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BEETHOVEN, IXe symphonie avec chœur – Montpellier

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Spectacle
15 février 2024
Une bicentenaire plus jeune que jamais

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Ludwig van Beethoven

Symphonie n°9 en ré mineur, opus 125

créée le 7 mai 1824, à Vienne

Détails

Angélique Boudeville, soprano

Marion Lebègue, mezzo-soprano

Thomas Bettinger, ténor

Edward Grint, basse

 

Chœur Opéra national Motpellier Occitanie

Cheffe de chœur

Noëlle Gény

Chœur de l’Opéra de Toulon

Chef de chœur

Christophe Bernollin

Chœur de l’Opéra national du Capitole

Chef de chœur

Gabriel Bourgoin

Orchestre national Montpellier Occitanie

 

Direction musicale

Michael Schønwandt

Montpellier, Opéra Berlioz, Le Corum, 9 février 2024, 20h

 

Peu d’œuvres ayant atteint à une diffusion universelle et pérenne auront fait couler autant d’encre, ni généré une telle ferveur. Le jour où la disparition de Seiji Ozawa endeuille le monde musical, comment ne pas avoir une pensée pour ce géant de la direction ? Même si son nom n’a pas été prononcé, son souvenir planait. Le programme célébrant le bicentenaire de la création de la Neuvième aura suffi à emplir le vaste Corum d’un public fervent, qui retrouvait pour la première fois depuis son départ de Montpellier Michael Schønwandt, regretté à juste titre.

Le premier mouvement, d’un tempo très soutenu, est véhément, très beethovénien. La plénitude des pupitres, les contrastes accusés, l’agilité des cordes, tout concourt à notre bonheur. Toujours ça chante, ça articule, avec des dosages subtils qui participent à la clarté. L’énergie ne se dément jamais d’une direction attentive, vigoureuse comme lyrique. Le scherzo, pris dans le tempo le plus juste, conserve sa force initiale au fil des reprises, les progressions sont conduites avec maestria, c’est superbement construit. A signaler le respect scrupuleux des plus infimes nuances par le timbalier, sa dynamique participant à la motricité du mouvement. Le bonheur du chef et des musiciens est perceptible. Contrastant singulièrement, l’adagio molto e cantabile, très retenu, d’un lyrisme constant, au son sculpté, avec un art consommé des modulations, nous prépare au finale, attendu impatiemment, enchaîné comme il se doit. Le récitatif instrumental est conduit avec art, les phrasés des basses, exemplaires. Enfiévré, superbement contrasté, porté par un enthousiasme collectif, un chœur réactif, un quatuor de solistes de valeur, c’est l’apothéose.

Le coryphée dont la voix se fait entendre en premier (« O Freunde, nicht diese Töne… » est confié à Edward Grint, baryton-basse, surtout connu dans le répertoire baroque. Ponctuellement, l’instabilité de la voix, bien projetée, surprend dans les vocalises exposées (« angenehmere », « freudenvollere »). Cette difficulté sera oubliée ensuite. La deuxième variation, avec Thomas Bettinger, ornée, est irréprochable. Notre valeureux ténor, vaillant en diable, fait preuve d’une aisance constante. La voix est puissante et claire, bien timbrée. Le quatuor « scabreux » (écrivait Berlioz) leur associe Angélique Boudeville, soprano, Marion Lebègue, mezzo-soprano, exemplaires. Les voix de femmes, délibérément tendues par le compositeur, se sortent d’affaire sans stridence, et avec toute la projection attendue. La variation militaire qui suit est un régal, entre la petite harmonie, qui s’en donne à cœur joie, et comme signalé, une partie de ténor exemplaire. La joie – au sens le plus fort du terme – imprégnera toute la suite, enthousiasmant le public.

Le chœur, qui associe aux montpelliérains, dirigés par Noëlle Gény, les chanteurs du Capitole de Toulouse et de l’opéra de Toulon, n’appelle que des éloges (1). Précis, puissant, riche de 78 choristes qui ne font qu’un, c’est un constant bonheur. Les pupitres sont toujours équilibrés, homogènes et pleins. Là aussi, nulle stridence dans les notes aiguës, particulièrement des soprani, bien qu’émises à pleine voix. Les redoutables tenues sont assumées sans effort apparent. Tout juste pouvait-on attendre que le bref passage choral (« und der Cherub steht… »), malgré les notes détachées écrites, émette ses phrases de façon plus linéaire.

Dans sa plus grande formation (six contrebasses, et les autres pupitres à l’avenant, soit plus de 80 musiciens), l’Orchestre national Montpellier Occitanie, familier du chef, est en osmose avec sa direction toujours attentive et attentionnée. Les attaques, précises dans toutes les nuances, les suspensions, les progressions, les modelés : la perfection inspirée est au rendez-vous. A signaler que le chef articule ostensiblement tout le texte chanté, à destination des solistes comme du chœur (2).

Nulle pompe, de la grandeur, de l’éclat, de la passion. Cette lecture habitée, humble et puissante, s’inscrit dans le droit fil de la grande tradition. Les retrouvailles du chef danois avec sa seconde patrie, et son public (3) auront été un moment fort, chargé en émotion. Si sa démarche commence à accuser l’âge, celui-ci, loin d’altérer l’engagement, semble le stimuler plus que jamais. La direction captive, précise, démonstrative sans esbrouffe, avec une gestique efficace, des modelés et une conduite admirables. Un moment très fort, qui, par-delà les longues ovations finales, restera gravé dans les mémoires, sinon dans nos médias (Radio France enregistrait).

(1) Il ne semble pas que Toulouse ni Toulon aient programmé cette IXe pour autant. Dommage. 
(2) Bien que le programme de salle ait comporté le texte chanté et sa traduction, n’eût-il pas été bienvenu que celui-ci soit surtitré, compte tenu de son importance fondamentale à la transmission du message humaniste de Schiller, choisi par Beethoven, qui mérite d’être rappelé en ces temps difficiles ? 
(3) Il reviendra pour diriger la quatrième symphonie de Mahler, le 31 mai prochain.

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Ludwig van Beethoven

Symphonie n°9 en ré mineur, opus 125

créée le 7 mai 1824, à Vienne

Détails

Angélique Boudeville, soprano

Marion Lebègue, mezzo-soprano

Thomas Bettinger, ténor

Edward Grint, basse

 

Chœur Opéra national Motpellier Occitanie

Cheffe de chœur

Noëlle Gény

Chœur de l’Opéra de Toulon

Chef de chœur

Christophe Bernollin

Chœur de l’Opéra national du Capitole

Chef de chœur

Gabriel Bourgoin

Orchestre national Montpellier Occitanie

 

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Michael Schønwandt

Montpellier, Opéra Berlioz, Le Corum, 9 février 2024, 20h

 

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