Vive et rieuse, Ambroisine Bré revient le 29 mars à l’Opéra de Rennes qui a vu ses débuts professionnels au sein de l’Ensemble Mélisme(s) après une formation initiale à la Maîtrise de Sainte Anne d’Auray. Son art s’exprime désormais bien au-delà de sa Bretagne natale, notamment à l’Opéra de Limoges en mai prochain pour la Cendrillon de Massenet où elle incarnera Dorothée.
Mon meilleur souvenir dans une salle d’opéra ?
Pour être honnête, je vais rarement à l’opéra, je préfère aller voir des ballets ou des pièces de théâtre. En général, lorsque je vais à l’opéra c’est pour écouter des amis. Le dernier en date, La Périchole d’Offenbach dans la mise en scène de Laurent Pelly au TCE. L’excellence du Cast avec notamment Marina Viotti, Stanislas de Barbeyrac et Alexandre Duhamel. C’était complètement loufoque, j’ai tellement ri ! Une énergie incroyable sur scène et dans la salle.
Mon pire souvenir sur scène ?
Mon pire souvenir est un cauchemar ! J’ai rêvé qu’on me faisait monter sur scène pour chanter… Papageno ! Je devais remplacer au pied levé un ami baryton. A peine le temps de déchiffrer la première ligne de texte qu’on me pousse sur scène, je bredouille quelques « ich bin pa-pa-pa-ge-no » avant de m’arrêter sidérée devant le public. Le bide total, un grand moment de solitude… Cela a beau être dans ma tête, c’était tellement réaliste ! Je crois qu’il ne peut pas y avoir pire… (rires)
Le livre qui a changé ma vie ?
Les lettres à un jeune poète de Rilke que je relis très souvent.
Le chanteur du passé avec lequel j’aurais aimé me produire.
Ella Fiztgerald, car elle a un groove, un timbre, une façon de faire du scat, une aura flamboyante que j’admire.
Mon plus grand moment de grâce face à une œuvre d’art.
La nature, chaque jour…qui offre les tableaux les plus incroyables. J’ai un souvenir ému d’une instant passé sur une plage Bretonne avec mon chien Jazz. Contempler la mer, un paysage en constante variation, quel pied ! Bien sûr, j’aime me perdre dans les musées, contempler les marbres, les bronzes, les études de nus, le trait d’un fusain…Le lièvre de Dürer, quelle merveille ! Cependant, plus que leurs œuvres, je m’intéresse aux artistes… Ma rencontre avec Gérard Depardieu, un art de la diction, un souffle bouleversant. On a conscience d’être face a un moment rare, une beauté de l’instant qui n’est offerte qu’à ceux qui souhaitent entendre. Bouleversant !
La ville où je me sens chez moi ?
Toutes celles qui m’offrent de belles surprises culinaires et des atmosphères propices à la réflexion et à la contemplation.
La ville qui m’angoisse ?
Strasbourg. C’est une très jolie ville ou l’on mange très bien ! Cependant, lorsqu’on est en production il nous arrive d’avoir des horaires décalés, on n’a pas toujours le temps de rentrer chez nous entre deux services et le fait qu’on ne puisse pas manger à l’heure souhaitée…Ça m’angoisse ! Haha
Ce qui, dans mon pays, me rend la plus fière ?
La gastronomie !
Le metteur en scène dont je me sens le plus proche ?
Je dois dire que j’ai beaucoup aimé travailler aux côtés de David Hermann. J’apprécie sa vision des choses et la liberté cadrée qu’il nous offre. Pour l’avenir, j’aimerais beaucoup travailler auprès de Patrice Caurier et Moshe Leiser, j’ai eu la chance de faire une master-class à Royaumont avec eux et j’adore leur univers.
Mon pire souvenir avec un chef ?
Je vis essentiellement dans le présent et j’ai du mal à ouvrir les tiroirs du passé. Certains chefs ne sont pas facile d’accès mais je n’ai pas souvenir d’une mauvaise expérience. Du moins, cela m’apprend toujours quelque chose !
Le chef ou la cheffe qui m’a le plus appris ?
Christophe Rousset, je l’adore ! Je me sens très privilégiée de cette relation de confiance qui, au fil des années, m’a fait énormément grandir dans un répertoire dont je ne connaissais absolument rien et a fait évoluer mon instrument.
À part chanter, ce que j’ai dû faire de plus compliqué sur scène ?
Apprendre une chorégraphie ! (rires) Immense challenge. D’une, j’apprends lentement, et de deux, confondre sa droite et sa gauche n’arrange rien… Hahaha
Si je pouvais apprendre un instrument du jour au lendemain, lequel serait-il ?
Le violoncelle.
Un opéra dont j’aurais voulu être le créateur du rôle-titre ?
Pelléas et Mélisande
Le chanteur du passé dont l’écoute m’a le plus appris ?
J’ai beaucoup écouté Gérard Souzay dans la mélodie française : son timbre, sa diction, sa délicatesse, ses nuances… Mais également Nathalie Dessay. Un mélange d’exigence à haut degré et de fougue scénique très inspirante. Son « fun » à l’opéra m’a montré une autre facette de ce métier !
Le chanteur du présent que je trouve d’une générosité rare ?
Lisette Oropesa qui est, à mon sens, une des artistes les plus formidables actuellement. Un talent fou et une si belle personne avec laquelle je rêve de monter sur scène un jour !! (fingers crossed)
Si j’étais un personnage de Disney ?
Puisque Disney a racheté Pixar, cela me laisse plus de choix ! Mulan pour son côté guerrier et Dory – dans le monde de Némo – pour son côté tête en l’air. Si je ne vous reconnais pas ou que je vous pose mille fois la même questions …c’est normal ! Bienvenue dans ma tête !
Mon plus grand moment d’embarras ?
S’il n’y en avait qu’un seul… Ma vie est un délicieux cookie rempli de pépites qui seraient trop longues à raconter. Je confonds très facilement les gens, je vis dans un monde parallèle ou tout se mélange un peu. Mes parents m’appelaient « Tournesol », Ismaël Margain appelle ça des Ambroisinades… Avec le temps j’ai fini par en rire car j’ai bien compris qu’avec la meilleure volonté du monde, je serai toujours comme ça !
Le compositeur auquel j’ai envie de dire « mon cher, ta musique n’est pas pour moi » ?
Cher Wagner, j’adore ta musique, mais je crains de ne pas avoir l’instrument adapté…Permets-moi toutefois de m’égarer dans ton merveilleux cycle des Wesendonck Lieder. Danke !
Ma personnalité historique préférée.
Simone Veil, car elle a contribué à la libération de la femme et à leur avancée sociale ainsi qu’à la dignité humaine.
Si l’étais un Lied ou une Mélodie.
« Psyché » d’Emile Paladilhe car le texte y est d’une sensualité renversante.
Tout moi ! Haha !
Mon pire souvenir historique des 40 dernières années.
Les attentats du 13 novembre 2015, j’ai passé de nombreuses heures à m’informer sur l’actualité et j’étais profondément choquée de la façon qu’ont eu les médias de traiter l’information. Tant d’images violentes, la course au sordide, des personnes au bord de l’agonie sur les trottoirs de Paris filmées à leur insu sans qu’on cherche à les aider. La course à l’actu bien fraîche et crue…m’a définitivement écœurée du petit écran. Bien sûr, il ne faut pas ignorer la réalité, mais la dignité pour les victimes aurait pu être de mise.
Le rôle que je ne chanterai plus jamais.
Il me semble qu’il est un peu tôt pour répondre à cette question. Je n’ai jamais vraiment eu de plan de carrière et j’ai toujours été fascinée par ceux qui en ont. Personnellement, je prends mon parcours comme un cadeau, une découverte quotidienne de la magie de ce métier, je me laisse guider par les rencontres et puis j’aime être surprise. Pourquoi déjà penser à fermer des portes ?
Ma devise.
« On a qu’une vie…alors dans le doute de la deuxième, profitons de la première… » et puis, « Aide toi et le ciel t’aidera ». La vie c’est le mouvement et il est bon de provoquer les choses pour atteindre ses rêves, ne pas rester figé.