VINGT ANS AU THEATRE DU CAPITOLE
HOMMAGE A NICOLAS JOEL
ORCHESTRE NATIONAL DU CAPITOLE
CHŒUR DU CAPITOLE
Direction Du Chœur, Patrick Marie Aubert
Première partie
Direction musicale, Pinchas Steinberg
RICHARD WAGNER (1813-1883)
Les Maitres Chanteurs de Nuremberg
Prélude
« Morgenlich Leuchtend »
Robert Dean Smith
Chœur du troisième acte
« Wach Auf ! «
Tannhauser
Romance de Wolfram (acte III), « O du, meine holder Abendstern «
Ludovic Tézier
Rienzi
Scène d’Adriano (acte III), Gerechter Gott !
Sophie Koch
WOLFGANG AMADEUS MOZART (1758-1791)
L’enlèvement au sérail
Air d’Osmin (acte III), « O, wie will ich triumphieren ! »
Kurt Rydl
RICHARD STRAUSS (1864-1949)
Le Chevalier à la Rose
Trio (acte III), « Hab’ mir’s gelobst »
Martina Serafin, Anne-Catherine Gillet, Sophie Koch
Entracte
Deuxième partie
Direction musicale, Maurizio Benini
GIUSEPPE VERDI (1813-1901)
La Force du Destin
Ouverture
GIOACHINO ROSSINI (1792-1868)
L’Italienne à Alger
Air d’Isabelle (acte I), « Cruda sorte »
Marie-Nicole Lemieux
GAETANO DONIZETTI (1797-1848)
Don Pasquale
Duo de Don Pasquale et Malatesta (acte III), « Cheti, cheti immantinente »
Kurt Ryl et Ludovic Tézier
GIOACHINO ROSSINI (1792-1848)
Le barbier de Séville
Air de Basile (acte I), « La calunnia… »
Orlin Anastassov
UMBERTO GIORDANO (1867-1948)
Andrea Chénier
L’improvisation de Chénier (acte I), « Un di all’azzuro spazio »
Robert Dean Smith
GIACOMO PUCCINI ( 1858-1924)
Tosca
Air de Tosca (acte II), « Vissi d’arte »
Martina Serafin
JULES MASSENET (1842-1912)
Thais
Air de Thais (acte II), « Dis-moi que je suis belle »
Inva Mula
CHARLES GOUNOD ( 1818-1893)
Mireille
Farandole ( acte II)
Toulouse, 7 juin 2009
Autoportrait
Un autoportrait, c’est probablement la définition la plus juste du concert destiné à rendre un hommage solennel à Nicolas Joel à la veille de son départ du Capitole, et placé sous le signe d’une valeur dont son œuvre porte témoignage, la fidélité. Fidélité affirmée, dans la réponse au discours du premier magistrat accompagnant la remise de la Médaille d’or de la ville de Toulouse, quand le récipiendaire cite les noms de Michel Plasson, qui l’avait appelé dans la Ville rose, et de Dominique Baudis dont le soutien fut déterminant dans le développement de ses projets artistiques pour le théâtre.
Autoportrait parce que le programme offre une sélection des spectacles proposés depuis vingt ans, où se côtoient piliers du répertoire et ouvrages plus rares, et du même coup un panorama des gouts de Nicolas Joel. Cette somptueuse galerie de fêtes passées pourrait susciter la nostalgie, mais la beauté du spectacle vivant est qu’il superpose au souvenir le plus délicieux l’émotion de la présence réelle. Fidélité réaffirmée et réciproque, celle des artistes venus apporter leur concours, presque tous des habitués du Capitole. Pour certains, cette participation relèvera du défi impossible : Martina Serafin, naguère fascinante Maréchale, qui chantait Tosca samedi soir à Vienne, ne pourra être au rendez-vous, et Pinchas Steinberg arrivé de Berlin le samedi soir, quittera la fête à l’entracte pour y retourner.
Ainsi les conditions de la préparation n’ont pas été idéales pour obtenir la perfection du fini. Pinchas Steinberg n’a guère eu le temps de faire répéter un orchestre avec lequel, il le dit publiquement, ses relations ont rarement été faciles, et la différence était sensible dans les pages orchestrales ouvrant la première et la seconde partie, dirigée par Maurizio Benini, qui avait pu se préparer plus à loisir. Mais l’esprit de cette rencontre, loin d’être à la compétition, est à la communion, et comme les artistes présents possèdent tous une impeccable musicalité on est très vite sur les cimes.
Epoustouflants Robert Dean Smith, Ludovic Tézier et Sophie Koch, dans les extraits de Wagner, de vaillance, d’expressivité et de beauté vocale. Effleuré par le temps mais toujours aussi efficace l’Osmin de Kurt Rydl. Recréant l’enchantement des représentations, le duo Koch-Gillet en Octavian et Sophie. Conquérante l’Isabella aux moyens somptueux de Marie-Nicole Lemieux, l’étourdissante Sphinge de l’Œdipe d’Enesco. Festival de voix graves masculines avec le duo de Don Pasquale où l’ainé et le cadet rivalisent et se secondent, et le plaisir de constater que le Basile d’Orlin Anastassov, huit ans après, est chanté avec la même tenue stylistique. Emerveillement renouvelé de l’improvisaton vibrante du tènor amèricain en Andrea Chénier. Sèduction intacte des sons filès de la Thais d’Inva Mula. Et splendide conclusion avec la farandole de Mireille ; dans l’exécution brillante qu’en donnent les artistes des chœurs on ne peut douter que l’ouvrage fera une entrée triomphale au répertoire de l’Opèra de Paris.
Le programme, dont André Tubeuf avait assuré sobrement l’enchainement, était terminé, les solistes revenus en scène pour saluer, quand monta de la fosse le thème annonçant le terzetto « Soave sia il vento ». Ainsi Anne-Catherine Gillet, Marie-Nicole Lemieux et Ludovic Tézier souhaitèrent-ils bon vent à Nicolas Joel, dans la foret de mouchoirs blancs agités par ceux qui restent à quai. L’émotion était palpable ; mais l’irruption d’une endiablée musique roumaine, chère à Nicolas Joel, en détourna le cours et empêcha les vannes de crever. Jusqu’au bout cette réunion resterait conforme à une conception de l’élégance mise en acte toutes ces années, où le respect des œuvres rejoint le respect de soi et le respect d’autrui. Aussi l’extraordinaire élan de la salle à l’apparition de Nicolas Joel sur la scène, impressionnant de durée et de ferveur, était la simple expression d’une affectueuse, profonde et juste reconnaissance.
Maurice Salles
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