L’Opéra national du Rhin, c’est avant tout un regroupement de trois villes gérées par le même syndicat intercommunal : Strasbourg, tout d’abord, où l’on crée et fabrique les productions dans les divers ateliers (décors, costumes, bottier, perruques…) ; Mulhouse, où séjournent les 33 danseurs du Ballet de l’Opéra national du Rhin, devenu en 1985 centre chorégraphique national ; et Colmar où l’Opéra Studio accueille chaque saison 8 jeunes chanteurs et deux pianistes-chefs de chant. L’Orchestre philharmonique de Strasbourg et l’Orchestre symphonique de Mulhouse se partagent les œuvres à l’affiche dans une institution où le taux de remplissage est de 90 %, dont de nombreux frontaliers et étrangers, sans oublier les 30 % de jeunes, fruit d’une politique d’ouverture entreprise depuis plusieurs décennies.
Adresse : 19 place Broglie, BP 80320, 67008 Strasbourg Cedex. En plein centre-ville, sur la Grande-Île où se situent les principaux monuments de la ville et à quelques minutes de la Cathédrale. Pendant tout le mois de décembre, le marché de Noël s’étend devant les escaliers de l’Opéra.
Institution lyrique hébergée : Opéra national du Rhin.
Site Web : www.operanationaldurhin.eu. Site en français, anglais et allemand.
Années de construction : 1804-1821 ; incendié en 1870 ; reconstruit à l’identique en 1873.
Architecte : Robin, ingénieur, sous la surveillance de l’ingénieur en chef Kastner. Décorations par l’architecte Villot.
Style architectural : Façade néoclassique en grès rose avec péristyle à colonnes ioniques surmontées de 6 statues de muses par Landolin Ohmacht.
Répertoire de prédilection : La production se veut éclectique, équilibrant répertoire classique et créations contemporaines. Depuis une trentaine d’années, l’Opéra national du Rhin produit et présente traditionnellement en ouverture de saison, une création mondiale ou française ou tout au moins une œuvre contemporaine. On peut citer notamment Prova d’orchestra et Impressions d’Afrique de Giorgio Battistelli, Tristes Tropiques de Georges Aperghis, Héloïse et Abélard d’Ahmed Essyad, The Tempest de Thomas Adès, L’Autre Côté de Bruno Mantovani, La Nuit de Gutenberg de Philippe Manoury ou Quai Ouest de Régis Campo. En septembre 2015, c’est une création mondiale de Pascal Dusapin, Penthesilea, qui verra le jour. Chaque saison offre 8 à 9 nouvelles productions d’opéra, dont un opéra dédié au jeune public, 4 ballets, 5 à 6 récitals et des concerts apéritifs…
Éducation : Le fer de lance de l’Opéra national du Rhin. Le service éducatif est particulièrement actif et l’accompagnement des scolaires se fait très en amont : des valises avec fiches et dossiers pédagogiques sont proposées aux enseignants invités à des conférences réservées pour eux. Les dossiers pédagogiques sont par ailleurs accessibles en libre service, en bonne logique, puisque nous sommes tous en droit d’apprendre… Des artistes peuvent aller intervenir directement dans les classes, sans oublier dans les quartiers difficiles ; les élèves visitent ensuite l’opéra et ses coulisses, y compris les ateliers, assistent à une classe de danse ou à la répétition d’un opéra (où ils apprennent, installés dans les galeries supérieures, à respecter le silence en étant plongés dans l’ambiance de travail) ou d’un ballet. Petit détail qui compte : l’accueil réservé aux visiteurs est toujours privilégié, y compris bien sûr quand du public est accueilli lors des répétitions. Lorsque le jeune public arrive enfin à l’Opéra le soir de la représentation, non seulement il connaît l’histoire, les lieux, les artistes mais aussi les dessous du spectacle. L’expérience est évidemment tout à fait inoubliable. En 2014-2015, 589 groupes scolaires ont ainsi été reçus à l’Opéra. De quoi former des générations d’amoureux de l’opéra et nous rassurer sur l’avenir de l’enseignement et de la pédagogie.
Une programmation spéciale à l’attention des enfants est proposée chaque année, avec un opéra qui leur est dédié. Par ailleurs, de la maternelle à l’université sans oublier les publics fragilisés (action hôpital et handicap), de nombreux projets pédagogiques ont pour visée d’ouvrir l’opéra au plus grand nombre. Enfin, depuis quelques années, l’Opéra national du Rhin a initié une collection de livres illustrés pour enfants qui accompagnent la programmation.
Avant chaque première, une conférence ou une rencontre est organisée à la Salle Blanche de la Librairie Kléber. L’accès y est bien entendu libre. Pour ceux qui n’auraient pas l’occasion d’y assister, les rencontres et conférences sont visibles en intégralité sur le site Internet de l’OnR dès les jours suivants.
Histoire : L’histoire de l’Opéra de Strasbourg est passablement complexe. Dès le rattachement à la France en 1681, la ville a disposé d’une troupe française permanente, mais trois formations cohabitent, dont une allemande et une italienne. Une troupe de Nancy et Metz donne d’ailleurs le premier opéra répertorié le 20 avril 1700. Le 21 novembre 1700, la maison de corporation des Maçons, dite le Poêle des Maçons, est détruite par un incendie. On prend la décision, en 1701, de transformer la grange d’avoine en théâtre ; le bâtiment, qui prend le nom d’Opernhaus, est situé tout près de l’actuel opéra. En 1733, on construit un deuxième théâtre pour les représentations en allemand.
Le 9 novembre 1765, Jean-Jacques Rousseau assiste à une répétition de son opéra Le Devin de village donné le lendemain. Malheureusement, le théâtre est détruit par un incendie le 31 mai 1800. C’est alors qu’un nouveau théâtre à l’italienne va être conçu entre 1804 et 1821. Dès 1819, un magasin de décors lui est accolé et l’on transforme le grenier à grains pour cet usage. Le Grenier d’Abondance est toujours utilisé aujourd’hui et abrite la salle de répétition avec une surface identique à celle de l’opéra voisin, une salle de chant ainsi que les différents ateliers). En 1870, le Bombardement des Prussiens détruit en grande partie le théâtre, à l’exception des six colonnes surmontées des statues des muses. Dès 1873, le théâtre reconstruit à l’identique devient, sous l’occupation allemande, Théâtre d’État (Alsace-Lorraine). Nommé théâtre municipal en 1876, il reçoit à l’arrière un avant-corps circulaire en 1888, accueille l’électricité en 1897, puis redevient français en le 22 novembre 1918 où Paul Bastide en prend la direction et ouvre sa saison le 8 mars 1919 avec Samson et Dalila. Depuis 1902, on avait devant le bâtiment installé une large fontaine, le Vater Rhein, montrant une allégorie du Rhin, superbe athlète dressé qui tournait le dos à l’Opéra et offrait à voir ses belles fesses nues. On raconte que les dames étaient très choquées de ce spectacle à la sortie du théâtre. Toujours est-il que la statue disparaît en 1929.
Des célébrités défilent au pupitre, avec notamment, pour la seule année 1932, Richard Strauss, Franz von Hoesslin, Josef Krips ou Herman Scherchen… Entre 1939 et 1945, le théâtre est modernisé, avec l’installation d’une scène tournante et du jeu d’orgue. En 1972, à l’initiative de Marcel Landowski, l’Opéra du Rhin (Strasbourg, Mulhouse, Colmar) voit le jour et obtient en 1998, le label Opéra national.
Premier opéra représenté : le 23 mai 1821, avec La Fausse Magie de Grétry.
Créations marquantes :
- La Bohème, 1977 (Alain Lombard, Jean-Pierre Ponnelle).
- Turandot, 1976 (Alain Lombard, Jean-Pierre Ponnelle).
- Madama Butterfly, 1982 (Yoshinori Kikuchi, Jean-Pierre Ponnelle).
- Salomé, 1994 (Dieter Dorn, Rosalie).
- Dialogues des carmélites, 1999 (Jan Latham Koenig, Marthe Keller).
- Die Zauberflöte, 2005 (Achim Freyer).
- La Belle Hélène, 2006 (Mariame Clément).
- Le Ring, 2007-2011 (David McVicar).
- Le cycle Janacek, 2009-2015 (Robert Carsen).
- Les Huguenots, 2012 (Olivier Py).
- Doctor Atomic, 2014 (Lucinda Childs).
- Ariane et Barbe-Bleue, 2015 (Olivier Py).
Meilleures places : L’idéal est de trouver une place en 1ère ou 2e galerie, de face. Les meilleures places du parterre sont au milieu de la salle, mais il ne faut pas avoir quelqu’un de trop grand devant soi, surtout pour les ballets. Rappelons que, sur les 1142 places, un certain nombre sont aveugles ou à visibilité très réduite. Au poulailler, de face, on voit surtout le lustre et bien évidemment, plus on se rapproche de la scène, moins on la voit en totalité. Cela dit, le charme et la beauté de la salle en arc de cercle à l’italienne font qu’on n’est jamais très loin des artistes, pour un volume sonore satisfaisant et une véritable sensation d’intimité.
Acoustique : Comme dans la plupart des salles à l’italienne, l’acoustique est très variable et il faut éviter les renfoncements, donc les fonds de loge ou l’arrière du parterre, sous les galeries. La 2e galerie est la plus équilibrée et harmonieuse.
Tarifs : De 5 à 90 euros, sans compter un tarif spécial pour les jeunes (6 euros avec la Carte Atout Voir, pour les 11-25 ans et la Carte Culture, pour les étudiants).
Anecdotes : Certains spectateurs ont peur d’aller assister à un opéra de Richard Strauss à Strasbourg, de peur de n’en pas voir la fin : lors d’un Rosenkavalier en 1996 où les spectateurs des soirées précédentes applaudissaient le décor au lever de rideau après l’entracte, le rideau ne s’est jamais levé sur ledit décor, parce que le chef d’orchestre était emmené d’urgence à l’hôpital suite à un malaise cardiaque heureusement non fatal. Quelques années plus tard, en 2003, au cours d’une représentation d’Arabella, le sol a tremblé avant l’entracte, au point de faire vibrer le grand lustre en bronze massif. Tout le monde était dehors en quelques minutes, sans que qui que ce soit en ait donné l’instruction. La preuve qu’un théâtre peut s’évacuer sans panique en un rien de temps…
Non loin de Strasbourg se situe la Volerie des Aigles où l’on peut admirer quelques-uns des plus beaux rapaces du monde au cours de spectacles en plein ciel. Est-ce ce qui a poussé Robert Carsen à introduire en 2013 dans De la maison des morts un aigle qui traverse la salle pour rejoindre son dresseur posté dans les loges en face ? En 1996 déjà, Alaska, un magnifique aigle Pygargue à tête blanche avait frôlé de ses ailes impressionnantes la tête des spectateurs (dont celle de votre serviteur) dans le même opéra de Janáček. De nombreux animaux se sont ainsi produits sur la scène de l’opéra : des chiens dont les bergers suisses tout blancs d’Ariane et Barbe Bleue mis en scène par Olivier Py, des paons dans Pan en 2005 pour la création mondiale de l’opéra de Marc Monnet, des chevaux, etc.
Tenue : On voit tous les styles, mais avec, disons, de la recherche. Peu de tenues de soirée ou de vraies excentricités, mais une certaine élégance, notamment pour les premières.
Vestiaire : Voilà une petite curiosité de l’Opéra de Strasbourg : pas de vestiaire, mais à chaque étage des crochets dans les couloirs avec les numéros des places. Les ouvreuses restent dans les couloirs pendant le spectacle et apparemment, pas de problèmes de vols à signaler, pas d’attente non plus à l’issue de la soirée.
Toilettes : On trouve des toilettes aux étages où il faut souvent attendre, surtout chez les dames, mais un ensemble plus important se situe au premier niveau de l’escalier dit « de l’Empereur » accessible par le hall d’entrée.
À l’entracte : On peut se désaltérer ou grignoter dans la Salle Paul Bastide, ou au Café de l’Opéra mitoyen, qui propose également un service restauration.
Le bémol : L’acoustique, dans une salle plutôt « sèche ». D’où une possible sensation de froideur, notamment pour certains récitals. Mieux vaut ne pas être installé dans le fond des loges ou aux derniers rangs de l’orchestre. Certaines places sont aveugles ou ne permettent pas de lire les surtitres. Mais la vraie frustration pour les amateurs d’opéra, c’est l’absence de productions DVD. À de rares exceptions près, dont les superbes Dialogues des carmélites mis en scène par Marthe Keller, aucune trace des pourtant mémorables productions de Jean-Pierre Ponnelle et surtout de l’extraordinaire Ring de David McVicar. Depuis plusieurs saisons, l’OnR mène une politique de captations et de diffusions sur Internet, notamment pour les productions des opéras Doctor Atomic de John Adams, L’Amico Fritz de Pietro Mascagni et Ariane et Barbe-Bleue de Dukas et des ballets Don Quichotte, Pinocchio et Die Schöpfung (diffusions sur France Musique, Culturebox, Medici tv et France 3…).
Le dièse : Une superbe salle à l’italienne à dimensions humaines offrant une vraie proximité avec les artistes, des tarifs attractifs, une programmation éclectique et ambitieuse, un public enthousiaste, une politique d’ouverture vers le jeune public et une programmation qui lui est destinée grâce à la production réalisée chaque saison par les artistes de l’Opéra Studio de l’OnR. Quant aux tarifs, ils sont quasiment imbattables, surtout pour les jeunes qui peuvent profiter de l’opéra à partir de 5 euros, une aubaine !
Accessibilité : Pas de problèmes d’accessibilité pour les fauteuils roulants et personnes à mobilité réduite. Pour les retardataires, le spectacle est diffusé sur un écran dans l’entrée avant de pouvoir rejoindre sa place à l’entracte.
Accès : Pour ceux qui aiment le train (Paris est à 2 h 15 de Strasbourg en TGV), l’Opéra est à 3 stations de tram de la gare ou une quinzaine de minutes à pied. De l’aéroport d’Entzheim, on peut rejoindre la gare en train en 10 minutes à peine. En voiture, on peut se garer notamment au parking Opéra-Broglie, à quelques mètres.
Boutique : Pas de boutique, ce qui est bien dommage, mais les programmes très documentés et complets, comportant des textes originaux et les livrets des opéras sont en vente à la Caisse, ainsi que dans l’entrée ou auprès des ouvreurs.
Où dîner à proximité ? Strasbourg compte un nombre considérable de restaurants et on peut trouver un peu de tout ; cela dit, la ville est très touristique et la qualité tout comme les prix s’en ressentent. Mieux vaut donc faire son choix au préalable sur les sites appropriés en fonction de ses goûts et de son budget, sans oublier de réserver. Attention, bien des établissements sont fermés le dimanche et beaucoup ne servent plus après 22h. On peut donc dîner au Café de l’Opéra, sur place, les jeudis, vendredis et samedis soirs jusqu’à 1h du matin, mais on peut aussi aller, un peu plus loin, à la Petite Mairie, 8 rue Brûlée, dans une rue parallèle, avec une assiette copieuse servie tard, ou encore au Coin des Pucelles, rue des Pucelles, rendez-vous des gens de théâtre. Ces deux restaurants servent une cuisine typiquement alsacienne.
Où dormir à proximité ? Le parc hôtelier strasbourgeois est très riche et on trouvera une offre correspondant à toutes les bourses sur les sites internet spécialisés. Il est néanmoins difficile de dénicher un lit dans la capitale de l’Europe au moment des sessions parlementaires, surtout si l’on s’y prend au dernier moment. On peut citer parmi les hôtels à proximité l’Hôtel de la Cathédrale, l’Hôtel de France, l’Hôtel Gutenberg, l’Hôtel Rohan… Mais il existe également des chambres d’hôtes de charme et quelques hôtels de luxe, dont le Sofitel, Régent Contades, le Régent Petite France, l’Hôtel Cour du Corbeau ou encore le Bouclier d’Or.