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Katia Ledoux : « Il faut que l’opéra perde son image élitiste et redevienne un art pour tous »

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Interview
9 septembre 2024
Déjà lauréate de nombreux concours et actuellement membre de la troupe du Volksoper de Vienne, Katia Ledoux a su se faire remarquer dans le rôle de Bersi à l’occasion de la production londonienne d’Andrea Chénier (aux côtés de Jonas Kaufmann, Sondra Radvanovsky). Elle incarnera sa première Carmen, à partir du 21 septembre, au Volksoper de Vienne.

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Détails

Bonjour Katia. Peux-tu tout d’abord nous présenter brièvement ton parcours ?

Ma mère est guadeloupéenne, mon père est nantais, moi je suis née à Paris en 1990. Quand j’avais 5-6 ans, mon père a voulu créer son entreprise en Autriche, c’était au moment de l’ouverture européenne vers les anciens pays de l’est, et nous nous sommes établis là-bas. Aucun de nous ne parlait allemand au départ. Ça a été plus facile pour mon frère et moi que pour mes parents mais on a quand même eu un peu du mal. De six à douze ans, j’ai chanté dans un choeur d’enfants, le Schubert Sängerknaben, parce que les Petits Chanteurs de Vienne ne prenaient pas de filles à l’époque. En 2008, j’ai reçu le premier prix de la compétition Prima la Musica. Néanmoins, j’ai mis longtemps à m’habituer à la ville. Ma perception a changé quand Lotte de Beer a pris la direction du Volksoper de Vienne en 2022 : elle m’a exposé ses idées pour l’opéra, sa volonté de révolutionner l’institution, d’en changer les structures, d’avoir une démarche plus inclusive, pour un théâtre plus féministe, un public plus jeune, plus diversifié… En fait elle a trouvé tous les mots : ça faisait coïncider mes valeurs et toutes les visions que j’avais de la beauté de la musique. Et elle m’a proposé un contrat de rêve !

Tu as donc passé des concours très tôt.

Oui, ensuite je suis partie pour Graz en 2016 pour étudier à l’université des arts de la ville. En 2018, j’ai gagné le prix de la presse néerlandaise de l’IVC (International vocal Competition). C’est vraiment ce qui m’a lancé. Je ne m’y attendais pas. Je faisais des compétions pour apprendre à auditionner et après jusque vers 2022, à chaque fois que j’auditionnais il y avait quelqu’un pour me dire qu’il m’avait entendue à l’IVC. C’était une des premières compétitions qu’on pouvait suivre sur Internet et elle a tout de suite eu une diffusion beaucoup plus large. La finale avait lieu à ‘s-Hertogenbosch qui est une petite ville des Pays-bas mais tous les directeurs de casting que j’ai rencontrés me connaissaient de cette compétition. J’aurais bien aimé participer au Concours Voix des Outre-mer, mais les dates sont fixées assez tard et c’est très compliqué de les caler dans l’agenda alors que j’ai déjà pris des engagements par ailleurs. Chanter en Guadeloupe serait un grand rêve pour moi.

Après tu es allé à Zurich, au Studio.

En effet : j’ai postulé et quand je suis arrivé pour l’audition, les gens m’ont accueillie avec beaucoup de bienveillance car ils m’avaient déjà entendue. J’ai chanté Farnace (Mitridate), Olga (Eugène Onéguine) et l’air d’entrée de Tancredi. C’était la meilleure audition de ma vie, j’en étais presque gênée ! J’y suis resté deux saisons.

As-tu eu des difficultés à identifier ta tessiture ?

Non. Je me sens totalement comme un mezzo. Toutefois, je pense que j’ai la chance d’avoir une voix plutôt dramatique, ou qui évoluera sûrement dans le dramatique. Je me sens à l’aise en haut comme en bas. Tout le monde le voit comme ça en tout cas, mais je n’ai aucune pression à chanter le genre de rôles que je pourrais chanter plus tard, Verdi ou même Wagner (ce sera la question). Pour l’instant, c’est juste trop tôt, mais, en ce qui concerne le bas de la tessiture, je pense que je peux chanter Ulrica. Sinon, je travaille le rôle de Gertrude, la mère de Hansel et Gretel, pour le Volksoper l’année prochaine. Ça monte jusqu’au si naturel mais j’ai un do bien assuré. En fait, j’ai le grand luxe de pouvoir faire un peu ce que je veux, justement parce qu’il n’y a pas d’attentes particulières en ce moment. J’aime bien essayer des choses qui ne sont peut-être pas conventionnelle : par exemple, l’année dernière je chantais Vénus dans Orphée aux Enfers au Volksoper de Vienne. Le ténor est tombé malade et il était impossible de trouver un remplaçant. J’ai proposé de chanter aussi son rôle, de toute façon Vénus et Orphée ne chantent pas l’un avec l’autre sinon dans des ensembles : c’est comme ça que je suis devenue ténor pour un soir. A Cassel, j’avais déjà fait Siegfried, l’air de la forge, mais c’était dans une micro-production autour des questions de genre. On peut faire des choses comme ça pour s’amuser.

Quelles sont tes références dans le domaine de l’opéra, les artistes actuels ou du passé que tu apprécies, les chanteur du passé, les metteurs-en-scène…

La liste est longue ! En fait, j’adore l’art de l’opéra et j’aime les gens qui aiment l’opéra. Pourtant, je ne viens pas d’un milieu qui baignait là-dedans. Ma mère raconte que, lorsque j’avais trois ans, des amis nous avaient offert la cassette vidéo de Carmen, le film de Rosi. Je pense que c’était exactement l’âge auquel les enfants commencent à avoir des obsessions. Moi, c’était Carmen et je me suis dit : c’est ça ce que je veux faire. J’ai commencé à apprendre tout le film pour pouvoir tout chanter par-dessus, à porter les talons de ma mère et à m’habiller avec un drap, pour faire comme la vraie Carmen. C’était devenu mon obsession. J’adore Carmen et j’ai l’impression, à chaque fois que je vois cet opéra, que je revois quelque chose de nouveau. C’est vraiment difficile d’avoir une mauvaise mise en scène : c’est un opéra tellement bien écrit, tellement beau, que c’est difficile à rater. Ou alors il faut vraiment que tout soit mauvais ! Après, j’ai commencé véritablement à apprendre sur l’opéra, sur son histoire, à l’université. Auparavant, je n’avais pas beaucoup de connaissances sur le sujet. Sinon pour moi la voix idéale, c’est Shirley Verrett. J’adore aussi Brigitte Fassbaender : dans Charlotte, par exemple, elle brise sa voix pour sangloter, mais en fait, comme la phrase qui suit est parfaite, on comprend que tout est contrôlé. C’est d’une beauté… Ici, j’ai la chance d’être sur scène aussi avec des gens formidables. Tout le monde est de bonne humeur. De toute façon, je ne sais pas si c’est possible de travailler avec Pappano dans une mauvaise ambiance : c’est quelqu’un d’une immense générosité, authentiquement sympa… Même avec son gala à répéter, en plus de la préparation de la Turandot en tournée au Japon, il reste « super cool ».

Et la première fois que tu es allée à l’opéra ?

Très tard. Je pense que la première fois où je suis allé à l’opéra, je devais avoir 17, 18 ans, peut-être même 19 ans. A l’époque à Vienne, c’était trois ou quatre euros pour être aux places debout. C’était tout un cérémonial pour la file d’attente, maintenant c’est en ligne. J’adorais, c’était mon petit plaisir. J’ai découvert plein d’opéras entre la Staastsoper et la Volksoper. Là-bas, je me souviens en particulier d’une Fledermaus à pleurer de rire. Et puis, un jour c’est moi qui ai endossé le costume d’Orlofsky : c’était un moment vraiment spécial. Wozzeck m’a énormément touché également, alors que j’avais des a priori. C’est d’ailleurs général : je pense qu’il y a plein de gens qui ne vont pas à l’opéra, juste parce que ça leur fait peur, alors que si on y va avec un coeur ouvert, il n’y a pas de possibilité de ne pas être touché, sauf si c’est une production ratée bien sûr. C’est un art qui va directement au coeur, à l’âme. J’avais aussi des très gros préjugés sur Wagner et en 2018, quand j’ai gagné le prix Bayreuth, je me suis vu offrir un séjour d’une semaine à Bayreuth et des places pour trois représentations. J’avoue que j’y suis allé un peu à reculons. Le premier opéra, c’était Lohengrin : le moment où la lumière s’est éteint… je n’ai même pas de mots. Après, j’ai vu le Fliegende Holländer et après Parsifal. J’ai essayé de lire le résumé, je n’accrochais pas du tout, et le jour du spectacle, à la fin j’étais en larmes.

Avec quels répertoires as-tu le plus d’affinités ?

J’ai de très grands coups de coeur dans le baroque, tout ce qui est avant Haydn, en particulier Monteverdi. J’ai l’impression que toutes les discussions qu’on peut avoir aujourd’hui sur le rôle de la femme dans les films, c’était déjà traité par les compositeurs baroques. Dans L’Incoronazione di Poppea, il y a des femmes fragiles, des femmes fortes, des méchantes, des gentilles… un éventail de personnages fantastique. Chez Haendel aussi, notamment avec Giulio Cesare. Toute la période suivante, Haydn, Mozart… il y a des belles choses mais ça me parle moins.

Tu as une opinion très tranchée sur La Flûte enchantée !

Je pourrais en parler pendant des heures. Mon plus gros problème, c’est que c’est souvent joué comme un opéra pour enfants, or ce n’est pas un opéra pour enfant. Rien qu’au niveau du livret : un homme kidnappe sa fille parce qu’il considère qu’une femme seule ne peut pas élever un enfant, Monostatos qui, parce qu’il est noir, est trop laid pour être aimé de jour et est obligé d’embrasser Pamina pendant qu’elle dort…

Et après Mozart ?

Je connais encore insuffisamment les ouvrages ultérieurs: c’est une période que je commence à découvrir. Je trouve les comédies de Rossini très drôles mais je suis exigeante au niveau de la mise en scène : Rossini est extrêmement clair et précis dans son humour, et si le metteur en scène passe à côté, je suis frustrée. Isabella, Tancredi sont des rôles qui me conviennent. Je n’aborde pas Verdi pour l’instant mais ça viendra. Dans l’opéra français, Carmen bien sûr, Dalila j’espère Charlotte un jour… et puis le baroque français : j’ai adoré être Junon dans Platée à Zurich avec Emmanuelle Haïm, ce qui était idéal pour moi pour découvrir cet univers. C’est un ouvrage à la fois drôle, et touchant quand on y réfléchit. J’aimerais découvrir Lully. J’ai fait Madame de Croissy dans Les Dialogues des carmélites mais mon agent m’a dit : « C’était très bien, mais attends 50 ans avant de recommencer ! ». C’est quand même dommage qu’on ne donne jamais ce rôle à une jeune chanteuse. J’ai aussi fait Geneviève (Pelléas et Mélisande) à Amsterdam. J’ai commencé les premières répétitions et puis Stéphane Denève est arrivé et il est tellement amoureux de cette oeuvre qu’il a su communiquer cet amour de la partition. En plus, l’orchestre du Concertgebouw est un orchestre de rêve. C’était mon premier rôle : à chaque fois que Golaud tombait à genoux, mon coeur se brisait complètement, j’avais envie de le prendre dans mes bras, mais il fallait rester stoïque !

Y-a-t-il des rôles qui tu aimerais chanter mais dont tu considères qu’ils ne seront jamais pour toi ?

J’aimerais éventuellement chanter des coloratures comme « Glitter and be gay » dans Candide, ou le rôle-titre de Don Giovanni. Après tout, je suis mezzo, donc j’ai l’habitude de porter des pantalons ! C’est un rôle qui me parle beaucoup mais il faut convaincre un théâtre qu’on peut faire quelque chose de différent. Sinon Serena dans Porgy and Bess : un rôle tellement touchant.

Mais préfères-tu la comédie ou la tragédie ?

J’adore les deux. J’aime faire sentir, j’aime les sentiments, faire passer des émotions fortes : faire rire les gens ou les amener au bord des larmes. C’est la force de la musique : c’est flagrant dans le cinéma. Un film avec une mauvaise bande originale, ça ne fonctionne pas. La musique a un effet très manipulateur en fait. Et ça peut être aussi très dangereux. J’ai chanté dans La Fille du régiment, un autre rôle de rêve, mais Sulpice (le sergent) pas Marie, dans le cadre d’un festival d’opéras pour enfants en Autriche. On avait ensuite fait des discussions avec une classe de primaire, et les enfants, qui avaient dans les six ans, disaient « C’est trop bien d’être militaire ! ». Ils étaient tous devenus fans de l’armée après avoir vu l’opéra. Ce qui pose la question de l’approche de certains ouvrages J’ai tout à coup réalisé à ce moment-là qu’il était important de réfléchir avant d’accepter un projet, d’en savoir un peu plus sur la dramaturgie. Ce n’est pas que pour moi : je transporte un message et ce message touche un public. Si à la fin d’une Carmen, la seule chose que le public retient, c’est qu’il faut plaindre Don José, c’est pour moi un problème. Si à la fin de La Flûte enchantée, les gens retiennent que Monostatos est moche parce qu’il est noir, cela me pose un problème aussi bien sûr, ça devrait en poser un au public, et c’est surtout intolérable envers le public diversifié. J’ai envie d’inclure toutes les personnes du public avec moi et leur communiquer un message que j’ai moi aussi envie de transporter.

Comment vois-tu le rôle du chanteur dans un opéra ?

Sur scène je me vois davantage comme un instrument que comme un interprète : il y a le compositeur, le librettiste, le metteur en scène, le chef, qui ont chacun ou chacune un message à faire passer. Et il faut que je trouve comment mon rôle à moi dans la production : ce rôle, c’est de traduire ces quatre messages et d’en faire un. C’est mon seul et unique but. Quand je fais du lied, c’est différent : là, je suis vraiment une interprète. C’est moi qui choisit quelle émotion je veux faire ressentir, quelle phrase je veux faire ressortir : c’est différent.

Et en ce qui concerne l’opéra contemporain ?

Je trouve que ces dernières années il y a des opéras très intéressants qui sont sortis, notamment ceux de Kaija Saariaho, Innocence par exemple, ou Fire Shut Up in My Bones de Terence Blanchard.

Katia Ledoux en Bersi, Andrea Chénier, Londres © ROH 2024 Marc Brenner

Dans un article sur le site de l’Opéra de Zurich, tu affiches des opinions très tranchées sur le racisme à l’opéra et sur la discrimination en général : peux-tu nous résumer ta position ?

Je pense que l’opéra, c’est pour tout le monde. Cet art a une image compliquée dans la tête de beaucoup de gens : ils pensent que c’est un art très élitiste et réservé à une certaine partie de la population, peut-être même que c’est seulement pour les blancs bien éduqués. Et je pense que ce n’est pas le cas du tout. A mon sens, l’opéra est un art qui peut absolument plaire à la majorité des publics. Mais pour que l’opéra puisse toucher un large panel musical, comme ce devrait être le cas, il y a des changements à lancer. Beaucoup sont déjà en cours. Qu’on appelle ca « décolonialiser l’opéra » ou « rajeunir le public de l’opéra », l’idée c’est qu’il faut en tout cas que l’opéra perde cette image élitiste et redevienne un art pour tous. Depuis la pandémie il y a eu beaucoup de mouvements pour populariser l’opéra. Le public de la Volksoper par exemple est particulièrement mixte, même par rapport à celui du Royal Opera alors que Londres est pourtant une ville beaucoup plus cosmopolite que Vienne. Ces deux dernières années, la Volksoper a véritablement changé son concept pour devenir plus attractif pour des tranches de population qui, avant, n’allaient pas du tout à l’opéra. Et je trouve ça passionnant parce que tout à coup, on a un public qui reflète véritablement la société, qui reflète la ville où on vit. « Volksoper », littéralement, c’est « l’opéra du peuple ». L’opéra est un art qui coûte cher à être produit, tout le monde y contribue plus ou moins par ses impôts, c’est normal qu’un maximum de gens puissent en profiter. L’opéra est beaucoup plus accessible qu’on le pense. Il faut aller chercher ce nouveau public composé de différentes communautés, différentes classes sociales… par exemple en utilisant les réseaux sociaux. Plusieurs maisons ont compris comment faire. Et puis il faut que les artistes sur scène reflètent cette diversité de population, pour que les gens puissent s’identifier, se projeter : si les chanteurs sont tous des cinquantenaires blancs, c’est plus difficile… Il faut que ce soit un miroir de de la société. Je reviens à la Flûte : si un enfant noir assiste à une représentation au cours de laquelle Monostatos est dépeint en tant que violent agresseur, ridiculisé parce que noir et sans autres caractères positifs avec lequel cet enfant pourrait s’identifier, quelle image pourrait-il avoir de lui-même par rapport au reste de ces camarades? Pourquoi une petite fille blanche peut se représenter en tant que princesse ou reine et un petit garçon noir ne pourrait se projeter qu’en tant qu’agresseur dans de l’univers poétique de l’opéra ? Une telle représentation sociale ne donne pas envie d’adopter cet art !

Il y a une expérience de discrimination involontaire que tu racontes dans cet article et qui m’a beaucoup amusée…

L’opéra est un milieu où les personnes queer (homosexuelles, transsexuelles, non-binaires, etc…) sont nombreuses : pourtant pendant longtemps, on m’avait demandé d’être discrète sur mes inclinations personnelles. Dans l’interview dont tu parles, j’évoque une production où un chanteur masculin avait été applaudi pour son « courage » d’avoir accepté d’embrasser un autre chanteur masculin. Dans un contexte aussi queer qu’est l’opéra, je trouve ça très déplacé : personne ne songerait à me congratuler quand je dois embrasser un homme, ça fait partie du boulot. C’est la même chose si un Don Giovanni est gay en privé : il ne va pas recevoir une ovation pour avoir flirté avec une femme sur scène. Mais par contre pour un hétéro ce serait super spécial d’embrasser un autre hétéro ? Je trouve ça un peu ridicule.

As-tu d’autres passions que l’opéra ?

Pas vraiment. C’est peut-être un peu triste à dire mais je n’ai pas vraiment le temps d’avoir d’autres passions. Et pour moi ça me va bien comme ça: J’ai la vie de rêve que je voulais. Je voyage tout le temps, ce que j’adore, même si c’est extrêmement fatigant. J’ai des relations extrêmement fortes avec mes collègues : pendant six semaines, on est ensemble, on parle de la vie, de la mort, de l’amour, de sexe, de la religion, de la politique… ce sont les thèmes les plus émotionnants pour nous aussi. Ça nous fait quelque chose de chanter ce genre de choses. Et après six semaines, ou peut être huit, on part tous, éparpillés de part le monde, et on ne se voit peut-être plus jamais, ou alors dans une production complètement différente. C’est vraiment très bizarre comme métier mais j’adore. C’est une intensité de la vie qui me convient parfaitement.

Écoutes-tu d’autre style de musique ?

Oui, j’écoute beaucoup de zouk, reggaetón, afro-beats (1), de la pop comme Lady Gaga : de la musique très mainstream. Sinon, souvent quand j’ai mes écouteurs, je reste en mode « silence ». Et quand j’écoute de la musique , ce n’est pas pour travailler, c’est juste pour me laver le cerveau et me vider la tête.

Des projets en France ?

J’ai auditionné pour la troupe de Bastille et pour l’académie mais ça n’a rien donné. Aujourd’hui, je n’ai aucun projet en France.

Tu es d’origine guadeloupéenne, née à Paris ; tu as grandis en Autriche où tu as étudié ; tu es restée en troupe en Suisse avant de revenir en Autriche ; ce soir tu es à Londres. Qu’est-ce que tu définirais comme ton « chez toi » ?

Mes parents sont toujours en Autriche. Je pense que mon « chez moi » ce sera quand je trouverai la personne avec qui je construis ma vie, et qui arrivera à suivre ce rythme. Mais c’est vrai que c’est bizarre d’épouser une chanteuse d’opéra : je ne recommande pas, je pense que c’est assez compliqué. Sinon, j’adore Zurich et Amsterdam. Le public de l’opéra de Vienne est également extrêmement chaleureux.

Merci pour le temps accordé à cette interview et à bientôt pour de nouvelles aventures !

Londres, Royal Opera House, le 4 juin 2024.

Parmi les nombreux spectacles dans lesquels on pourra retrouver Katia Ledoux la saison prochaine, signalons en particulier, outre sa Carmen viennoise (chantée en français mais avec des dialogues en allemand, dans une mise en scène de Lotte de Beer), la Messagiera dans Le Lacrime di Eros, pastiche baroque donné au Dutch National Opera (Amsterdam) sous la direction de Raphaël Pichon dans une production de Romeo Castellucci, et la reprise de Jezibaba dans Rusalka à la Staatsoper de Stuttgart.

  1. Ne me demandez pas : je ne sais pas ce que c'est.

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