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L’étonnante « scène flottante » de Bregenz

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31 juillet 2014

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Qui n’a rêvé de se retrouver sur scène, de prendre la mesure du plateau, de jauger l’espace occupé par le public à conquérir… De nombreux théâtres traditionnels autorisent de telles visites, d’autres comme les arènes de Vérone ne peuvent le permettre en raison de la pratique de l’alternance et donc des risques techniques. À Bregenz, on est dans la même démesure, mais le plateau est accessible lors de visites guidées (sur réservation), qui permet d’aller sur la scène de plein air dont les gradins peuvent accueillir 6 980 spectateurs, et dans la salle intérieure d’opéra (1 656 places). L’ensemble du bâtiment du festival abrite sept autres salles ou espaces dont la capacité va de 1 350 à 168 sièges.


© Photo Jean-Marcel Humbert

L’appellation « scène flottante » est bien sûr impropre : il s’agit d’une « scène sur l’eau », la plus grande au monde, solidement ancrée sur plusieurs dizaines de pieux solidement enfoncés dans le fond du lac de Constance. Les impératifs techniques d’une telle installation sont multiples, d’autant que le dispositif scénique, qui nécessite plus de six mois de construction, doit durer l’espace de deux saisons. Il doit être à la fois résistant et léger, puisqu’il aura à subir des températures extrêmes allant de la neige à plus de 35°C ; il doit bien sûr être à l’épreuve de l’eau et de l’humidité, résister à des vents jusqu’à 70 km/h, et permettre enfin des changements de décor rapides et silencieux. Ce dernier pari est particulièrement étonnant pour La Flûte, où seul un très léger ronflement, à peine perceptible, marque la mise en mouvement du plateau tournant.

L’espace est immense (la scène fait 191 mètres de large), et doit donc comporter un élément fort (une raffinerie de pétrole pour Le Trouvère, un œil gigantesque pour Tosca, la statue de la Liberté pour Aïda, etc.). Pour La Flûte enchantée, le dispositif scénique conçu par Johan Engels est identique pour les représentations de 2013 et celles de 2014 (voir compte rendu). Il consiste en une tortue géante à plateau tournant, couverte d’une jungle gonflable, et le tout encadré de trois dragons-chiens à la Disney de 28 mètres de hauteur, réunis par deux passerelles suspendues de 19 et 25 mètres. Au centre, une tournette sphérique de 61 mètres de diamètre est conçue pour que s’y déploie sur une moitié, selon les besoins, 125 « brins d’herbe » gonflables de 2,70 à 6,40 mètres de haut façon Douanier Rousseau.

Autour de tout cela circulent dans l’eau des embarcations variées, un bloc de cristal dans lequel est enfermée Pamina, un bateau rappelant celui de Cléopâtre, l’œuf dans lequel apparaît Papagena, etc. Les trois dames de la nuit, montées sur des genres de ptérodactyles métalliques, sont des marionnettes gigantesques de 4,5 de haut sur 5 de long manipulées chacune par plusieurs artistes. Côté sonorisation, un ensemble unique au monde de 800 haut-parleurs permet une excellente retransmission de l’orchestre dont on voit le chef sur un écran (depuis 2006, l’orchestre est en effet à l’abri loin du plateau, ce qui permet de jouer par – presque – tous les temps), et surtout un positionnement parfait des voix des interprètes quel que soit l’endroit où ils se trouvent.

Lors de la visite des coulisses, il est particulièrement impressionnant de se trouver derrière les dragons-chiens qui sont en fait creux et contiennent tout un appareillage technique. Une fois sur la scène, on a plus l’impression d’être sur le quai d’un port ou même sur un bateau que sur une scène de théâtre, du fait de l’utilisation majoritaire du bois, et la présence de bouées de sauvetage. Les accidents sont en fait rarissimes, mais il est déjà arrivé qu’un figurant tombe à l’eau. Les dessous de la tournette de La Flûte sont particulièrement intéressants, puisqu’il s’y trouve tout le système de tuyauterie de la soufflerie qui doit, sans aucun bruit, gonfler la « jungle » d’herbes géantes. C’est également dans les arrières de la scène que sont stockés tous les éléments qui doivent servir pendant le spectacle, les esquifs navigant autour de la scène centrale, ainsi que les diverses marionnettes.

Cette année voit le départ de David Pountney, directeur artistique du festival pendant 10 années (2005-2014), dont il faut souligner l’extraordinaire apport à ce festival qui était, jusqu’à son arrivée, demeuré plutôt local. Il a fait le pari de réalisations toujours plus spectaculaires (Le Trouvère, Tosca, Aïda, André Chénier et La Flûte) faisant venir annuellement plus de 200 000 spectateurs. Il est remplacé par Elisabeth Sobotka, jusqu’à présent directrice artistique de l’opéra de Graz, qui a programmé pour l’an prochain en extérieur le Turandot de Puccini, et dans la salle intérieure Les Contes d’Hoffmann.

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