On ne présente plus Sabine Devieilhe, omniprésente sur scène comme au disque. En revanche, si vous pensez la connaître, jetez un œil sur ce questionnaire de Proust revisité auquel elle a bien voulu répondre entre deux représentations d’Hamlet à l’Opéra-Comique. Vous pourriez bien la découvrir sous un jour nouveau et inattendu…
Mon meilleur souvenir dans une salle d’opéra ?
La rencontre avec le public de Tourcoing, aux côtés de Jean-Claude et Renée Malgoire. J’étais encore étudiante lors de mes premiers concerts à l’Atelier lyrique de Tourcoing. En un instant, j’ai perçu la fidélité, l’enthousiasme du public et sa confiance en Jean-Claude et Renée qui les emmenaient de la St Jean de Bach à la Messe de Sainte Cécile de Manuel Garcia en leur donnant les clés de lecture nécessaires.
Mon pire souvenir dans une salle d’opéra ?
Chanter dans une salle vide devant des caméras pour un streaming. Douloureuse contradiction : « j’ai de la chance de chanter » – « comment trouver l’envie de chanter sans personne à qui directement adresser cette musique ? »
Le livre qui a changé ma vie ?
Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke, découvert (no shame) dans Sister Act 2. On y voit naître la vocation et quand je l’ai lu adolescente, j’avais l’intime conviction qu’il m’était adressé.
Le chanteur mort que je voudrais ramener à la vie pour chanter avec ?
J’aimerais chanter Lakmé avec Alfredo Kraus (je ne me refuse rien !)
Mon plus grand moment de grâce dans un musée ?
La découverte de la ville de Lecce, dans le sud de l’Italie, musée à ciel ouvert.
La ville où je me sens chez moi ?
Caen, Rennes, Paris.
La ville qui m’angoisse ?
J’ai la chance de ne pas être très angoissée depuis quelques années.
Ce qui, dans mon pays, me rend la plus fière ?
La gastronomie.
Le metteur en scène dont je me sens le plus proche ?
Mes enfants lorsqu’on joue.
Mon pire souvenir avec un chef ?
Ce genre d’anecdote ne se raconte qu’autour d’une bière, en off.
Si j’étais une symphonie ?
La 4e de Mahler.
Et une sonate ?
Le Printemps de Beethoven.
Et un quatuor à cordes ?
Les Quintes op.76 n.2 de Haydn (décidément, ces questions donnent un peu le melon !)
Sabine Devieilhe et Stéphane Degout dans Hamlet à l’Opéra-Comique © Vincent Pontet
Si je devais chanter à mes propres funérailles, quel serait le dernier extrait ?
Oh la la la ! Pitié, pas de ma voix pour mes funérailles !
Le chanteur du passé qui me rend fou ?
Chet Baker.
Le chanteur du présent qui me rend fou ?
Nadine Sierra.
Si j’étais un personnage de Harry Potter ?
On rêve tous.tes d’être Hermione, non ?
Le compositeur auquel j’ai envie de dire « mon cher, ta musique n’est pas pour moi » ?
Wagner, que j’aime entendre depuis le public.
Si j’étais un Lied ou une mélodie.
Les Ariettes oubliées de Debussy.
Mon pire souvenir historique des 30 dernières années.
Cette pandémie, dont nous avons tous hâte qu’elle soit un lointain souvenir…
Le rôle que je ne chanterai plus jamais.
Aucune idée.
Ma devise.
Prendre soin de celles et ceux que j’aime.