Composition : de mai à août 1850
Création : 16 avril 1851 à l’Opéra de Paris / 26 juillet 1858 (version raccourcie) / 2 avril 1884 (grâce à cette version rallongée, Sapho se trouve être à la fois le premier opéra de Gounod et le dernier auquel il travailla)
Cette année-là : A Venise, le 11 mars 1851, Rigoletto entame sa longue carrière. Le 16 mai, Auber donne l’opéra-comique Zerline, ou la corbeille d’oranges.
Librettiste : Emile Augier, qui allait connaître quelques années plus tard un immense succès avec sa comédie Le Gendre de monsieur Poirier
Genre : Opéra en trois actes, remanié en deux, puis en quatre actes (en 1884, Gounod réorchestra entièrement sa partition et ajouta un troisième acte inédit)
Intrigue : Phaon est partagé entre son amour pour la courtisane Glycère et celui que lui inspire la poétesse Sapho. Lors d’un concours de récitation poétique, celle-ci a pour rival Alcée, qui tente d’inciter la populace à la rébellion par son ode à la liberté. Sapho évoque, elle, les amours de Héro et Léandre ; elle est victorieuse. Malgré tout, une conspiration se trame contre le tyran de Lesbos, et Phaon y participe. Glycère propose un marché à Sapho : soit elle dévoile le complot aux autorités, soit la poétesse quitte l’île sans Phaon. Sapho choisit la deuxième solution, d’où une querelle avec Phaon. Rejetée par son amant, elle finit par se jeter dans la mer.
Personnages : Sapho, mezzo-soprano ; Glycère, soprano ; Phaon, ténor ; Pythéas, basse ; Alcée, baryton ; Pittacus, basse ; Oenone, mezzo-soprano ; Cynégire, basse ; Cratès, ténor ; Agathon, ténor ; le grand prêtre, basse ; un berger, ténor
Les créateurs : Pauline Viardot fut davantage qu’une interprète, c’est véritablement grâce à elle que Gounod fit ses premiers pas de compositeur lyrique. Alors qu’elle venait de triompher dans Le Prophète, elle déclara à l’Opéra de Paris qu’elle ne renouvellerait son contrat qu’à condition de créer un ouvrage composé par Gounod, « un sujet court, sérieux, ayant un rôle de femme pour sujet principal ». Sa présence dans le rôle-titre rend l’œuvre désormais périlleuse à remonter, car il faut une chanteuse dont la tessiture va du sol grave au si aigu.
Le tube : compte tenu de l’ambitus hors du commun de Pauline Viardot, l’air correspondant au suicide de l’héroïne, « O ma lyre immortelle », a pu être enregistré par des sopranos (Crespin) ou des mezzos (Kozena, Garanča).
La scie : L’ode qu’interprète Alcée lors d’un concours de chant (que gagne Sapho), « O Liberté, déesse austère », sorte de Marseillaise avec quelques millénaires d’avance, est considérée par Gérard Condé comme « le morceau le plus faible de l’œuvre »
Anecdote : La censure se montra très sévère envers le livret, car elle jugeait subversif l’air d’Alcée : « Tremblez, tyrans forgeurs de chaînes ! / Mangeurs de peuple, pâlissez ! /Du sang qui coule dans nos veines / Monstres si longtemps engraissés ». Même sur un texte modifié, ces couplets durent être retirés car ils rappelaient vraiment trop l’hymne mis en musique par Rouget de Lisle.
CD recommandé : Sans doute indisponible, à part sur YouTube, un concert donné en 1979 offre le luxe d’Alain Vanzo en Phaon et la Sapho convaincante de Katherine Ciesinski.
DVD recommandé : Rien de rien, et ce n’est pas près de s’arranger, vu le désintérêt dont pâtit l’œuvre en question.