Tout ce qui brille n’est pas or. Laiton, strass, verroterie… S’ils ne sont pas fabriqués à partir de matériaux précieux, les bijoux exposés créent une illusion parfaite. Conçus par des costumiers et réalisées par des artisans d’art, ils témoignent d’un savoir-faire d’exception et illustrent le paradoxe de l’opéra : la vérité par le faux.
Un patrimoine scintillant au cœur de l’histoire lyrique
La rétrospective de 70 pièces vaut d’abord par les joyaux emblématiques qu’elle présente, dont des couronnes, diadèmes et bustiers portés par des figures légendaires de l’art lyrique et chorégraphique, comme Célestine Galli-Marié, Maria Taglioni et Sybil Sanderson. La tiare d’Esclarmonde arborée par cette dernière lors de la création de l’opéra de Massenet Salle Favart est un des clous de l’exposition.
Une large part de cette collection provient des archives de la BnF, qui conserve près de 4 000 pièces couvrant une période allant du Second Empire aux années 1950. Auparavant, les artistes se produisaient sur scène parés de leurs propres bijoux. Ce patrimoine continue de s’enrichir avec de nouvelles créations, certaines imaginées par des couturiers de renom, tel Christian Lacroix.
Broche pour Lohengrin et La Princesse lointaine, 1912 © Charles Duprat
Le rôle des bijoux dans la dramaturgie
Plus qu’un simple ornement les bijoux de scène sont essentiels à la narration théâtrale, tente de démontrer un parcours non chronologique mais thématique. Dans Faust de Gounod, les bijoux offerts par Méphistophélès précipitent la chute de Marguerite – en même temps qu’ils suscitent un des airs les plus fameux du répertoire, immortalisé par Hergé à travers le personnage de la Castafiore. C’est sans doute l’exemple le plus probant du rôle dramaturgique joué par ces joyaux. Peu de livrets d’’opéras en vérité les sollicitent explicitement. Sur scène, ils servent avant tout à signaler la condition sociale des personnages. Couronnes, colliers, mitres et armures aident alors le public à identifier les rois, princesses, papes ou guerriers.
Un dialogue entre histoire, exotisme et modernité
Les bijoux de scène reflètent aussi les grandes tendances artistiques de leur époque. Du romantisme au postmodernisme, en passant par l’égyptomanie et les influences orientales, chaque création illustre une recherche d’authenticité ou une licence poétique débridée. A ce titre, il aurait été intéressant de comparer leur représentation pour une même œuvre au fil du temps, plutôt que de multiplier les exemples.
Coiffe pour L'Africaine, 1865 © Charles Duprat
Un travail artisanal minutieux
Depuis 1972, La réalisation de ces bijoux en interne par les ateliers de l’Opéra de Paris garantit un équilibre parfait entre esthétique et fonctionnalité. Ils s’adaptent aux exigences scéniques, telles la légèreté pour les danseurs ou la résistance pour les accessoires complexes. Un film en marge de l’exposition donne la parole à ceux qui les fabriquent, rappelant qu’à l’opéra l’or est non dans la matière, mais dans la manière.
Accessible avec un billet pour le Palais Garnier, l’exposition est ouverte tous les jours de 10h à 17h, sauf les lundis et jours fériés. Plein tarif : 15 €, avec des réductions pour certains publics.