A partir du 2 juin, la Salle Favart redonne sa chance à La Nonne sanglante, rarissime opéra de Gounod dont la résurrection scénique a eu lieu en 2008 en Allemagne.
Composition : juillet 1852 à juillet 1853
Création : 18 octobre 1854, à l’Académie impériale de musique
Cette année-là : Meyerbeer s’essaye à l’opéra-comique avec L’Etoile du nord, créé Salle Favart le 16 février. Le 28 février, Vilnius présente la première scénique de l’opéra Halka de Moniuszko.
Librettistes : Eugène Scribe, Casimir et Germain Delavigne
Genre : Opéra en cinq actes
Intrigue : Promise à Théobald de Luddorf, Agnès de Moldaw est éprise du frère cadet de son futur époux. Elle veut s’enfuir avec lui en profitant de l’apparition annuelle du fantôme de la Nonne sanglante, mais Rodolphe de Luddorf, croyant voir son amante déguisée, jure fidélité éternelle au spectre. La malédiction dont la Nonne est victime ne cessera qu’à la mort de son assassin, qui n’est autre que le comte de Luddorf. Réticent à tuer son père, Rodolphe veut s’exiler, mais le comte choisit de se laisser tuer dans un guet-apens destiné à son fils. La Nonne peut enfin dormir en paix, et Rodolphe épouser Agnès.
Personnages : Rodolphe, ténor ; Agnès, soprano ; la Nonne, mezzo-soprano ; le comte Luddorf, basse ; le baron Moldaw, basse ; Pierre l’Ermite, basse ; Arthur, soprano
Les créateurs : Après un passage par l’Opéra-Comique, où elle créa notamment le rôle travesti de Pygmalion, dans la Galathée de Victor Massé, la mezzo Palmyre Wertheimber avait été engagée par l’Opéra de Paris, où elle reprit le rôle de Fidès dans Le Prophète et celui de Leonor dans La Favorite. Dans La Nonne sanglante, elle avait « la fluidité du spectre, la légèreté de l’ombre, la voix creuse et fatale de l’habitant du tombeau ». Théophile Gautier était enthousiasmé par sa voix sombre qui réveillait en lui le mythe de l’hermaphrodite (en 1859, Meyerbeer transposa pour elle le rôle de Hoël, créé par le baryton Faure, dans Le Pardon de Ploërmel).
Le tube : Le duo de la Nonne et de Rodolphe, au troisième acte, pour lequel Gounod s’efforça d’inventer une musique « spectrale », un type de déclamation propre à une revenante
La scie : Les airs du page Arthur, un peu trop « opéra-comique » peut-être, mais seuls véritables airs solistes de la partition, comme ne manqua pas de le souligner la critique lors de la création.
Anecdote : Le livret, d’abord proposé à Berlioz en 1841, qui ne tarda pas à s’en désintéresser – à moins qu’il n’en ait été spolié –, passa ensuite entre les mains de grands (Halévy, Félicien David) et de moins grands compositeurs (Clapisson). Il fut même envisagé de le soumettre à Verdi
CD recommandé : unique version existante, un live capté en Allemagne en 2008 par le label CPO
DVD recommandé : Si les représentations données en juin 2018 à l’Opéra-Comique sont filmées, tous les espoirs sont permis (Vidéo en ligne sur culturebox pour une durée limitée)