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Questionnaire de Proust : Valentin Tournet « Je dévore les Arsène Lupin, j’ai même appelé mon fils Arsène ! »

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Interview
25 avril 2022
Questionnaire de Proust : Valentin Tournet « Je dévore les Arsène Lupin, j’ai même appelé mon fils Arsène ! »

Infos sur l’œuvre

Détails

Après avoir enregistré des Indes Galantes bouillonnantes (c’est Forumopera.com qui le dit) et dans la foulée de la parution de ses Paladins (critique à venir), le gambiste et chef d’orchestre Valentin Tournet se livre à l’exercice du Questionnaire de Proust, sauce lyrique.


Mon meilleur souvenir dans une salle d’opéra ?
L’orage grondant au Festival de Beaune alors que nous étions en plein dans la scène de la tempête des Indes galantes de Rameau, au beau milieu de la basilique. Nos plaques de tonnerre et autres tambours figuratifs en devenaient presque superflus !

Mon pire souvenir dans une salle d’opéra ?
Une salle moquettée, trop sèche, où les chanteurs s’égosillent et ne pensent plus qu’à passer plutôt qu’à phraser.

Le livre qui a changé ma vie ?
L’affaire Lerouge d’Emile Gaboriau, le père du roman policier. Depuis, je dévore les Arsène Lupin. J’ai même appelé mon fils Arsène !
Sur le plan musical, les essais d’André Tubeuf. Philosophiques et profonds.

Le chanteur mort que je voudrais ramener à la vie pour chanter avec ?
Frank Sinatra.

Mon plus grand moment de grâce dans un musée ?
Les natures mortes à la Lubin Baugin. Sobre et puissant.

La ville où je me sens chez moi ?
Bordeaux.

La ville qui m’angoisse ?
Perpignan.

Ce qui, dans mon pays, me rend le plus fier ?
La french touch. Le maillage territorial culturel.

Le metteur en scène dont je me sens le plus proche ?
Benjamin Lazar. Le clair-obscur.

Mon pire souvenir avec un chef ?
Ceux qui dirigent la musique sacrée de manière totalement désincarnée.

Si j’étais une symphonie ?
La Fantastique de Berlioz. Sur instruments d’époque bien entendu, histoire d’avoir des cuivres qui claquent.

Et une sonate ?
Les Sonades de Couperin.

Et un quatuor à cordes ?
Vous me permettez de prendre la formation du quatuor « à la parisienne » ? Ceux de Telemann.

Si je devais chanter à mes propres funérailles, quel serait le dernier extrait ?
« Viderunt Omnes » de Pérotin, avec énergie. Seules les polyphonies du Moyen Âge ont ce pouvoir réconfortant et mystique au plus haut degré, dans toute la pureté du terme.

Le chanteur du passé qui me rend fou ?
Pas très original : Pavarotti. J’ai du mal avec les divas vibrantes.

Le chanteur du présent qui me rend fou ?
Andreas Scholl et Mark Padmore dans leurs enregistrements avec Philippe Herreweghe.

Si j’étais un personnage de Harry Potter ?
Harry Potter, je lui envie son capital sympathie.

Le compositeur auquel j’ai envie de dire « mon cher, ta musique n’est pas pour moi » ?
Mozart. Pour l’instant.

Si l’étais un Lied ou une Mélodie.
Le Chant de la Sibylle.

Mon pire souvenir historique des 30 dernières années.
J’occulte automatiquement les mauvaises périodes.

Le rôle que je ne chanterai plus jamais.
À part sous la douche, je ne m’y risque plus.

Ma devise
J’aimerais tellement répondre « Carpe Diem » mais je ne m’illusionne pas : impossible à appliquer dans notre écosystème où tout planning est calé plusieurs années à l’avance. Cependant, on peut trouver dans la projection temporelle quelque joie présente.

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