La fin de saison lyrique a été marquée par la grogne des directeurs de théâtres français qui n’ont pas apprécié la nomination � la tête de l’Opéra National de Lyon de Serge Dorny, pas plus que les conditions dans lesquelles Danielle Ory a été évincée de la direction de l’Opéra Théâtre de Metz. Au premier, précédemment directeur général du Philharmonique de Londres, on reproche son inexpérience puisqu’il n’a jamais encore dirigé de maison d’opéra. Il semble pourtant que ses qualités de gestionnaire aient fait la différence pour une institution dont la conduite financière avait parfois été erratique dans le passé.
Avec l’arrivée annoncée de Gérard Mortier à la tête de l’Opéra National de Paris, ce sont deux des principales scènes lyriques hexagonales qui seront confiées à des gestionnaires d’outre Quiévrain, de quoi sans doute susciter quelques jalousies en des temps où le sinistre concept de préférence nationale refait surface. L’actuel directeur de l’ONP, Hugues Gall, a pour sa part été attaqué de façon aussi féroce qu’injuste par le critique musical favori d’un grand quotidien vespéral qui, au lendemain du retentissant échec d’Idoménée, a dénoncé les carences de sa politique artistique. Dominique Fernandez s’est chargé de lui répondre dans le détail dans les colonnes du même journal, aussi nous contenterons-nous de souligner que la programmation d’Hugues Gall fait preuve d’un éclectisme que nous espérons pouvoir retrouver chez son successeur.� �
A Metz, le bras de fer entre Danielle Ory et les services administratifs municipaux s’est soldé par le non renouvellement du mandat de la directrice dans des conditions qui ne font certainement pas honneur au sénateur-maire Jean-Marie Rausch. On se rappelle que c’est pour des raisons similaires que le chef québécois Jacques Lacombe, qui avait réalisé un travail remarquable � la tête de la Philharmonie de Lorraine, a décidé de quitter la ville l’an passé. Les interférences directes du personnel politique dans les orientations artistiques ne peuvent avoir que de néfastes conséquences et si la programmation de Danielle Ory n’a pas toujours fait l’unanimité, il faut lui savoir gré d’avoir offert � de jeunes et brillants chanteurs français d’importantes prises de rôle (Marie-Ange Todorovitch, Gilles Ragon, Laurent Naouri, Nicolas Cavallier, Sylvie Brunet…).
Ainsi va la vie de nos institutions lyriques et ces préoccupations n’ôteront sans doute rien au plaisir des festivaliers qui ne vont pas tarder � prendre leurs quartiers aixois ou orangeois. Il nous reste donc � leur souhaiter ainsi qu’� vous tous d’excellentes vacances, et � vous donner rendez-vous au mois de septembre pour une rentrée placée sous le signe du bel canto.
Vincent Deloge
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