Le même jour que les Victoires de la Musique Classique mais avec une courte longueur d’avance, Forum Opéra annonce les vainqueurs de ses trophées 2009 : l’Arabella de Platine qui couronne l’artiste du monde lyrique ayant exercé durant l’année passée le rôle le plus positif et l’Ortrud de cristal qui, lui, stigmatise la personnalité la plus agaçante.
ARABELLA DE PLATINE : Jonas Kaufmann
A chaque époque, ses ténors. La nôtre, toujours plus pressée, en consomme un tous les deux ans. C’est Jonas Kaufmann qui depuis quelques mois supplante les Cura, Alagna et Villazon d’autrefois : une capacité à tout chanter ou presque : l’allemand, sa langue naturelle, mais aussi l’italien et le français qu’il ombre de couleurs inhabituelles, ce que le public semble adorer. Un timbre légèrement voilé qui participe au mystère, une émission égale, une longueur confortable, l’aigu suffisamment affirmé pour délivrer quelques notes élevées à faire se pâmer les cœurs sensibles, de la réserve qui lui tient lieu d’élégance, et pour ne rien déranger, une gueule d’amour. Au disque, Sehnsucht a peu ou prou tenu les promesses de Romantic Arias, son premier récital chez Decca. Sur scène, le beau ténébreux va de succès en triomphe. Incapable de résister, la rédaction de Forum Opéra lui décerne son Arabella de platine 2009. Son Werther acclamé à Paris par la critique et le public semble continuer de lui donner raison. Christophe Rizoud
ORTRUD DE CRISTAL : Philippe Jaroussky
C’est ce qu’on appelle un dommage collatéral. Car, rien chez Philippe Jaroussky ne le prédestinait à recevoir l’Ortrud de cristal 2009. Au contraire : un timbre unique servi par une musicalité hors pair et une personnalité attachante qui, l’année passée encore, ont fait merveille. Opium, son récital de mélodies françaises, est un de ces enregistrements dont on le parfum continue d’entêter longtemps après l’avoir respiré et sa compilation airs oubliés de Johann Christian Bach, La dolce fiamma, même si elle a moins convaincu, recèle quelques trésors. Oui mais voilà, en même temps, qu’il rendait hommage au dernier fils de Johann Sebastian, Philippe Jaroussky s’engouffrait dans la brèche ouverte ad nauseam par Cecilia Bartoli, celle des castrats. Un sacrifice à la mode qu’une partie de la rédaction, contre l’avis de l’autre, a voulu sanctionner. Christophe Rizoud
Revoir le palmarès des éditions précédentes