Rue des Vignes, au cœur de ce 16e arrondissement d’autant plus secret qu’il est méconnu, se cache un de ces lieux imprégnés de musique dont Paris a le secret. A l’extérieur ; façade éclairée de néons années cinquante. A l’intérieur, salon néo-renaissance aux boiseries sombres de chêne sculpté et plafond décoré de caissons peints, qui lui valent d’être inscrit sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Le Théâtre du Ranelagh fut édifié en 1893 par l’architecte Alban Chambon à la demande de Louis Mors, riche industriel mélomane. A cet endroit jusqu’en 1753, le fermier général Alexandre Joseph de La Pouplinière, mécène et ami des arts, invita chaque été Jean-Philippe Rameau. La salle fut inaugurée le 26 avril 1900 avec pour la première fois en France la version orchestrale de L’Or du Rhin. Plusieurs opéras bouffe de Claude Terrasse y furent ensuite représentés dont Chonchette récemment exhumée par la compagnie Les Brigands. Le théâtre, fermé en 1917 à la mort de Louis Mors, échappa miraculeusement à la destruction, au contraire de l’hôtel particulier impitoyablement rasé pour faire place à des immeubles. Devenu cinéma en 1931, il a retrouvé en 2005 sous l’impulsion de sa nouvelle directrice Catherine Develay une programmation théâtrale et musicale. C’est dans ce lieu chargé de notes qu’Opéra du jour fait souvent escale.
Cette compagnie, fondée en 2006 par Isabelle du Boucher, femme de théâtre et de communication, s’est donné pour objectif de promouvoir les jeunes talents et de diffuser la musique classique et lyrique auprès de toutes les générations. A cet effet sont adaptés dans un format de poche les plus grands titres du répertoire, un par an, avec une régularité toute professionnelle : Cosi fan tutte (2006), La finta giardiniera (2007), La Cenerentola (2008), L’élixir d’amour (2009), Don Giovanni (2010), Orphée aux enfers (2011), La Flûte enchantée (2012) puis de nouveau Cosi fan tutte en 2013. Cette année devrait voir le retour de Don Giovanni dans une nouvelle version du chef d’œuvre de Mozart (les mardi 2, 9 et 16 à 21h et dimanche 21 décembre 2014).
En parallèle sont régulièrement organisées des rencontres musicales. Un mardi par mois à 20h par exemple, rendez-vous est pris avec un grand compositeur : Offenbach, Verdi, Massenet… L’autre soir, le baryton Flannan Obé et la soprano Laetitia Ayrès, accompagnés au piano par Kevin Amos, expliquaient à un public venu nombreux tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Broadway. Spectacle souvent hilarant, parfois émouvant, interprété par des artistes maîtrisant parfaitement leur sujet qui se sont appliqués à démontrer plus d’une heure durant que la comédie musicale, ce n’est pas que « claquettes, paillettes et pouet pouet ». Le plus incroyable dans l’histoire c’est que ce show aussi intelligent que distrayant a été préparé pour une seule représentation. Il aurait été dommage de s’en dispenser.
Devenir membre d’Opéra du jour est évidemment le meilleur moyen de ne pas passer à côté de tels événements. La cotisation est modique (18€, 30€ pour les couples et famille, 10€ pour les moins de 25 ans). Des dons déductibles à 66% des impôts offrent la possibilité de devenir mécène sans y laisser sa chemise. Au fronton de la porte principale de son théâtre, Louis Mors avait fait écrire : « Pour moi et pour mes amis ». Opéra du jour aide la maxime à perdurer.
Plus d’informations sur www.operadujour.com.