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Hommage à Léopold Simoneau

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Nécrologie
5 septembre 2006

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Le décès de Léopold Simoneau, ténor mozartien par excellence, remet en mémoire les qualités qu’il possédait pour atteindre son idéal. Il faut rappeler avec quelle perfection il a façonné son art en recherchant sans relâche ce qu’il y a de vrai en lui. Il l’a fait avec patience et ténacité avec courage même, puisque comme la plupart de ses compatriotes il a dû chercher loin de son pays la possibilité d’accéder à la reconnaissance. Cette intégrité mise au service de l’excellence, il nous l’a rendue sans compter, sans compromis et je dirais avec la plus sincère dévotion. 


Merci à vous Léopold Simoneau d’avoir donné du panache à Don Ottavio, une luminosité sans pareille à Tamino, la ferveur à Ferrando, la fierté à Belmonte et la noblesse à Orphée. Paris, Vienne, les festivals de Salzbourg et d’Aix-en-Provence, Chicago et New York ont connu ses succès, mais il a toujours pensé que son coin de pays méritait mieux que ces quelques représentations d’opéra données à Montréal ou à Québec dans de déplorables conditions. Il souhaitait qu’on remédie à cela et après un dernier concert à Montréal en 1970, il s’y est employé en contribuant à la création de l’Opéra du Québec au mois de février 1971 dont il devint le directeur artistique. L’expérience ne fut pas heureuse. (1)

Aussi exigeant envers ses collègues qu’envers lui-même, il comptait par dessus tout sur l’excellence de leur travail et sur leur loyauté. Voyant son honneur bafoué à l’occasion d’un conflit qui l’opposa aux administrateurs de cette institution, il choisit de s’expatrier avec son épouse Pierrette Alarie plutôt que d’accepter l’obligation de confier la direction d’une œuvre à un jeune chef qui n’avait jamais dirigé une représentation d’opéra. Privé des appuis de ceux qui auraient dû le supporter, il porta son savoir au Conservatoire de San Francisco pendant dix ans.

Son rêve de former de jeunes talents se réalisa en 1982 au Canada Opera Piccola de Victoria sur l’Ile de Vancouver. On lui confia ainsi qu’à son épouse la formation avancée d’étudiants, lui en chant, elle à la mise en scène. C’est surtout à partir de ce moment qu’il a rendu publiques ses exigences en matière d’art lyrique et sur les qualités d’un bon chanteur : vaillance, discipline, volonté, travail acharné, pureté du chant, émission libre et naturelle. Ce sont les contraintes qu’il s’est lui-même imposées et dont il a explicité les règles dans son opuscule L’Art du Bel Canto.(2) Là comme dans toutes ses autres réalisations on mesure sa profonde connaissance de l’art qu’il s’est appliqué à défendre. Comme ses deux compatriotes québécois les ténors Raoul Jobin et Richard Verreau, Léopold Simoneau a marqué l’évolution de l’art lyrique au Québec. On leur cherche maintenant des successeurs de ce registre et si l’horizon est plutôt sombre de ce côté, il faut plutôt se tourner vers Karina Gauvin et Marie-Nicole Lemieux pour poursuivre la tradition québécoise du beau chant. Ce que Léopold Simoneau recherchait dans le chant, il l’aurait sans doute trouvé chez ces deux artistes d’élite. L’héritage qu’il laisse est en tout cas révélateur des efforts qu’il a consentis pour relever à sa façon le niveau de l’art lyrique.

Réal Boucher

(1) On peut lire les dédales de cette sombre affaire dans le livre de Renée Maheux, Pierrette Alarie, Léopold Simoneau, deux voix un art, Montréal, Éditions Libre Expression, 1988

(2) Léopold Simoneau, L’Art du Bel Canto, Montréal, Éditions du Boréal, 1995.

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