Autrefois ténor, Matthieu Abelli a fondé Opera Musica, un concept appelé à révolutionner le monde de la musique classique et de l’opéra en mettant en relation tous ses acteurs, public compris.
Opera Musica se présente comme le réseau de l’opéra et de la musique classique, c’est-à-dire ?
Aujourd’hui nous connaissons et utilisons tous les grands réseaux sociaux qui peuvent être à vocation amicale, comme Facebook, ou professionnelle, comme Linkedin ou Viadeo. Bien qu’ils soient très utiles et parfaitement incontournables, il m’a semblé qu’aucun de ces deux types de grands réseaux sociaux généralistes n’étaient véritablement adaptés aux problématiques spécifiques du monde de l’opéra et de la musique classique.
Quelles sont ces problématiques ?
Ces problématiques, en tout cas celles-ci qui nous occupent directement, sont à peu près les mêmes que celles de nombreux secteurs. Que ce soit dans le domaine de l’immobilier, des transports, de la restauration, du cinéma, des voyages, grâce à Internet, les gens sont de plus en plus habitués à pouvoir trouver rapidement toute l’information dont ils ont besoin. Si je cherche un chanteur ou instrumentiste, dans telle ou telle zone géographique ou pour tel répertoire, ne me semblerait-il pas naturel, à l’heure du web 2.0 de pouvoir le trouver rapidement, d’avoir immédiatement un aperçu de son parcours, de pouvoir connaitre son actualité, de pouvoir en un clic le voir et l’entendre jouer ou chanter, enfin évidemment de pouvoir facilement le contacter ? De même, n’est-il pas naturel de pouvoir accéder à un espace qui rassemblerait les concerts et les opéras en fonction de mes envies, qui me permettrait de connaitre les distributions, de voir des photos, des vidéos, d’accéder aux critiques de la presse ou du public, de réserver mon billet. Voilà des situations devenues bien banales dans de nombreux domaines tant il est vrai que la technologie permet aujourd’hui d’y arriver. Or curieusement, dans le monde de l’opéra et de la musique classique, de telles solutions n’existent pas encore, du moins pas de manière entièrement satisfaisante. Mon pari c’est d’être le premier à le faire avec Opera Musica.
Qui ciblez-vous : les professionnels de la musique classique ou le grand public ?
La première étape, c’est d’offrir aux artistes des profils entièrement gratuits, construits sur le modèle d’un site personnel d’artiste, rassemblant toute l’information et les contenus les concernant. L’inscription ne prend que quelques secondes. En quelques clics, ils peuvent ensuite ajouter photos, bio, vidéos, enregistrements, mettre à jour leur actualité, renseigner leurs prochains concerts, etc. Tous les éléments peuvent être « likés » et partagés sur les autres réseaux sociaux. Ces profils sont reliés à un moteur de recherche destiné à être de plus en plus affiné, permettant de trouver des artistes partout dans le monde et selon tous les critères pertinents.
La seconde étape pour laquelle nous œuvrons aujourd’hui consiste à préparer l’accueil de tous les grands professionnels du secteur, en premier lieu les agents artistiques puis les compagnies organisatrices d’opéras et de concerts auxquels nous proposerons, au fil des prochains mois, des outils pour travailler plus efficacement. Nous allons développer toutes les interactions d’un réseau social permettant à tous les professionnels d’avoir accès rapidement à un maximum de contenus, d’être plus visibles et de mieux communiquer.
A terme, notre objectif est de rassembler non seulement l’ensemble des professionnels du secteur mais aussi tous les amateurs d’opéra et de musique classique, qui pourront à leur tour créer leurs propres profils, venir sur le site pour suivre l’actualité des artistes, interagir avec eux, écouter de la musique, mais également s’informer sur les spectacles et réserver leurs billets.
Le projet est ambitieux. De quels moyens disposez-vous pour le réaliser ?
La chance d’Opera Musica, c’est d’abord d’avoir été dès l’origine envisagé comme un véritable projet entrepreneurial. Si étonnant que cela puisse paraitre à certains, il y a un point commun évident entre mon parcours de chanteur et la construction d’un tel projet : c’est la passion, c’est-à-dire la capacité à s’engager sans retenue dans un processus de création. Cet élan et la rencontre qui s’ensuit entre les univers des nouvelles technologies et de la culture, en particulier de l’opéra et de la musique classique, a séduit énormément les personnes et institutions rencontrées au sein du tissu entrepreneurial actuel et désireuses d’accompagner le développement des start-up. Cela nous a permis d’obtenir les financements et soutiens nécessaires pour assurer notre développement. L’équipe est aujourd’hui constituée d’un bureau parisien de trois personnes et d’une petite équipe très motivée de trois ingénieurs développeurs située en Provence.
Sur quels indicateurs vous baserez-vous pour savoir si vous avez réussi votre pari ?
Au-delà des considérations économiques, fondamentales quant à notre capacité à financer nos développements, il faut comprendre qu’Opera Musica est le résultat d’une vision que j’évoquais au début de l’interview et que j’aimerais réussir à faire exister. Je suis persuadé qu’une telle plateforme est indispensable. Comme en musique ou en chant, il n’ y a jamais de fin : il y a toujours quelque chose de plus à approfondir ou à améliorer. Autant dire qu’il y a encore de quoi faire et que je n’ai aucune peur de m’ennuyer pour les mois et les années qui viennent…