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JANACEK, Věc Makropulos — Venise

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Spectacle
23 mars 2013
337 ans, et toutes ses dents !

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Leoš Janáček (1854-1928)

Věc Makropulos
Opéra en trois actes sur un livret du compositeur d’après Karel Čapek
Créé à Brno le 18 décembre 1926

Mise en scène
Robert Carsen
Décors
Radu Boruzescu
Costume
Miruna Boruzescu
Lumières
Peter van Praet
Assistante à la mise en scène
Laurie Feldman

Emilia Marty
Ángeles Blancas Gulín
Albert Gregor
Ladislav Elgr
Il conte Hauk-Šendorf
Andreas Jäggi
Kolenatý
Enric Martínez-Castignani
Jaroslav Prus
Martin Bárta
Janek
Enrico Casari
Vítek
Leonardo Cortellazzi
Krista
Judita Nagyová

Orchestra e Coro del Teatro La Fenice
Direction musicale
Gabriele Ferro

Teatro La Fenice, Venise, samedi 23 mars 2013, 15h30

 

Il y a dans L’Affaire Makropoulos tous les ingrédients qui ont inspiré à Robert Carsen ses mises en scène les plus abouties : le voyage dans le temps, le théâtre dans le théâtre, la condition d’artiste. Imparablement, le metteur en scène canadien ne pouvait pas se rater. Le dernier air d’Emilia Marty tient de son Capriccio à Garnier ; le plateau dénudé en ouverture et final : ce sont ses Contes d’Hoffmann ; on retrouve l’apostrophe au public et le théâtre éclairé de son Don Giovanni milanais. Pour autant, pas de plaquage d’idées toutes faites, pas de logiciel a priori : Robert Carsen, si difficile que cela puisse se concevoir pour un metteur en scène du moment, s’efface derrière l’ouvrage qu’il défend. En fait saillir les grandes forces, en adoucit les arêtes, n’esquive rien du magique ni du saugrenu du drame. Et nous remémore les 337 dernières années d’Emilia Marty  que le livret passe sous silence : la scène d’ouverture qui la voit se revêtir des costumes de ses vies antérieures passe pour l’une des plus marquantes que l’univers « carsénien » nous ait offerte.
  
Distribution très internationale pour une production ayant déjà voyagé entre Strasbourg (voir notre compte rendu) et Nuremberg, ce qui n’empêche manifestement pas que se développe une belle cohésion d’ensemble. On ne saurait souhaiter autre chose dans ce type d’ouvrage qui ne laisse pas tant de place aux individualités vocales. L’Emilia Marty d’Ángeles Blancas Gulín respire le désespoir de la femme sans âge et aux amours mortes. Quelques notes excèdent peut-être légèrement la phrase de Janáček, mais s’y arrêter empêcherait le spectateur trop scrupuleux d’apprécier l’engagement d’une très belle artiste. Ligne généreuse sur toute la tessiture – pourtant délicate –, également la multitude de couleurs requises pour défendre ce phrasé tchèque si particulier. Sans doute l’une des grandes titulaires du rôle. Et l’on trépigne d’entendre Ricarda Merbeth dans ce costume l’automne prochain à Bastille. Le reste du plateau n’est pas intimidé pour autant, si ce n’est – problème de taille – le Gregor de Ladislav Elgr, par souvent en perdition dans la grande Fenice : la voix s’effrite à plusieurs reprises dans l’aigu. Andreas Jäggi propose un impayable Comte, aussi vieillard dans sa réjouissante caricature que juvénile dans sa claire vocalité. Il faut aussi distinguer le noble baryton impassible de Martin Bárta en Prus, tandis qu’Enric Martinez-Castignani est admirable de musicalité dans le rôle difficile de Kolenaty.

Plus que tout interprète, c’est bien l’orchestre qui a ici le premier rôle, dans cette si luxuriante et passionnante partition. Gabriele Ferro tend à emmener ses troupes vers le forte perpétuel : c’est dommage, tant la complexité de l’écriture de Janacek est rendue de manière transparente, liquide, par la phalange vénitienne, exempte de toute imperfection. L’équilibre avec le plateau est à deux ou trois moments rompu ; pour autant le flot mélodique de ce voyage dans le temps l’emporte sur tout le reste. Preuve qu’en Italie aujourd’hui, l’on peut encore proposer un beau et fort spectacle sans s’excuser.

 

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Détails

Leoš Janáček (1854-1928)

Věc Makropulos
Opéra en trois actes sur un livret du compositeur d’après Karel Čapek
Créé à Brno le 18 décembre 1926

Mise en scène
Robert Carsen
Décors
Radu Boruzescu
Costume
Miruna Boruzescu
Lumières
Peter van Praet
Assistante à la mise en scène
Laurie Feldman

Emilia Marty
Ángeles Blancas Gulín
Albert Gregor
Ladislav Elgr
Il conte Hauk-Šendorf
Andreas Jäggi
Kolenatý
Enric Martínez-Castignani
Jaroslav Prus
Martin Bárta
Janek
Enrico Casari
Vítek
Leonardo Cortellazzi
Krista
Judita Nagyová

Orchestra e Coro del Teatro La Fenice
Direction musicale
Gabriele Ferro

Teatro La Fenice, Venise, samedi 23 mars 2013, 15h30

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