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Diana Damrau : « Pourquoi j’adore Meyerbeer ! »

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Interview
11 septembre 2017
Diana Damrau : « Pourquoi j’adore Meyerbeer ! »

Infos sur l’œuvre

Détails

Diana Damrau vient d’enregistrer un album entièrement consacré à Giacomo Meyerbeer, le père du Grand Opéra français mais pas seulement ! Elle partage son enthousiasme pour ce compositeur encore trop négligé en France.


Comment vous est venu ce désir d’enregistrer un album consacré à Giacomo Meyerbeer ?

Lorsque j’étais étudiante, en 1991, j’ai été amenée un peu par hasard à chanter sa cantate Gli amori di Teolinda.  J’étais soprano colorature et, bien évidemment, je connaissais la scène de Dinorah : donc pour moi, Meyerbeer était avant tout un compositeur français. Nos professeurs ne nous en parlaient d’ailleurs pas particulièrement. J’ai donc découvert qu’il était aussi un compositeur italien, et j’ai trouvé que cette cantate était géniale. Meyerbeer est extrêmement créatif : il ose des combinaisons très éloignées de la mode de son temps, avant-gardistes même. Il compose ici plutôt une sorte de concerto pour soprano et clarinette qu’un morceau d’opera seria à l’italienne selon les canons de l’époque. De plus, les mélodies en sont magnifiques. J’ai voulu en savoir plus sur ce compositeur. C’est alors que j’ai appris qu’il avait également composé en allemand. Ainsi, j’avais cette idée utopique d’enregistrer un jour un album où j’aborderais les trois facettes de ce compositeur, la française, l’italienne et l’allemande. Lorsque j’ai signé avec ma maison de disques, j’ai rapidement enregistré un CD consacré à Mozart et Salieri, un autre projet qui me tenait à coeur. Pour Meyerbeer, cela a mis plus de temps, mais nous y sommes arrivés. De plus, avec l’évolution de ma voix, je suis aujourd’hui plus à l’aise pour interpréter une plus large palette de ses héroïnes avec davantage de couleurs. C’était vraiment le bon moment.
 
Comment qualifieriez-vous votre voix aujourd’hui ?
Je dirais que je suis plutôt un soprano lyrique, mais avec de la légèreté. J’adore les coloratures et je tiens absolument à conserver mes moyens pour les exécuter !
 

Quels sont les rôles de Meyerbeer que vous avez abordés à la scène ?
J’ai chanté Les Huguenots à Francfort en 2002. Puis, j’ai participé à un concert à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du  compositeur. C’est là où j’ai chanté pour la première fois la scène de Dinorah. A l’occasion d’un concert à Berlin, l’arrière petite-fille du compositeur m’a remis un petit mot pour me remercier d’avoir défendu la muisque de son aïeul : j’ai trouvé ça très touchant. Je suis également heureuse et impatiente de chanter Meyerbeer à la Philharmonie de Paris en octobre prochain. Et j’espère bien le retrouver à la scène prochainement.
 
Parmi les rôles que vous interprétez sur ce CD, quels sont ceux que vous préférez ?
Dinorah ne m’intéresse pas trop à la scène, mais l’air est parfait. J’adore L’Africaine, en particulier l’air d’Inès à l’acte V. C’est une page que l’on coupe habituellement. Je la chante désormais en bis. C’est tellement beau, enivrant , avec des lignes a capella d’une beauté que je ressens mais que je trouve inexplicable. C’est comme une prière.
J’aime beaucoup aussi l’air d’Isabelle dans Robert le Diable, un rôle que j’aurais pu chanter à la scène mais auquel j’ai dû renoncer car j’attendais mon second enfant. J’étudie bien sûr le texte, mais je réfléchis aussi à ce qu’il y a d’exprimer derrière. Dans ce morceau, Isabelle supplie plusieurs fois Robert : l’air part d’un rien, mais peu à peu Isabelle utilise tous les arguments pour essayer de sauver Robert de lui-même. Elle y fait passer toutes les couleurs, toutes les intensités. On entend toujours la même mélodie, mais qui évolue en crescendo jusqu’à une dernière invocation désespérée, quand Isabelle pense qu’elle n’y arrivera plus. C’est vraiment un air superbe.
 
Quels sont vos rôles favoris ?
Violetta de La Traviata, bien sûr ! Mais récemment, j’ai mis la Juliette de Gounod à mon répertoire et ce fut une révélation. Pour moi, Roméo et Juliette, c’était d’abord le ballet de Prokoviev et la pièce de Shakespeare. J’avais déjà entendu l’opéra mais il ne m’avait pas marqué outre mesure. Aujourd’hui, j’adore chanter Juliette : c’est une partition qui vous lave la voix, l’âme, la tête, le coeur… Un rôle magnifique. Lorsque je l’ai interprétée au Met avec Vittorio Grigolo, le metteur en scène Bartlett Sher nous a offert des espaces de liberté pour nous permettre de créer une alchimie entre nous deux, et je crois que ça a bien marché. Là encore, je trouve cette musique d’une beauté inexplicable, avec une extraordinaire variété d’émotions : c’est une lutte pour l’amour, la liberté, l’avenir … Aujourd’hui j’aime ce rôle presque autant que celui de Violetta. J’aime beaucoup aussi le rôle de Leila dans les Pêcheurs de Perles. Nous avons eu la chance d’avoir deux productions exceptionnelles, d’abord au Theater an der Wien dans une mise en scène géniale de Lotte de Beer, puis ensuite au Metropolitan de New-York où la production a connu un immense succès.
 
Y-a-t-il des rôles que vous souhaiteriez chanter mais que l’on ne vous a jamais proposés ?
Il y en avait un, mais ça va se réaliser finalement : je garde le secret ! 
 
Avez-vous d’autres rôles en préparation ?
Prochainement je mettrai Maria Stuarda à mon répertoire, dans une nouvelle production zurichoise, et Marguerite de Faust à Berlin. De son côté, mon mari (Nicolas Testé) prépare sa prise de rôle dans La Damnation de Faust pour le Festival de Bucarest : nous nous inspirons et nous nous aidons mutuellement.
Chaque année, j’ai la chance de pouvoir chanter un ou deux nouveaux rôles. Il y a encore beaucoup d’ouvrages dans le répertoire français qui correspondent à ma voix !

 

 

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