Les fruits tiennent la promesse des fleurs à l’Opéra Comique avec une saison 2009-2010 qui reproduit une nouvelle fois le cocktail salvateur imaginé par Jérôme Deschamps pour rendre à l’illustre maison son faste d’antan : une pincée de baroque, un zeste de création, de l’opéra à grand-papa et un blockbuster chargé de vitaminer le plat. Coup de projecteur.
Jérôme Deschamps dévoilait le 2 avril sa 3e saison aux commandes de l’Opéra-Comique, en compagnie de Maryvonne de Saint-Pulgent présidente du conseil d’administration, d’Olivier Manteï directeur adjoint et d’Agnès Terrier, dramaturge. Cette saison dite « de la maturité » débutera le 5 novembre avec un concert d’ouverture consacré à Berlioz, qui réunira Colin Davis et Sophie Koch et se terminera le 29 juin 2010 avec la dernière représentation de Pelléas et Mélisande de Debussy.
Cette institution parisienne a indiscutablement retrouvé sa place, tout en renforçant son image et ses missions. L’opéra-comique y tiendra donc un rôle important aux côtés du répertoire baroque pour lequel la configuration du lieu est idéale, mais également de l’opéra français et de la création contemporaine.
Ainsi Fortunio d’André Messager mis en scène par Denis Podalydès et dirigé par Louis Langrée ouvrira la saison en décembre, chaque production étant encadrée par diverses manifestations, Salomé Haller et Felicity Lott donnant dans ce cadre, des récitals. Béatrice et Bénédict de Berlioz par Dan Jemmet et Emmanuel Krivine sera proposé en février, confronté à des soirées Shakespeare, Monteverdi et Berlioz. Un vaudeville d’André-Ernest Modeste Grétry, L’amant jaloux, retentira en mars sous la houlette de Jérémie Rhorer, dans une mise en scène de Pierre-Emmanuel Rousseau (ancien assistant de Jérôme Deschamps), avec Magali Léger. A l’honneur pendant cette période, Jean de La Fontaine, Sancho Pança de François-André Danican Philidor, ainsi que Zémir et Azor de Grétry confié à Alexandra Rübner et au chef Jean-François Novelli.
Puis le Mignon d’Ambroise Thomas reprendra du service dans ce théâtre qui lui porta malheur (la première fut annulée en raison du second incendie du théâtre), dirigé par François-Xavier Roth et réglé par Jean-Louis Benoît en avril, avec dans les rôles principaux Marie Lenormand et Ismael Jordi.
Au chapitre baroque, Purcell et The fairy queen en janvier, par William Christie et Jonathan Cohen et pendant ce mois, Cendrillon de Pauline Viardot, ainsi qu’un récital de poèmes britanniques par le baryton Wolfgang Holzmair. Une création mondiale en mai, avec un opéra bouffe de Georges Aperghis Les Boulingrin d’après Courteline, par Jean Deroyer et Jérôme Deschamps, la saison se concluant par un Pelléas et Mélisande confié à Stéphane Braunschweig et conduit par John-Eliot Gardiner avec Philipp Addis, Karen Vourc’h et Marc Barrard.
A signaler également un hommage à Charles-Simon Favart, auteur dramatique, metteur en scène, directeur de troupe mort en 1792, dont on fêtera en 2010 le tricentenaire de la naissance et dont on pourra entendre La fille mal gardée et La provençale au mois d’avril.
Anna Caterina Antonacci dressera un panorama de la mélodie et du lied au tournant des XIXe et XXe siècle avec le pianiste Donald Sulzen (19 juin), Bernarda Fink et le harpiste Xavier de Maistre proposant un programme original de mélodies et d’airs français le 25 juin.
Magali Léger, Jean-Sébastien Bou et Denis Podalydès ponctuaient agréablement ce moment attendu et visiblement apprécié par le public (composé pour la plupart d’abonnés) venu nombreux.
François Lesueur