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BACH, Messe en Si mineur – Paris (Philharmonie)

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Spectacle
14 avril 2025
L’Orchestre de Paris vaut bien une Messe

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Soprano
Nikola Hillebrand
Mezzo-soprano
Wiebke Lehmkuhl
Ténor
Nicholas Scott
Basse
Milan Siljanov

Chœur Le Concert d’Astrée
Académie du Chœur de l’Orchestre de Paris
Chef de chœur
Richard Wilberforce

Orchestre de Paris

Direction musicale
Klaus Mäkelä

Paris, Philharmonie, le mardi 8 avril 2025, 20h

Scherchen, Klemperer, Karajan, Jochum… durant la Préhistoire, les grands noms du répertoire symphonique dirigeaient la Messe en si mineur de Bach avec autant de naturel, et aussi peu d’arrière-pensées, que s’il s’était agi du Requiem Allemand de Brahms ou du Te Deum de Bruckner. L’éclosion, puis l’explosion, des interprétations sur instruments d’époque, les approches à la fois érudites et incroyablement vivantes des Harnoncourt, des Brüggen, des Herreweghe, ont évidemment calmé les ardeurs des orchestres traditionnels et de leurs chefs à l’endroit de ce répertoire. Si pianistes et clavecinistes font cohabiter sans problème leurs visions de Bach (quelques jours avant ce concert, au même endroit, Yunchan Lim triomphait en jouant les Variations Goldberg), les chefs rompus au grand répertoire ne s’aventurent plus guère chez les aînés de Mozart ou Haydn.

C’est pourquoi il y avait de bonnes raisons d’attendre avec impatience ce que Klaus Mäkelä avait à dire dans ce répertoire. Gestes souvent mesurés mais volontiers variés, battue réfléchie qui sait néanmoins souligner les aspects les plus expressifs de l’œuvre, le jeune maestro n’affiche pas l’attitude de celui qui recule devant l’obstacle. Seulement, l’Orchestre de Paris, ce soir, ne semble pas disposé à le suivre partout où il voudra le mener. L’équilibre un peu sage qui émane du Kyrie initial peut encore passer pour du recueillement, mais dès que les dynamiques s’intensifient, dans le Christie eleison, l’impression que le chef suggère des contrastes que ses musiciens ne veulent pas assumer affleure. Elle ne nous quittera plus de la soirée.

Une heure quarante cinq d’une musique extraordinairement variée, synthèse miraculeuse que Bach réalise sur trois décennies de ses propres créations, auxquelles il ajoute, au passage, certaines de ses toutes dernières pages, mais deux tendances seulement, dans toute cette soirée : les passages les plus contemplatifs, (Et incarnatus est, Confiteor) trouvent de belles substances étales, qui flattent les couleurs de l’orchestre en soulignant la beauté des plans sonores – Qui tollis, avec ses dissonances fantomatiques, est le sommet de la soirée. Mais les (nombreux) moments de cette Messe qui appellent l’énergie, la vitalité, l’enthousiasme des interprètes, tombent souvent à plat : le Gloria, en début de soirée, semble encore prendre les choristes à froid, qui semblent moins galvanisés que bousculés par la vélocité du tempo, Quoniam souligne surtout la fébrilité du corniste dépourvu de ses pistons, et même Cum Sancto Spiritu sonne plus empressé que vigoureux. Le Chœur du Concert d’Astrée, auquel s’ajoute, à partir du Sanctus, l’Académie du Chœur de l’Orchestre de Paris, gagne pourtant en cohésion au fil du concert : Osanna in exelcis, dans un format d’une quarantaine de choristes qui nous amène très loin de toute ambition philologique, trouve paradoxalement un ton, un naturel, une authenticité qui manquaient jusqu’alors. Les bois, placés juste devant le chef, témoignaient sans doute du souci louable de ménager des moments « chambristes » et de ne pas jeter aux orties des décennies de recherche musicologique, mais c’est paradoxalement en retrouvant une monumentalité presque décomplexée que Mäkelä et l’Orchestre de Paris trouvaient leur voix dans Bach, comme pouvaient encore le faire, dans les années 1990, Carlo Maria Giulini ou Georg Solti.

Au moins les solistes mettront tout le monde d’accord : ils sont parfaits. Remplaçant Julia Kleiter, Nikola Hillebrand cache, sous un timbre clair, une projection parfaite et une agilité vocale idoine. L’impact sonore considérable de Wiebke Lehmkuhl serait presque suffisant pour marquer les auditeurs ; mais la chanteuse ajoute au volume de sa voix de beaux reflets pourpres et, dans Laudamus te, une éloquence révélant une authentique Liedersängerin. Chez les hommes, Milan Siljanov, quelque peu monolithique mais d’une solidité idéale, et Nicholas Scott, montrent également, rappel heureux et nécessaire, que la beauté sonore, l’expressivité et l’adéquation stylistique n’ont rien d’incompatible.

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Nikola Hillebrand
Mezzo-soprano
Wiebke Lehmkuhl
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Milan Siljanov

Chœur Le Concert d’Astrée
Académie du Chœur de l’Orchestre de Paris
Chef de chœur
Richard Wilberforce

Orchestre de Paris

Direction musicale
Klaus Mäkelä

Paris, Philharmonie, le mardi 8 avril 2025, 20h

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