Six appelés, trois dans chaque catégorie, pour seulement deux élus. Qui emporte cette année l’ARABELLA DE PLATINE, décerné à la personnalité du monde lyrique ayant exercé en 2007 le rôle le plus positif ? Qui récupère l’ORTRUD DE CRISTAL, le prix qui stigmatise l’artiste le plus agaçant ?
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Etaient nommés dans la catégorie ARABELLA DE PLATINE
- Nicolas Joël parce qu’avec son arrivée à Paris, Toulouse ne sera enfin plus la 1ère ville lyrique de France ;
- Annick Massis pour sa consécration en 2007 sur la première scène lyrique de Paris (Eudoxie) et de New-York (Lucia) ;
- Waltraud Meier parce qu’avec son Ortrud à Paris et son Isolde à Milan, elle confirme en 2007 que dans Wagner, elle est vraiment la « meier » !
Le vainqueur est Nicolas Joël
Parce qu’il sait la musique, qu’il est un homme de culture et d’écoute, curieux et avisé,
Parce qu’il a fait du Capitole de Toulouse la première scène lyrique de province française, et démontré que le label « Opéra National » flatte plus sûrement l’ego des élus locaux que l’oeil et l’oreille des spectateurs,
Parce que nous lui devons deux des productions les plus excitantes données dans l’hexagone au cours des dix-huit derniers mois (La Femme sans Ombre et Le Roi d’Ys),
Parce qu’il aime les chanteurs, qui le lui rendent bien, valeurs confirmées revenant fidèlement sur les rives de la Garonne comme jeunes talents qu’il est fier de révéler, et ne programme jamais un ouvrage sans être certain de disposer d’une distribution adéquate,
Parce que metteur en scène au métier incontestable, maîtrisant toutes les ficelles de la tradition, il a néanmoins été le premier en France à inviter Marthaler,
Parce qu’il connaît et programme tous les répertoires, du baroque à la création contemporaine, sans exclusive ni parti pris,
Parce que sa nomination à la tête de l’Opéra National de Paris a prodigieusement agacé ceux qui feignent d’ignorer que la France ne s’arrête pas aux portes de sa capitale (sa ville natale, soit dit en passant), à un moment où le budget de la culture est plus que jamais concentré sur les institutions parisiennes,
Parce que Garnier et Bastille succomberont à nouveau très bientôt au charme de l’opéra français de demi caractère et à l’ivresse du vérisme italien,
Parce que la provocation et le mépris ne sont ni dans sa manière d’être, ni dans sa manière d’administrer, qu’il respecte en permanence l’œuvre comme le spectateur,
Parce que l’Opéra National de Paris redeviendra sous sa direction une scène de répertoire et non un festival sur dix mois,
Parce qu’un épicurien ne saurait être un mauvais homme,
Forum Opéra a décerné son Arabella de Platine pour l’année 2007 à Nicolas Joel, à l’occasion de sa nomination à la tête de l’Opéra National de Paris, où il succèdera en 2009 à Gérard Mortier. [Vincent Deloge]
Etaient nommés dans la catégorie ORTRUD DE CRISTAL
- Philippe Jaroussky pour l’ensemble de ses pochettes de disque ;
- Evelino Pidò parce que, oui il y a d’autres chefs d’orchestre dans le monde capable de diriger le bel canto romantique ;
- Christoph Marthaler et Anna Viebrock parce qu’après Katia, Susanna, Violetta et Ariane en RDA on voudrait leur rappeler que le mur est tombé depuis 1989.
Le vainqueur est Evelino Pidò
On connaît Evelino Pidò depuis un certain temps… Son catalogue discographique est relativement étoffé et il dirige dans des maisons d’opéra de premier plan (La Cenerentola au Covent Garden en décembre 2007, La Gioconda au Teatro Real de Madrid en février 2008…).
Pourtant il semble particulièrement présent en France. Lucie de Lamermoor avec Natalie Dessay à Lyon puis Patrizia Ciofi, L’Elixir d’Amour à Lyon avec Roberto Alagna et Angela Gheorghiu c’était déjà lui.
Et cette présence semble se muer en omniprésence avec le temps… Lucia di Lammermoor à Bastille en octobre 2006, c’est lui, la Semiramide au Théâtre des Champs Elysées, c’est lui, L’Elixir d’Amour à Bastille en septembre 2007, le Roberto Devereux ou la Maria Stuarda à l’Opéra de Lyon et au Théâtre des Champs Elysées en septembre 2007, c’est encore lui… Et devinez qui dirigera I Capuleti e i Montecchi en mai/juin 2008 à l’Opéra Bastille ?
Et l’on ne vous parle pas des enregistrements… Toute incursion de nos stars lyriques françaises, Natalie ou Roberto, dans le Bel Canto romantique ne peut s’envisager sans lui.
A croire qu’il est impossible de représenter un opéra de Donizetti ou Bellini en France ou d’en enregistrer* sans appeler au secours le bon Docteur Pidò…
Au-delà des qualités ou défauts de sa direction d’orchestre, c’est bien ce monopole d’Evelino Pidò dans le Bel Canto romantique que vient sanctionner l’Ortrud de Cristal cette année… car oui il existe bien d’autres chefs d’orchestre dans le monde capables de diriger ces œuvres ! [Antoine Brunetto]
(*) Récital Bel Canto de Roberto Alagna chez EMI, Italian opera arias ou Somnambula de Natalie Dessay