Tout a commencé en 2015 à Venise. L’association de mélomanes Musica a Palazzo, rêvait depuis longtemps de voir des opéras représentés dans des lieux historiques prestigieux où l’action des œuvres aurait pu se dérouler. C’est le sublime Palais Barbarigo Minotto, au bord du Grand Canal, qui a tenté l’aventure avec eux. Le succès a été immédiat. Dans ses salons, le palais peut accueillir environ 80 spectateurs et il affiche complet à chaque représentation. La Traviata, le Barbier de Séville ou Rigoletto par exemple sont ainsi représentés en version de chambre : les chanteurs sont accompagnés par un piano, un violon et un violoncelle. Le concept a conquis les spectateurs car, proches des artistes, ils se sentent mêlés à l’action. De plus le spectacle est itinérant : chaque acte est représenté dans une salle différente du Palais. Le succès a été tel que Musica a Palazzo et ses artistes ont tourné aux Etats-Unis et au Royaume Uni. Ce concept a séduit totalement Armand Cohen et Marie-Laure de Bello-Portu les fondateurs du guide « Musique et Opéra autour du monde » que les lyricomanes connaissent bien. C’est grâce à eux que le concept des vénitiens débarque à Paris sous l’appellation Opera a Palazzo. Il leur a paru évident de commencer par La Traviata de Verdi, dont l’action se passe à Paris. Ils ont alors été accueillis les bras ouverts par l’administratrice de la fondation Dosne-Thiers, Sandrine Arnold Folpini, dans le magnifique Hôtel de la place St Georges, au sein du quartier du romantisme parisien. Grande mélomane, elle accueille d’ailleurs régulièrement des concerts de musique de chambre dans les salons de cet hôtel légué à l’Institut de France. C’est le cadre idéal pour des représentations de La Traviata de Verdi.
Contrairement au concept italien qui fait appel à des chanteurs chevronnés et souvent en fin de carrière, Opera a Palazzo en France a fait le pari des jeunes. Il y aura trois distributions qui alterneront à partir du 9 juin 2021, date de la première (douze représentations sont prévues. Voir le site opera-palazzo.com). Lors de la répétition où avaient été invités quelques journalistes la Violetta était interprétée par la soprano Emilie-Rose Bry, franco-américaine, merveilleuse de naturel, dotée d’une technique solide et au timbre lumineux. Après ses études à la Manhattan School de New York c’est en France qu’elle a rencontré son meilleur professeur. Elle chante très souvent sous la direction de Jean-Christophe Spinosi. Elle incarne une jeune et belle Violetta qui ne pouvait que séduire l’Alfredo du ténor Mathieu Septier dont la voix très italienne, aux aigus rayonnants, est idéale pour le rôle. Beau parcours que le sien : il s’est passionné pour le théâtre au sein du chœur d’enfants Sotto Voce, et c’est dans celui de l’Opéra de Paris qu’il a vraiment trouvé son professeur. Il a de plus le physique du rôle et un engagement théâtral impressionnant qui emportera l’adhésion du public. Quant à Germont il était interprété par Jiwon Song. Une grande voix, profonde et veloutée. Ils étaient accompagnés par des musiciens tous excellents eux aussi. La mise en scène a été confiée comme à Venise à Patrizia di Paolo (violoniste et pianiste de formation) qui, en cette intimité, s’attache avant tout au texte et à la musique avec cette simplicité rigoureuse qui est l’apanage des grands. Si on ajoute els costumes de l’atelier vénitien de Stefano Nicolao, voilà qui devrait enchanter un public qui aura de plus le loisir de découvrir les salons de l’Hôtel Dosne-Thiers. Et comme dans l’opéra, Violetta offrira même une coupe de champagne…