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PUCCINI, Il trittico — Barcelone

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Spectacle
5 décembre 2022
Trois bravos dans le même bravo

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Trois opéras en un acte, créés au Metropolitan Opera de New York le 14 décembre 1918

Il tabarro – Livret de Giuseppe Adami d’après La Houppelande de Didier Golds

Suor Angelica – Livret de Giovacchino Forzano

Gianni Schicchi – Livret de Giovacchino Forzano d’après La Divine Comédie de Dante (Enfer, XXX)

Détails

Mise en scène

Lotte de Beer

Décors

Bernhard Hammer

Dramaturgie

Malte Krasting

Costumes

Jrorine van Beek

Lumières

Alex Brok

Il tabarro

Michele

Ambrogio Maestri

Luigi

Brandon Jovanovich

Il Tinca

Pablo García-López

Il Talpa

Valeriano Lanchas

Giorgetta

Lise Davidsen

Frugola

Mireia Pintó

Venedor de Cançons

Marc Sala

Parella Jove (soprano)

Ruth Iniesta

Parella Jove (ténor)

Iván Ayón-Rivas

Suor Angelica

Suor Angelica

Ermonela Jaho

La Princesa

Daniela Barcellona

L’Abadessa

María Luisa Corbacho

La germana zeladora

Mireia Pintó

La Mestra de les novicies

Marta Infante

Suor Genovieffa

Mercedes Gancedo

Suor Osmina

Carolina Fajardo

Suor Dolcina

Berna Perles

La germana Infermera

Laura Vila

La Novicia

Mar Morán

Conversa I cercatrice

Alexandra Zabala / Raquel Lucena / Elizabeth Maldonado / Elisabeth Gillming

Gianni Schicchi

Gianni Schicchi

Ambrogio Maestri

Lauretta

Ruth Iniesta

Zita

Daniela Barcellona

Rinuccio

Iván Ayón-Rivas

Gherardo

Marc Sala

Nella

Berna Perles

Betto di Signa

Pau Armengol

Simone

Stefano Palatchi

Marco

David Oller

La Ciesca

Mireia Pintó

Maestro Spinelloccio

Luis López Navarro

Ser Amantio Di Nicolao

Tomeu Bibiloni

Gherardino

Joy Sánchez / Clara Feliu / Conrad Font / Vega Torres

Pinellino

Miquel Rosales / Plamen Papazikov

Guccio

Gabriel Diap / Dimitar Darlev

Cor Infantil de l’Orfeó Català (Glòria Coma i Pedrals, director)

Chorus of the Gran Teatre del Liceu (Pablo Assante, director)

Symphony Orchestra of the Gran Teatre del Liceu

Direction musicale

Susanna Mälkki

Barcelone, Gran Teatre del Liceu, Samedi 3 décembre 2022, 19h

Trois œuvres – Il tabarroSuor AngelicaGianni Schicchi – dans une même œuvre pour donner à éprouver en une seule soirée trois des tonalités majeures de l’Opéra  : le tragique, le lyrique, le comique. Trente-huit rôles au total, seize d’hommes, vingt-deux de femmes. Les ambitions d’Il trittico l’empêchent de figurer au répertoire autant que sa valeur musicale l’autoriserait. Barcelone l’affiche après 35 années d’abstinence. C’est ainsi que Puccini le voulait ; c’est ainsi qu’il convient de l’apprécier, rendu à son intégrité et non comme trop souvent démembré, ses composantes appariées à d’autres titres avec lesquels elles n’entretiennent qu’un lointain rapport.

Paris dans les années 1900, un couvent au 17e siècle, la Florence médiévale… Il trittico veut donc faire successivement trembler, pleurer, rire au mépris de toute unité de lieu, de temps et d’action. Les maîtres du théâtre classique en frémiraient. il existe pourtant un dénominateur commun aux trois ouvrages : l’orchestre que Susanna Mälkki à Barcelone propulse au premier plan, rappelant combien Puccini en musicien impressionniste sait jouer des timbres et des couleurs. L’atout majeur de cette nouvelle production, s’il faut en désigner un, c’est sa direction musicale. Les forces conjuguées du Liceu – chœur et orchestre –  en soulignent la rigueur rythmique, essentielle pour que la mécanique de Gianni Schicchi ne s’enraye pas, le soin du détail lorsqu’il faut traduire par petites touches le pointillisme du Tabarro, le flux passionné qui irrigue Suor Angelica et, au-delà, la science conjointe du contraste et de l’équilibre – balayer l’échelle volumique, du pianissimo au fortissimo, en s’assurant que le flot orchestral ne submerge pas les voix.


Il tabarro © David Ruano

Et quelles voix ! Incorruptibles dans Il Tabarro – bien que Lise Davidsen (Giorgetta) soit annoncée souffrante, bien que Brandon Jovanovich (Luigi) flanche dans les dernières mesures du duo –, ténor et soprano unis dans une même vaillance surmontent les tensions de la partition, sans ne jamais renoncer au texte, ni sombrer dans un vérisme de mauvais aloi. Ambrogio Maestri écarte aussi d’un chant héroïque toute tentation grandguignolesque. Tracé d’une ligne longue et sûre, son Michele se caractérise par une sobriété admirable, entre tendresse avortée, rage sourde et éclats de colère, tout comme deux opéras plus tard, son Gianni Schicchi parcourt un large spectre d’intentions pour offrir du madré un portrait réjouissant.


Suor Angelica © David Ruano

Suor Angelica, elle, est emplie de la présence d’Ermonela Jaho qui, fidèle à ses principes jusqu’au-boutistes, chante la religieuse  corps et âme comme si sa vie en dépendait – « Senza Mamma » évidemment couronné d’un aigu effilé, infini, et toute la scène finale dans laquelle la soprano se consume jusqu’à arracher une clameur sauvage à la salle. Auparavant, Daniele Barcellona s’est montré moins intraitable que ne veut l’usage, capable même de commisération à travers certaines inflexions, le trait juste et terrible cependant – « Espiare ! espiare » –, usant avec parcimonie des écarts de registre comme moyen d’expression. Cette Zia Principessa trouve en Zita dans Gianni Schicchi son exact contrepoint, aussi comique dans ses tentatives d’extorsion d’héritage qu’elle semblait maléfique en fossoyeuse de sa nièce. Dans ce dernier épisode du Trittico, le couple formé par Lauretta et Rinuccio s’inscrit dans une logique dramatique souvent transgressée par le disque. Ruth Iniesta et Iván Ayón-Rivas ne sont pas de grandes voix surdistribuées dans des rôles secondaires mais de jeunes chanteurs, encore fragiles, désarmants de candeur et de sincérité.

Un mot encore, parmi la longue liste des comprimari, pour Marc Sala en venditore di canzonette du Tabarro (puis Gherardo dans Gianni Schicchi) et Mercedes Gancedo en Suor Genovieffa, dont les courtes interventions apportent une  respiration lumineuse, bienvenue au sein de partitions sinon étouffantes.


Gianni Schicchi © David Ruano

Pour mieux unifier le propos scénique, Lotte De Beer opte pour un décor unique – cylindres emboîtés qui forment un tunnel dans lequel se débattent les personnages des trois opéras, comme pris dans une turbine infernale. Les costumes font office de marqueur temporel. Quelques accessoires aident à camper les situations. Des sorties intelligemment aménagées dans le sol, sur les côtés ou en fond de scène fluidifient le mouvement, réglé au cordeau. Toute en ombre et en lumière, cette approche prend le parti de la lisibilité. La scène d’enterrement qui ouvre puis conclut Il tabarro illustre l’intelligence de la réflexion théâtrale. En l’absence d’entracte, la transation avec Suor Angelica , qui n’a pourtant rien d’évident, intervient naturellement. La metteuse en scène s’est montrée ici plus désireuse de servir l’œuvre que de l’utiliser pour délivrer un message, fût-il universel et pétri de vertus – cf. ses Noces de Figaro en 2021 à Aix-en-Provence. Il ne devrait jamais en être autrement.

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Trois opéras en un acte, créés au Metropolitan Opera de New York le 14 décembre 1918

Il tabarro – Livret de Giuseppe Adami d’après La Houppelande de Didier Golds

Suor Angelica – Livret de Giovacchino Forzano

Gianni Schicchi – Livret de Giovacchino Forzano d’après La Divine Comédie de Dante (Enfer, XXX)

Détails

Mise en scène

Lotte de Beer

Décors

Bernhard Hammer

Dramaturgie

Malte Krasting

Costumes

Jrorine van Beek

Lumières

Alex Brok

Il tabarro

Michele

Ambrogio Maestri

Luigi

Brandon Jovanovich

Il Tinca

Pablo García-López

Il Talpa

Valeriano Lanchas

Giorgetta

Lise Davidsen

Frugola

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Marc Sala

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Ruth Iniesta

Parella Jove (ténor)

Iván Ayón-Rivas

Suor Angelica

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Ermonela Jaho

La Princesa

Daniela Barcellona

L’Abadessa

María Luisa Corbacho

La germana zeladora

Mireia Pintó

La Mestra de les novicies

Marta Infante

Suor Genovieffa

Mercedes Gancedo

Suor Osmina

Carolina Fajardo

Suor Dolcina

Berna Perles

La germana Infermera

Laura Vila

La Novicia

Mar Morán

Conversa I cercatrice

Alexandra Zabala / Raquel Lucena / Elizabeth Maldonado / Elisabeth Gillming

Gianni Schicchi

Gianni Schicchi

Ambrogio Maestri

Lauretta

Ruth Iniesta

Zita

Daniela Barcellona

Rinuccio

Iván Ayón-Rivas

Gherardo

Marc Sala

Nella

Berna Perles

Betto di Signa

Pau Armengol

Simone

Stefano Palatchi

Marco

David Oller

La Ciesca

Mireia Pintó

Maestro Spinelloccio

Luis López Navarro

Ser Amantio Di Nicolao

Tomeu Bibiloni

Gherardino

Joy Sánchez / Clara Feliu / Conrad Font / Vega Torres

Pinellino

Miquel Rosales / Plamen Papazikov

Guccio

Gabriel Diap / Dimitar Darlev

Cor Infantil de l’Orfeó Català (Glòria Coma i Pedrals, director)

Chorus of the Gran Teatre del Liceu (Pablo Assante, director)

Symphony Orchestra of the Gran Teatre del Liceu

Direction musicale

Susanna Mälkki

Barcelone, Gran Teatre del Liceu, Samedi 3 décembre 2022, 19h

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