Mardi 10 mai dernier, le public de la Philharmonie de Paris eut droit à une 3e symphonie de Mahler on ne peut plus mémorable. Une distribution idéale au service d’une musique géniale, parfaite concision de puissance, d’emphase, de douceur, de sacré, et préfiguratrice des symphonies suivantes.
Une symphonie qui exalte la nature et qui reprend les étapes de la Création : le premier mouvement symbolise les forces telluriques, le second la végétation, le troisième les animaux, le quatrième la naissance de l’homme, le cinquième les anges (chœur d’enfants et choeur de femmes) et le dernier l’amour. Un septième mouvement devait la conclure, mais servit en fait de finale à la Quatrième Symphonie.
Aussi, pour servir cette écriture si extraordinaire et nous permettre de visualiser ces images si marquées, il faut un talent certain. Nous ne fûmes donc pas en reste, Klaus Mäkelä fut prodigieux, avec une maîtrise absolue de la partition, le geste sûr, fluide, évident, permettant une conduite et un phrasé impeccables. L’orchestre philharmonique d’Oslo fut quant à lui à l’image de son chef. Une symbiose totale avec un Klaus Mäkelä incandescent, au service de l’émotion et de la précision. Mention spéciale à la corniste solo qui a jonglé entre puissance et douceur avec une rare agilité.
Jennifer Johnston, époustouflante, a fait scintiller le texte de Nietzsche par une voix parfaitement maîtrisée et une diction à faire rougir les linguistes les plus tatillons.
Et enfin, un chœur d’enfants et de femmes (chœur de femmes de l’orchestre de Paris, chœur d’enfants de l’orchestre de Paris et chœur d’enfants d’Oslo) que l’on aurait attendu plus fourni en nombre, surtout quand on connaît l’effectif total du chœur de l’orchestre de Paris. Il n’en demeure pas moins que leur prestation fut superbe, précise, engagée, avec un son parfaitement homogène et dont les timbres grâcieux se mélangent dans une élégante fluidité.