de maître, Devia ; de passion, del Monaco. La liste est encore longue. Même mes collègues m’apprennent chaque jour quelque chose de nouveau.

Aujourd’hui, j’écoute les chanteurs différemment. Pour faire une analogie c’est comme regarder une belle voiture de sport. Au début, vous la contemplez et vous vous dites « wow, c’est incroyable ». Mais moi, je regarde attentivement chaque composant sous le capot, chaque soupape, chaque piston, chaque écrou et chaque boulon. C’est ainsi que j’écoute et regarde les chanteurs. J’observe comment ils font pour exceller. En étudiant toutes les composantes de leur technique, même leurs défauts, j’essaie d’améliorer ma propre technique et mon art.

- Turandot à l’Opéra Bastille du 6 au 29 novembre 2023
- Adriana Lecouvreur en version de concert le 3 décembre 2023 à l’Opéra national de Lyon et le 5 décembre au Théâtre des Champs-Elysées
- Beatrice di Tenda à l’Opéra Bastille du 9 février au 7 mars 2024

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