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HAYDN, Die Schöpfung — Paris (Philharmonie)

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Spectacle
16 mai 2018
Et factus est Christie

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Oratorio en trois parties, livret de Gottfried van Swieten

Créé à Vienne le 30 avril 1798

Détails

Hugo Hymas, ténor

Sandrine Piau, soprano

Alex Rosen, basse

Orchestre et choeur Les Arts Florissants

Direction musicale

William Christie

Philharmonie de Paris,

16 mai 2018, 20h30

Il est peu d’œuvres aussi fascinantes que La Création de Haydn ; peu d’œuvres également qui osent aborder le mystère immense des origines du monde. Mais lorsque William Christie apparaît sur la scène de la Philharmonie – chaussettes rouges et mocassins vernis aux pieds ! –, il semble déjà connaître les plans divins. Il construit l’oratorio avec une intelligence rare : l’introduction, tout en intimité et en mystère, ne cède pas la place à un fortissimo détonnant lorsque la lumière apparaît (récitatif et chœur « Am Anfang schuf Gott »). Le chef préfère soigner sa narration : chaque partie obéit alors à un crescendo méthodique, qui trouve son apothéose dans le chœur final et un « Amen » retentissant. Voici que William Christie se fait démiurge : il dirige d’une main de maître les forces en présence et donne forme, à sa guise, à l’univers.

Il trouve en ses solistes des partenaires idéaux. Alex Rosen, incarnant Raphaël, est le premier à prendre la parole. Œil vif, balayant la salle d’un regard assuré, il est un narrateur hors-pair. Déjà dans les récitatifs on apprécie son timbre pur, ne cédant pas à la tentation de grossir une voix grave et pourtant lumineuse. Mais les airs lui offrent la possibilité d’exhiber avec un plaisir insolent – et non dissimulé – une aisance absolue. De l’extrême grave (le fa vrombissant du « Nun scheint in vollem Glanze » !) à la voix de tête (très belle, dans le trio « Vollendet ist das große Werk »), du pianissimo au forte, Alex Rosen est en pleine possession de ses moyens.

Le jeune ténor anglais Hugo Hymas n’est pas en reste : la voix est d’une rondeur chaleureuse, sans aucune tension, et parfois teintée de mélancolie, comme dans le superbe « Mit Würd’ und Hoheit angetan », qui demeure l’un des temps forts de la soirée. Chaque mot y est goûté, comme si c’était le soliste lui-même qui le choisissait. A cela s’ajoutent un engagement physique permanent et une présence intense qui en font un Uriel d’une grande richesse, jamais en retrait dans les ensembles, et beau contrepoint à un Raphaël plus démonstratif.

Sandrine Piau enfin, plus connue du grand public, séduit par sa diction claire et franche. La voix n’est certes pas très ronde, mais son énonciation est puissante dans les récitatifs. Dans les airs, elle fait preuve d’une virtuosité sans ostentation : les trilles du « Auf starkem Fittige » et le contre-ut du « Mit Staunen sieht das Wunderwerk » semblent d’une facilité étonnante. Dans la troisième partie, chantant Eve auprès de l’Adam d’Alex Rosen, le timbre s’enrichit et le couple nous offre des duos d’une harmonie parfaite. Quel plaisir surtout – et cela concerne les trois chanteurs ! – de comprendre chaque mot prononcé, dans un allemand sans défaut !

Mais La Création ne serait rien sans ses chœurs. Ici, les différents pupitres impressionnent par leur homogénéité. En réalité, il semble souvent que tous les chanteurs parlent d’une seule voix. Même dans les fugues les plus complexes ils parviennent à trouver un son d’ensemble et un équilibre idéal. On admire également la précision des consonnes, prononcées avec une simultanéité inédite. Un détail certes, mais qui est la marque des grands chœurs.

Quant à l’orchestre, difficile de trouver à redire. Les violons sont d’une clarté digne des meilleurs ensembles viennois, et toujours réactifs aux tempi rapides de William Christie. Mais ce sont les vents qui tirent leur épingle du jeu. Malgré quelques inexactitudes dans l’introduction, ils s’imposent à chaque solo qui leur est confié. Le souffle des vents planait sur les levers de soleil des récitatifs « Und Gott sprach : Es sei’n Lichter… » et « Aus Rosenwolken », moments d’une grâce infinie. Au-delà d’une peinture pittoresque de la terre et de ses habitants, Haydn nous livre un oratorio profond, habité, tout entier voué à la gloire de Dieu, mais aussi – et surtout ? – de l’homme. La direction de William Christie, en grand architecte de cette soirée, n’est que clarté. Fiat lux ? Et factus est Christie.

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Oratorio en trois parties, livret de Gottfried van Swieten

Créé à Vienne le 30 avril 1798

Détails

Hugo Hymas, ténor

Sandrine Piau, soprano

Alex Rosen, basse

Orchestre et choeur Les Arts Florissants

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William Christie

Philharmonie de Paris,

16 mai 2018, 20h30

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