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BEETHOVEN, Fidelio – Berlin (Deutsche Oper)

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Spectacle
28 octobre 2024
Berlin manifeste

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Opéra en deux actes
Musique de Ludwid van Beethoven
Livret de Josef Sonnleithner, Stephan von Breuning et Georg Friedrich Treitschke d’après Jean-Nicolas Bouilly
Créé le 23 mai 1814 à Vienne

Détails

Mise en scène
David Hermann
Décors et costumes
Johannes Schütz
Lumières
Ulrich Niepel

Don Fernando
Artur Garbas
Don Pizarro
Joel Allison
Florestan
Oreste Cosimo
Leonore
Jane Archibald
Rocco
Tobias Kehrer
Marzelline
Lilit Davtyan
Jaquino
Thomas Cilluffo
Erster Gefangener
John Irvin
Zweiter Gefangener
Tadeusz Milewski

Orchester der Deutschen Oper Berlin
Chor der Deutschen Oper Berlin
Chef des chœurs
Jeremy Bines
Direction musicale
Stephan Zilias

Berlin (Deutsche Oper)
Samedi 26 octobre 2024, 17h

 

Soirée militante ce jour dans la deuxième grande maison berlinoise (Deutsche Oper) et si « message » il y a, il est certes sur scène, nous y reviendrons, mais il est aussi dans les coulisses. A peine le rideau tombé sur le premier acte de Fidelio, donné ce soir-là, Tobias Kehrer, Rocco tout juste échappé de l’enfer de la prison de Pizarro, revient en effet sur l’avant-scène, micro et papier en main et lit son manifeste. Il s’agit de ce qui, à Berlin, fait l’actualité culturelle depuis fin septembre, nous en parlions dans ces colonnes il y a peu. Le gouvernement de l’Etat de Berlin entend en effet rogner entre 200 et 300 millions d’euros sur le budget culture sur les deux exercices 2025 et 2026. Depuis, le monde de la culture local est en émoi et se mobilise : immenses affiches accolées sur la façade du Berliner Ensemble, distribution de tracts à la sortie des spectacles, QR codes à scanner dans les salles de spectacles, pour renvoyer vers la pétition en ligne, qui, au moment où Kehrer faisait son annonce, avait recueilli plus de 70 000 clics. Il faut savoir qu’à Berlin, quand une pétition recueille au moins 100 000 signatures, elle peut enclancher un processus qui oblige le Sénat berlinois à l’examiner formellement.
Mais le militantisme est aussi sur scène pour la treizième représentation depuis la première en novembre 2022 de ce Fidelio que David Hermann veut lire, lui aussi, comme un véritable manifeste. Une dénonciation du monde carcéral de nos jours, et le moins qu’on puisse dire c’est que celui qui fut à 29 ans le plus jeune metteur en scène du Festival de Salzbourg (2006, Ascanio in Alba) n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il a choisi son sujet et il pilonne autant que possible pour faire passer le message. Dans le désordre : les prisons sont surpeuplées, les détenus y perdent toute identité : on les voit tous affublés d’un même masque qui leur couvre entièrement le visage et dont ils ne se départiront que pour la promenade quotidienne (chœur « O welche Lust »), les matons sont corruptibles (échange d’argent entre Rocco et Pizarro) et violents, voire meurtriers (des détenus sont achevés à coup de pistolet). Et finalement, l’essentiel est de cacher la misère sous le tapis : lorsque Don Fernando se présente pour la « visite officielle » d’une prison sans doute considérée comme modèle, entouré de gardes du corps et de conseillers chargés de faire en sorte que tout se passe bien, les prisonniers apparaissent cette fois tout endimanchés, à moins que ce soit des badauds venus pour l’occasion, on ne le saura pas.
Bref un certain nombre des clichés liés à la perception du monde carcéral sont accumulés, sans que le spectateur ait pu puiser le moindre motif de réflexion. Une sorte de lecture au premier degré, prévisible au vu de ce que nous dit Fidelio et qui, somme toute, déçoit.


© Bernd Uhlig

La salle du Deutsche Oper est immense, la scène aussi. Et pour remplir l’une et l’autre, il faut des voix adaptées et un orchestre qui leur laisse aussi la possibilité d’exister. Stephan Zilias fait de louables efforts pour que l’Orchester der Deutschen Oper ne submerge pas la scène. Il n’y parvient pas toujours. Sa direction ne rend pas une lecture très fluide de la partition ; cela est le cas dès l’ouverture (il a choisi la « Fidelio ») où il peine à discipliner ses vents et particulièrement les cuivres. Toutefois l’orchestre participera à de très beaux moments, comme l’accompagnement tout en retenue du quatuor au I (« Mir ist so wunderbar » ).
De toutes les voix présentes ce soir, seule celle du Rocco de Tobias Kehrer passe la rampe sans difficulté. Il avait été de la partie lors du Ring de Stefan Herheim in loco, chroniqué en mai dernier par Christophe Rizoud . Ce membre de la troupe possède une basse chantante rayonnante et très prometteuse, à suivre sans aucun doute. Les autres protagonistes ont malheureusement en commun d’avoir des voix mal calibrées pour l’immense volume de la salle. Cela ne leur retire nullement leurs qualités propres. Jane Archibald en Leonore ne convainc pas entièrement dans son arioso et air  « Komm Hoffnung », elle semble plus à l’aise dans les ensembles. Oreste Cosimo (Florestan) possède un superbe ténor avec un timbre très personnel et il réussit sa difficile entrée « Gott ! Welch Dunkel hier ». Joel Allison est un Pizarro retors à souhait même si la prononciation de l’allemand laisse à désirer. Il y a dans la voix de  Lilit Davtyan toute la fraîcheur qui sied à Marzelline, enfin Thomas Cilluffo en Jacquino et Artur Garbas en Don Fernando complètent le tableau sans démériter.

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Opéra en deux actes
Musique de Ludwid van Beethoven
Livret de Josef Sonnleithner, Stephan von Breuning et Georg Friedrich Treitschke d’après Jean-Nicolas Bouilly
Créé le 23 mai 1814 à Vienne

Détails

Mise en scène
David Hermann
Décors et costumes
Johannes Schütz
Lumières
Ulrich Niepel

Don Fernando
Artur Garbas
Don Pizarro
Joel Allison
Florestan
Oreste Cosimo
Leonore
Jane Archibald
Rocco
Tobias Kehrer
Marzelline
Lilit Davtyan
Jaquino
Thomas Cilluffo
Erster Gefangener
John Irvin
Zweiter Gefangener
Tadeusz Milewski

Orchester der Deutschen Oper Berlin
Chor der Deutschen Oper Berlin
Chef des chœurs
Jeremy Bines
Direction musicale
Stephan Zilias

Berlin (Deutsche Oper)
Samedi 26 octobre 2024, 17h

 

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